ARTHUR's Tattoo, l'encrage sans prétention

Le regard bleu, le verbe franc. Arthur Humerose est illustrateur-tatoueur depuis 2015. Fraîchement installé au 1er quai Charles-Page, le Genevois de 33 ans nous a ouvert les portes de son espace situé en plein cœur du quartier de Plainpalais. Rencontre…

Avec un père photographe, Arthur baigne dans les arts visuels depuis l’enfance. Passionné par le dessin, il effectue d’abord un CFC de bijoutier-joailler aux Arts décoratifs, avant de s’engager à l’armée pendant quelques années. « C’est là que tout a débuté », nous raconte-t-il. « J’ai commencé par me tatouer moi-même, puis des ami.e.s. Depuis, tout va crescendo ». En 2015, il décide de se consacrer pleinement à cette activité. Un parcours atypique ? « Au contraire ! », explique-t-il. « Mon apprentissage m’a apporté la minutie, la précision et la patience, des qualités essentielles pour le tatouage. Quant aux formations suivies à l’armée, elles m’ont appris la rigueur, le sérieux et d’excellentes connaissances hospitalières. La connaissance du corps et des normes hygiéniques est fondamentale pour être un bon tatoueur ». Dans ce milieu non institutionnalisé, il n’y a pas de parcours-type. Et tant mieux, parce que chacun.e trouve sa propre voie et développe ses propres sensibilités. « La technique ne suffit pas », affirme Arthur. « Nous ne sommes pas uniquement des artisans. Pour ma part, j’ai eu la chance de recevoir de supers conseils, notamment de Vince Pages (Nuit noire) et de Fadi (Blackend) ». Depuis, tout va bien.

En près de cinq ans, ce papa de deux petites filles a réuni une clientèle fidèle grâce au bouche-à-oreille. Après avoir occupé différents espaces, il a posé ses crayons dans une belle arcade lumineuse depuis début 2019. Un coin paisible en plein centre-ville, face à l’Arve et à deux pas d’Uni-Mail. Aseptisée et chaleureuse, l’adresse est dichotomique, à l’image de l’homme. Rieur et jovial, Arthur sait se montrer sérieux quand il s’agit de parler travail.

Autour d’un café, le tatoueur précise sa vision du métier. « Pour moi, il y a deux aspects essentiels : le dessin en soi et la parure sur le corps ». Réussir à allier les deux harmonieusement, comprendre le corps comme véritable support artistique, c’est le défi qu’Arthur se propose de relever. « C’est aussi ce qui m’attirait dans la bijouterie », explique le tatoueur genevois. « À mon avis, la parure est une nécessité. Je parie que même sur une île déserte, l’humain.e finira par parer son corps ! » À la fois intime et externe, le tatouage questionne le rapport à soi et à l’autre. « J’ai souvent observé chez mes client.e.s le désir de rendre visible un trait caché de leur histoire ». Pour Arthur, le tatouage est le fruit d’un cheminement collectif. À celles et ceux qui viennent le voir, il propose d’ouvrir toutes les portes et d’observer les réactions. Explorer l’ensemble des possibilités pour dépasser les raccourcis et exprimer au mieux l’intention du départ. Tatouer, c’est pénétrer dans l’intimité de l’autre et établir une relation de confiance. Et bien sûr, avoir une sensibilité esthétique. Cet art cristallise actuellement beaucoup d’innovation, que ce soit sur les formes ou sur les performances. « Mais je ne me prétends pas artiste », insiste Arthur. « Je suis dessinateur-illustrateur-tatoueur. Pour moi, artiste n’est pas un métier. Mais si l’on dit de moi que j’en suis un, je le prends avec plaisir… C’est un beau compliment ».

Après deux bonnes heures de discussion, nous concluons l’entretien par une petite cigarette. Le temps de profiter encore un peu de ce joli cadre, à mi-chemin entre ville et nature. Si à votre tour, vous avez envie de parer votre corps, vous savez où le trouver !