Ricow, l’artiste peintre aux multiples facettes

Ricow à côté de l'une des ses oeuvres, lesquelles sont aisément reconnaissables par la profusion de couleurs qui les caractérisent.

À cœur vaillant rien d’impossible. L’adage sied parfaitement à Ricow, l’artiste peintre genevois qui commence à faire son trou dans le dur monde des arts plastiques. Auteur d’une œuvre picturale colorée et baroque, le jeune homme a plus d’une corde à son arc, puisqu’il dirige également sa propre marque de vêtements, EVI132. Rencontre avec un créateur rigoureux, persévérant et aux ambitions bien affirmées.

Pourrais-tu te présenter ? Quel est ton parcours ?

Je m’appelle Ricow et j’ai 24 ans, je suis né et j’ai grandi à Genève. J’ai également vécu environ deux ans à Casablanca, où j’ai fait quatre ou cinq allers-retours jusqu’à mes 17 ans. J’ai effectué toute ma scolarité et mes études de commerce à Genève.

Comment as-tu débuté ta carrière d’artiste peintre ?

Pour me sortir de problèmes que je rencontrais à Genève, j’ai décidé de faire un voyage linguistique pour mes 18 ans. Je suis donc parti huit semaines à Miami, dans le quartier de South Beach. Là-bas, j’ai ouvert les yeux sur pas mal de choses, notamment sur le monde du marketing, de la mode et de l’art. J’y ai vécu de nombreuses expériences grâce aux activités, soirées et rencontres que j’ai pu y faire. J’ai aussi profité de mon séjour pour visiter le quartier de Brickell, où se situent de nombreuses galeries artistiques et fresques de street art. J’ai particulièrement été impressionné par la puissance du marché de l’art et toutes les opportunités qu’offrait ce monde.

C’est dans l’avion pour rentrer à Genève que j’ai réalisé que c’était la voie à suivre pour moi. Il faut savoir que j’ai toujours été passionné par le dessin et que j’ai depuis mes quatre ans une certaine facilité avec un crayon ou un pinceau à la main. Je me suis donc dit à moi-même : « pourquoi ne pas faire de ta vie ta passion et te lancer là-dedans ? » J’ai alors décidé d’acheter une toile vierge et toute une palette de couleurs acryliques. J’ai réalisé un premier dessin abstrait, que j’ai accroché dans mon salon. Un soir, mes parents ont organisé un dîner avec des amis, dont l’un d’eux a particulièrement apprécié ma toile et a décidé de me l’acheter. Avec l’argent de cette première vente, je suis retourné chercher des toiles, qui m’ont permis de réaliser une dizaine de tableaux abstraits avec des silhouettes en noir pailletées de personnalités connues, telles Michael Jackson ou Charlie Chaplin. C’est vraiment là que mon aventure artistique a commencé.

Le tableau « Prisonnier des sentiments », issu de la série « Profondeur de l’âme ». Ricow est parti des thématiques de la psychologie humaine et du ressenti émotionnel pour imaginer cette œuvre.

Pourrais-tu nous parler de ton processus de création ? Comment imagines-tu tes toiles ?

D’abord, je dois dire que c’est un processus très solitaire mais aussi très exigeant pour moi. Quand je crée quelque chose, je commence par rédiger une histoire sur mon ordinateur. Par exemple, pour mon tableau Prisonnier des sentiments issu de ma dernière série Profondeur de l’âme sur le thème de la psychologie, j’ai écrit ce titre sur une page vierge et j’ai rédigé dessous un texte de cinq à dix lignes, qui incluait un maximum de mots-clés autour du thème de la prison et des émotions. À partir de cet ensemble de mots, je commence à créer l’œuvre, dans laquelle j’essaye de faire transparaître le vocabulaire qui m’est venu en tête à l’origine. Je passe également beaucoup de temps à lire, à me renseigner sur l’histoire de la peinture ou à visiter des musées, pour m’enrichir intérieurement et m’inspirer de belles choses.

Il faut par ailleurs savoir que je m’impose de manière générale une grande rigueur dans mon quotidien, qui est très réglé, ce qui est une forme de sécurité pour moi. Je dessine également toujours dans un petit cahier, qui se remplit extrêmement vite. Je dirais d’ailleurs que je m’amuse davantage durant le processus de création d’une œuvre que je ne suis fier du résultat final. Quand je peins, j’écoute des livres audio ou de la musique pendant des heures, je suis vraiment à fond. D’une fois que j’ai fini, je peux facilement passer à autre chose, tout en demeurant heureux de ce que j’ai réalisé.

