Afin d’éviter la morosité ambiante accompagnant les semaines pluvieuses qui occupent notre mois de mai 2017, quoi de mieux que de se réfugier dans un café pour assister à un concert de jazz ? Eh bien pas grand-chose selon Pierre Balda, jeune contrebassiste naviguant entre Genève et Amsterdam, qui se présente tout en nous présentant ses arguments pour le rejoindre au sec ce weekend…
En quelques mots, qui est Pierre Balda ?
Je suis né à Genève, d’origine italienne, j’habite actuellement à Amsterdam, où je fais de la contrebasse jazz.
Tu es à Genève ces jours, qu’as-tu prévu de faire ?
Je suis ici pour deux semaines, j’ai pas mal de concerts, tous avec différents groupes. Dimanche je repars pour deux jours à Amsterdam, j’ai un cours et un concert lundi. Ensuite je reviens pour des concerts à l’AMR mardi, et à Lausanne en fin de semaine prochaine. En gros pendant une semaine, j’ai un concert chaque soir.
Sacrément chargé ton programme ! Mais normalement, tu traînes plus du côté d’Amsterdam c’est ça ?
C’est un boulot d’étudiant à plein temps tous ces concerts ! Mais effectivement je suis plus du côté d’Amsterdam et en général je reviens à Genève environ une fois par mois. À Amsterdam, j’ai des cours tous les jours et la période d’examen débute bientôt. Bon ce qui est cool, c’est qu’ils sont assez flexibles : ils savent que notre but c’est de jouer le plus donc ils sont indulgents si on ne va parfois pas en cours.
Le Conservatoire d’Amsterdam, comment y es-tu rentré ?
À la fin du collège à Genève, je suis d’abord rentré à l’école pro de l’AMR. Après deux années d’étude, j’ai choisi de postuler à l’HEMU [Haute École de Musique] de Lausanne. L’examen d’entrée avait lieu en avril et au même moment, un professeur du Conservatoire d’Amsterdam est venu à l’AMR pour une masterclass à laquelle j’assistais. On a discuté, je lui expliqué ma situation et il a pu me caler un examen d’entrée pour le Conservatoire d’Amsterdam le 1er juin. Entre les deux options, je préférais Amsterdam. C’est une des capitales européennes du jazz et la scène est plus riche qu’ici, ce qui ne signifie pas qu’il y ait des mauvais musiciens ici bien entendu, mais tous mes mentors m’ont conseillé de partir étudier là-bas.
Bref, juste avant cet examen, j’apprends que je suis pris à Lausanne et qu’il faut confirmer avant juin. J’avais alors deux possibilités : payer l’année à Lausanne au cas où je ratais l’examen d’entrée à Amsterdam, ou alors laisser ma place à Lausanne au risque de ne pas être pris à Amsterdam. Finalement, j’ai payé Lausanne et ai réussi, à ma grande surprise, l’examen pour le Conservatoire, donc je suis parti à Amsterdam…tout en payant une année de cours à Lausanne que je n’ai pas suivi…
Et à part ces soucis d’inscription, tu es maintenant satisfait de ta situation ?
Oui, la plupart des cours sont bien. J’étudie la contrebasse avec Ernst Glerum, Frans van der Hoeven et Peter Leerdammer, respectivement professeur de jazz, de classique et de technique. En plus, je suis des cours de piano, de rythme et de composition et arrangements. Par contre au début ce n’était pas facile. Quand je suis arrivé, alors que ça faisait seulement trois ans que je faisais de la contrebasse, je me suis retrouvé à côté de mecs qui en faisaient depuis sept ou huit ans. Du coup, en première année, j’ai dû rattraper le retard. Je faisais de la contrebasse de 8h à 23h chaque jour, c’était fatiguant. Mais je suis quelqu’un qui ne croit pas vraiment au talent, je préfère bosser à fond pour réussir.
L’avantage est que le Bachelor que je poursuis comprend l’aspect pédagogique de l’instrument, il me permet donc d’enseigner à peu près partout en Europe…sauf en Suisse, où le diplôme n’est pas reconnu ! En Suisse, il faut obligatoirement un Master en pédagogie pour enseigner, et cette formation ne peut être suivie qu’après avoir fait un Bachelor en musique.
Tu as commencé relativement tard la basse, est-ce que tu jouais d’un autre instrument avant ?
