Jusqu’au 13 janvier, le Théâtre de l’Usine propose la pièce This Is Your Captain, mise en scène par Maëlle Gross. Un voyage sur Sirius, planète de l’énergie féminine, dont trois rédacteurs.trices d’EPIC vous font la critique !
Une performance doublement subversive
Œuvre de science-fiction à l’esthétique camp, This Is Your Captain se déroule dans un mystérieux vaisseau spatial, siège d’un groupe d’activistes qui visent à défaire le patriarcat. Sorte d’alternative queer à Star Wars, ses personnages cherchent non pas à restaurer une monarchie déchue, mais à inventer une société féministe. Sur un mode réflexif, la performance de Maëlle Gros déjoue les codes d’un genre et de genre. Piochant pêle-mêle dans le répertoire sémantique du cinéma de science-fiction, elle en détourne les schémas narratifs souvent linéaires pour instaurer un véritable régime de monstration : la performance visuelle, soutenue par l’extravagance des costumes et un éclairage envoûtant, prend le pas sur toute forme de récit. Aussi, de par l’atmosphère et le ton extravagants de la performance, les potentialités insolites de la science-fiction sont portées à leur comble. Dans un geste qui accompagne ce détournement de conventions génériques, l’œuvre de Maëlle Gros subvertit toute forme de binarité pour décliner une vision fluide de l’identité de genre, incarnée par une galerie de personnages « ni pleinement humains, ni complètement femmes, ni totalement cyborgs ». On ne peut que souhaiter à cette œuvre radicale et poétique de bâtir des lendemains qui chantent.
Emilien
Une esthétique visuelle ultra moderne
Pièce enfumée et costumes scintillants enflamment le théâtre de l’Usine depuis le 10 janvier. This is your captain emmène dans un décor futuriste les spectateurs, à travers un monde fantasmagorique et loufoque.
Départ sur Sirius, une planète où le patriarcat n’existe plus, et où l’on parle le Làadan (langue crée en 1982 par une autrice de science-fiction. le làandan serait inventé par des linguistes féministes d’un monde dystopique). Car c’est de cela dont traite la pièce: l’andocentrisme, les rapports de genre et une envie (ou un besoin?) de changement. This is your Captain mélange les genres : entre danse, magnifiquement interprétée par Karine Dahouindji, chant et surtout performance théâtrale, cette pièce ose et propose une œuvre terriblement moderne, mise en scène par Maëlle Gross.
Avis aux amateurs de théâtre contemporain, aux curieux ou aux amoureux d’art visuel ultra novateur, cette pièce est à voir, jusqu’au 13 janvier !
Julie
Un voyage intergalactique du soi
« My brain is merging with the machine ».
« This is the time, and this is the record of the time ».
Ces citations scandées en rythme composent en partie le texte métaphorique de This is your captain. On s’y sent tout de suite plongé, captivé par le visuel galactique qui se dessine à travers la lumière tamisée. Lorsque les acteurs, qui sont cinq, se déplacent lentement et en grâce à travers la salle intimiste du Théâtre de l’Usine, on est vite intrigué par leur démarche qui se mêle à la musique et aux divers sons d’ambiance.
Le décor et les costumes constituent le point fort du spectacle: maquillage pailleté et combinaisons de l’espace, tout est pensé pour nous faire voyager à travers un espace-temps extérieur à nous-mêmes. Le texte mêle bribes de poésie et discours engagé. Une ode à l’anti-patriarcat et à la déconstruction du genre binaire. Les personnages sont asexués, sauf l’actrice principale qui révèle ses traits féminins. Couchée sur son lit, dénudée, elle détient une présence scénique forte. Autour d’elle, gravitent une danseuse épatante par ce qu’elle dégage et par les mouvements qu’elle effectue, puis la Voix, un chanteur androgyne qui parsème le spectacle d’interludes musicaux.
Ce spectacle est un mélange de poésie, de musique et de danse, le tout pour explorer un univers vaste et complexe, parfois un peu déroutant. L’identité est au coeur de ce voyage, porté par les acteurs qui réussissent avec brio leur interprétation. La dimension esthétique est réussie, la musique est touchante. De tels éléments qui nous transportent en dehors de notre zone de confort, pour assister réellement à un spectacle hors norme et si différent de ce que l’on a l’habitude de voir à Genève ! Pour cette raison, je vous encourage à sauter sur les derniers billets disponibles.
Meryl
Réserver pour la représentation du 12 janvier à 20h