Spielact ou l’abolition des frontières artistiques

Graphisme : Théo Keiflin

Fin juin, la saison des festivals est bel et bien lancée, bienvenue aux weekends sans sommeil, aux nuits sous les tentes et à la découverte musicale. Si la Suisse romande se révèle d’une densité incroyable en termes d’évènements estivaux, certaines organisations sortent du lot, de par les valeurs défendues et la programmation mise en avant. C’est le cas de Spielact, festival d’art transdisciplinaire, dont la cinquième édition se déroulera à Genève du 28 juin au 16 juillet. Présentation et décryptage du programme.

Spielact, concrètement

Résumer Spielact n’est pas chose aisée, l’objectif du festival étant l’émulation et la convergence de pratiques artistiques variées, mais toujours porteuses de sens. Et l’abolition des frontières, toutes les frontières : entre les disciplines, les lieux, les collectifs et les continents. Pour ça l’équipe de programmation, emmenée par Amir El May, a sorti l’artillerie lourde : 50 évènements, performances artistiques, installations, talks, ateliers et concerts répartis sur une quinzaine de jours. Côté lieu, là aussi la tendance est au décloisonnement et à la volonté de mettre en avant divers hauts lieux de la culture alternative genevoise (Le Commun, La Makhno, Théâtre de l’Usine, KZERN…) dans lequel des artistes du cru côtoieront artistes, musicien∙ne∙x∙s et peformeureur∙euse∙x∙s issu∙e∙x.s de ce qui se fait de mieux dans le milieu alternatif Suisse, Français mais aussi, et surtout, Africain. Car Spielact a également une volonté de connexion, notamment musicale, entre la scène nord et centre africaine et la scène émergente suisse. Pour cela le festival peut compter sur de solides collaborations en s’associant à Pan African Music, mais aussi avec des collectifs actifs à ce niveau à Genève, à commencer par Bisque et ses mythiques soirées Gazouz.

Zo.Ro à retrouver dans la programmation musicale de Spielact

Autre collaboration de poids qui s’inscrit dans cette veine :  des concerts hébergés par la Big Biennale qui accueillera notamment la sortie de résidence de l’association des musiciennes Suisse et Egyptienne Emma Souharce et Aya Metwalli afin d’écouter ce qui ressort de la mise en commun de leurs univers sonores.

Spielact, programmation

Côté concerts toujours, Spielact est l’occasion de découvrir la toute nouvelle scène alternative genevoise ou les side projects d’artiste locaux, comme Zo.Ro duo techpunk facsiné∙e par les synthés ou Garaventa, néo groupe post punk qui a déjà su trouver sa place dans les programmations d’été. Chaque live ou DJ set proposé par Spielact est également une invitation à interroger les concepts de fête, de concert et de genre musical, et à se les réapproprier.

Au-delà des évènements musicaux Spielact propose aussi de vivre le festival au travers d’ateliers, talks et performances. A ne pas rater, l’interview de Bochra Triki dans le cadre du podcast Jins qui invitera à la discussion autour de l’identité LGBTQI+ en Tunisie. En ce qui concerne les performances, les artistes ont à cœur de présenter des projets à forte revendications, comme c’est le cas de Stirnimann-Stojanovic pour « YOUR LOGO* HERE », qui réclame des conditions de travail et de vie plus justes dans l’art et dans la société en général. Autres temps forts du festival les ateliers et performances du collectif Aleax, bien connu du milieu littéraire genevois, autour de la norme et de l’inclusivité dans la ville.

Spielact, l’expo collective

Si le collectif Aleax a fait de la ville le cœur de sa performance, c’est parce que la notion de ville est justement la thématique interrogée par Spielact pour cette cinquième édition, principalement à travers une exposition, qui se tiendra tout au long du festival au Commun. En appelant les artistes et les différentes formes d’art représentées à réinterroger ce concept et la perception que l’on en a, Spielact veut attirer l’attention sur la part importante de l’urbanisation, sur son évolution et sur l’enjeu majeur que cela en fait pour l’avenir.

Céline Peruzzo, artiste exposante pour Spielact

Quinze artistes exposent ainsi leurs réflexions sur ce thème, jouant avec les lignes de la dystopie et les contradictions de l’espace urbain. Une exposition collective pour un enjeu collectif, exploré sous le prisme de la solidarité et de l’avenir partagé face à l’individualité. Ainsi l’espace du Commun sera occupée par les tissus et matières de Céline Perruzzo, les textes et dessins de Jeanne Jacob & Ifé Niklaus, les créatures hybrides de Gigaxart…dans une volonté de création d’un espace à la fois utopique et critique de la ville et de son avenir.

Emma Souharce, qui se produira en solo et en sortie de résidence avec Aya Metwalli

D’une richesse artistique rare Spielact ne se résume pas mais est à vivre dès le 28 pour le lancement de l’exposition et le début du festival. Au programme de ce vernissage, un échantillon représentatif de ce qui suivra : deux performances, de Johanna Rocard et de Stirnimann-Stojanovic, et une soirée de concerts live et DJ set répartis entre Le Commun et la Makhno. Trap palestinienne du producteur Big Murk, set survolté de la Swiss Fairy Sabrina Oberlin et set plus dark de l’habituée des soirées Bisque Maudite sont au programme aux côtés d’une armée de synthés dirigés avec brio par FlixYou et Unnom.

Information, programme complet et réservations pour les ateliers sur le site du festival.

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