Sankofa, ou la revalorisation culturelle panafricaine

Le comité au complet de l'association, de gauche à droite : Djata, Bansoa, Jethro, Dona, Rosy, Nako et Ndona-Ella © Sankofa

« Puiser dans le passé pour construire l’avenir » ; c’est le credo de l’association panafricaine pour les arts et la culture, Sankofa. Constituée d’un comité de sept membres, ils sont cinq ce jour-là pour parler autour d’un café de leur travail et des buts de leur association, qui célèbrera l’année prochaine ses trente ans.

Sankofa, c’est d’abord une histoire familiale. Créée en 1991, sous le nom de APA (Association Panafricaine pour l’Art), la deuxième génération a repris le flambeau en 2016. « Pour nous c’était vraiment une chance de perpétuer le travail de notre famille. On souhaitait continuer la transmission des richesses patrimoniales avec une démarche culturelle », note Bansoa. En 2016, le comité organise la trilogie Sankofa, une série d’expositions qui marque une transition entre la première et la nouvelle génération. « On ressentait ce besoin de montrer notre présence et notre vision en tant que suisse afro-descendant. On avait envie en plus de valoriser nos richesses culturelles », souligne Djata. L’exposition est toujours disponible en ligne : on y découvre des sculptures d’animaux sauvages et mystifiés, des masques anciens ou encore des figurines divines.

Trois ans plus tard, le nouveau comité décide de changer le nom de l’association en Sankofa. Le terme fait référence à une philosophie des cultures Akan, disant qu’il faut puiser dans son passé pour construire son futur, explique Djata. Nouvelle équipe et nouvelles impulsions, même si les buts de l’association restent les mêmes : revaloriser et promouvoir la culture et les productions artistiques africaines et afro-descendantes.

Un rôle de transmission

L’association travaille avec une riche collection d’art ancien et patrimonial. Sankofa souhaite la revaloriser, mais surtout rendre les arts anciens et traditionnels d’Afrique moins élitistes et plus accessibles. « Quand je vais dans des foires, je suis 95% du temps la seule noire, 60% du temps la seule femme et 98% du temps la seule jeune, explique Bansoa. C’est un secteur qui est à démocratiser absolument, parce qu’il est encore trop montré dans une perspective eurocentrée. » L’envie première est donc de perpétuer le travail déjà effectué par leurs parents avec une promotion de l’art traditionnel, tout en amenant les jeunes à s’y intéresser, précise Nako.

Dans la même lignée, Sankofa a mis sur pied en 2019 les excursions culturelles. Le principe est de partir avec les membres de l’association à la découverte d’évènements artistiques. Ils se sont déjà rendus à Chambéry ou à Venise, pour la Biennale d’art contemporain.

La Sankosphère

Pour marquer cette transition et célébrer leur nouvelle identité visuelle, Sankofa organise un nouvel évènement autour du renouveau. Les festivités se tiendront ce week-end, à la galerie de l’Espace Témoin, à la rue des Vieux-Grenadiers. Au programme : performances artistiques, activités ludiques, musiques mais aussi un marché avec de la littérature afro. La manifestation devait initialement avoir lieu à la mi-mars, mais les organisateurs.trice.s ont préféré repousser, par mesure de sécurité en lien avec la Covid. L’évènement sera donc l’occasion de découvrir le nouveau comité, mais aussi de dénicher des produits des partenaires de l’association comme des cosmétiques, de la littérature ou des pépites issues du commerce équitable. Ambiance festive assurée, avec une entrée prix libre.

Créer un réseau

En Suisse romande, il existe peu de structures et d’associations mettant en avant la culture panafricaine avec une perspective afro-centrée précisent les membres du comité. « Il y a beaucoup de personnes qui s’intéressent à cette culture, mais peu qui s’y investissent. On est en plus assez éclaté.e.s en Suisse romande et il existe peu d’espaces de rencontre et de partage. » indique Ndona-Ella. Rosy abonde dans le même sens. « Je ne pense pas avoir rejoint Sankofa dans le cadre d’une recherche identitaire, mais je savais que je voulais bosser dans le domaine artistique et culturel, en lien avec l’Afrique. » En plus de revaloriser les nombreuses cultures africaines et panafricaines, l’association permet de trouver un lieu d’échange sain, entre membres du comité toutes et tous concerné.e.s.

Une nouvelle revue

Un des moyens utilisés pour promouvoir la culture panafricaine est la revue Sankosphère. Publiée tous les trois mois, on y retrouve des critiques, des chroniques, des interviews et même des cartes blanches données à des personnalités. « On a lancé une nouvelle formule depuis juin, plus dense avec un contenu encore plus intéressant. On voulait donner plus de souffle à nos propos avec une revue publiée moins régulièrement, mais plus fournie », explique Ndona-Ella. Les revues ne sont pas thématiques, et fluctuent en fonction des envies des membres du comité, note Rosy. Il est possible d’écrire dans la revue même sans être dans le comité, il suffit d’avoir une thématique en lien avec les valeurs de l’association.

Sankofa est toujours à la recherche de membres actifs ou de soutien. Cela permet de bénéficier de réductions dans les boutiques partenaires, mais aussi d’être informé.e de toutes les nouveautés de Sankofa. Pour les contacter ou en savoir plus, leur site internet.

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