J’ai effectivement commencé la basse il n’y a « que » cinq ans, c’était pendant ma dernière année de collège. Avant j’ai fait dix ans de guitare classique. Petit, je voulais faire de la contrebasse, mais ma mère m’avait dit de commencer par un instrument plus petit, donc j’ai commencé avec la guitare. Les deux instruments sont similaires dans la mesure où les quatre cordes de base sont les mêmes, le gros défi pour moi a plutôt été de passer de la musique classique au jazz. Aujourd’hui, j’essaie d’incorporer certains éléments de musique classique appris à la guitare dans mon jeu de contrebasse jazz, c’est le cas par exemple dans mon projet avec le joueur et professeur de clarinette basse Joris Roelofs, avec lequel je jouerai cet été au festival « L’AMR aux Cropettes ». Avec Joris, j’aimerais bien jouer mes compositions et des morceaux classiques comme « Rêverie » de Debussy.
Tu écoutes surtout du jazz ou plus généralement d’autres types de musique ?
Un peu de tout. Enfant j’écoutais Tryo, Mc Solaar, ado du vieux rock de Led Zeppelin ou The Clashes. J’ai aussi eu une période plus reggae/ska ou musique ethnique. Mais au collège, il y a des jours où, quand je rentrais des cours, je passais deux heures par jours à n’écouter que du jazz ! Donc je suis vraiment ouvert à tout. À titre d’exemple, j’écoute ces temps plus de hip-hop et de musique classique que de jazz, tout bêtement je trouve le dernier album de Kendrick Lamar une tuerie !
Quels sont tes projets actuels ?
Actuellement, je joue officiellement dans 13 projets, la plupart en tant que sideman excepté mon duo avec Joris Roelofs. Je fais partie du trio de Martin Joey Dine avec lequel on fait une tournée en France, en Finlande et à Genève. Je jouerai à l’Orangerie cet été avec Eloi Calame et Andreï Perdrikov. J’ai aussi un projet qui mélange mes compos à la contrebasse et les chorégraphies d’une danseuse. Bref, je suis bien occupé en général.
Avec tes groupes, vous jouez tes compositions ou reprenez des standards ?
J’ai fait quelques compositions pour le Pierre Balda Quartet, mon ancien groupe, et pour le duo avec Joris Roelofs. Mais le plus souvent, comme je suis juste sideman, je joue les compositions des autres membres du groupe ou des standards arrangés. Moi je préfère faire partie dans des groupes comme « juste un contrebassiste », j’aime ce rôle d’interprétation. De plus, quand tu es leader d’un groupe, tu as tellement de boulot – organiser les répétitions, tout le côté administratif, etc. – que ça prend beaucoup de temps. La situation serait peut-être moins compliquée si le réseau n’était pas surchargé comme ça… Tout le monde se bat pour les concerts vu qu’il y a beaucoup de groupes pour peu de salles.
Et sur le plus long-terme, qu’aimerais-tu faire ?
J’aimerais déjà me mettre un peu plus sérieusement à composer dès cet été. Sinon, on vient de commencer un projet avec des amis du Conservatoire d’Amsterdam, dans lequel je compte bien m’investir. J’aimerais bien aussi aller à New York pour étudier. Là-bas, ils ont des écoles de musique parmi les plus réputées au monde. Parmi elles, je peux citer Julliard, le Monk Institute ou la Manhattan School of Music. Y étudier serait un rêve, et même si je sais que j’ai peu de chances d’y rentrer, je tenterai bien un jour l’examen d’entrée.
Sortir un album avec tes propres compositions n’est pas encore dans tes plans ?
Pas tout de suite. Un album coûte tellement de temps et d’argent. Je préfère attendre d’être un artiste « finit », je suis pour l’instant encore dans une phase de construction et d’apprentissage. Donc s’il y aura un album, ce ne sera pas avant un moment.
Les prochaines dates de concert de Pierre Balda sont :
Samedi 6 mai, 22h, au Café Gallay, avec Peliz Island. Événement Facebook ici !
Mardi 9 mai, 21h, à l’AMR pour la jam session. Événement ici !
Mercredi 10 mai, 21h30, à l’AMR pour la jam session
Jeudi 11 mai, 20h, Zelig, avec Les Noctambules. Événement ici !
Samedi 13 mai, 18h, ETM (Grande salle), avec Le Petit Orchestre De L’Est
Dimanche 14 mai, 10h30, Vogue d’Anières, avec Le Petit Orchestre De L’Est
Mercredi 28 juin, Festival l’AMR aux Cropettes, en duo avec Joris Roelofs