On est assez frappé, quand on regarde tes œuvres, par la palette chromatique très large que tu utilises. Quel rôle joue la couleur chez toi ?

Je l’utilise comme une forme d’étude, qui me permet d’explorer les émotions, d’amener de la gaieté aux toiles. Les couleurs servent vraiment à représenter une ambiance. Il faut savoir que je lie les couleurs de façon très spontanée, mais avant de peindre quoi que ce soit, je dessine énormément de croquis pour étudier cette association. C’est donc de l’« instinctif recherché ».

Ricow a décidé de se lancer dans la peinture après une expérience en Floride, à ses 18 ans.

Et ton aventure dans la mode, comment a-t-elle démarré ?

Je me suis rendu à Dubaï à mes 19 ans, où j’ai rencontré un designer qui avait lancé son commerce d’habits au Nigeria. J’ai énormément échangé avec cette personne, qui m’est très semblable en de nombreux points, et elle m’a proposé de collaborer avec elle. Elle a donc commencé à m’envoyer deux à trois fois par année des stocks de collections à Genève. Grâce à mon réseau, je vendais rapidement ces vêtements, et j’ai fini par avoir l’opportunité de réaliser certains designs pour la marque. J’en ai été le directeur artistique pendant trois ans.

À 22 ans, un client est venu m’acheter une œuvre d’art, et comme il s’est montré particulièrement généreux avec moi, j’ai eu envie de le remercier en lui offrant un sweat-shirt blanc sur lequel j’ai peint à l’acrylique. Le pull a fait son petit effet à Genève, et j’ai été vite contacté par plusieurs personnes sur les réseaux sociaux qui désiraient acheter des pièces semblables. C’est en vendant cette série de pulls que j’ai rencontré Céleste, qui est devenue ma plus proche collaboratrice. C’est elle qui m’a proposé de partir au Portugal pour faire une plus grosse production et développer ma marque, EVI132. En plus, j’ai la chance qu’elle m’épaule au quotidien pour tout ce qui a trait à l’administratif et à la gestion de la production.

Comment imagines-tu tes collections ?

J’aime créer ce que je ne vois pas sur le marché de la mode. Mes collections représentent vraiment ce que j’ai envie de porter. Il faut noter que j’ai un processus très similaire à ce que je peux faire pour mes tableaux : j’écris le nom de la collection, Doves in the Garden pour prendre l’exemple de ma dernière sortie, et je rédige par la suite un certain nombre de mots-clés rattachés à cette thématique. Je cherche après à faire des premiers croquis des vêtements, avant de passer au dessin aquarelle quand l’idée est fixée dans ma tête. J’envoie ensuite un scan de ma réalisation à Joël, mon designer digital, qui la transforme pour que l’on puisse travailler directement dessus sur un ordinateur. Je veille également toujours à représenter d’une manière ou d’une autre mon logo, que j’appelle le « pouvoir de l’amour sincère » ; la couronne pour le pouvoir, le cœur pour l’amour et la larme pour la sincérité.

Ricow a de nombreux et grands projets pour sa marque de prêt-à-porter EVI132, pour laquelle il sort deux collections par année.

Finalement, quel regard portes-tu sur ce que tu as accompli jusqu’ici ?

Je suis heureux de tout ce que j’ai fait, mais je ressens que ce n’est pas encore assez. À vrai dire, j’ai encore besoin de travailler et j’ai toujours de nombreux projets en cours, souvent à très long terme. Je ressens toutefois de plus en plus de satisfaction avec la personne que je suis en train de devenir, je crois que je commence à trouver qui je suis. Je m’épanouis de plus en plus dans mon art, je suis content de ce que j’ai entre les mains et de ce que je peux proposer au public. J’ai un rythme de vie difficile, mais il me convient, et je suis d’autant plus fier d’avoir pu construire un projet qui me permettra, je l’espère, de continuer à faire dans les prochaines années ce qui me plaît le plus.

Retrouve Ricow et son travail sur son Instagram personnel, sur la page Instagram de sa marque EVI132 et sur le site de cette dernière.

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