En février, Ella Campbell, 18 ans, expose ses photographies au café Gavroche. Il s’agit du résultat d’un an de travail, basé sur l’interaction entre le corps et l’espace. Elle nous raconte comment elle est venue si jeune à la photographie, ses inspirations pour cette série et sa collaboration avec des danseurs de Berlin.
Quand et comment as-tu commencé à faire de la photographie ?
Mon intérêt pour la photographie est apparu très jeune grâce aux réseaux sociaux. Le site Flickr m’a notamment beaucoup inspiré. C’est aussi ainsi que ma pratique de l’autoportrait a commencé, puisque cela se faisait beaucoup sur ce site. De voir le côté mise en scène de la photo, plutôt qu’uniquement observer, puis capturer le moment, a été une révélation pour moi. C’est ce qui m’a donné envie de faire de la photo par moi-même. À ce moment, ma mère qui a toujours fait de la photographie m’en a appris les bases, et depuis j’ai continué de façon autodidacte.
La série que tu exposes au café Gavroche est en noir et blanc. Pourquoi ce choix ?
Le noir et blanc est une des premières décisions que j’ai fait par rapport à cette série. Cela me paraissait évident, car je voulais beaucoup travailler avec la lumière et que pour faire ressortir les nuances, le noir et blanc est ce qu’il y a de mieux. Pour cette série, j’ai créé mon propre appareil en grand format. C’est un appareil monorail en bois, comme on en faisait il y a un siècle. C’est avec l’idée de créer un appareil photo moi-même que j’ai pensé cette série et avec ce genre d’appareil, on ne peut que faire de la photo en noir et blanc. Mon idée de base était de revenir à l’origine de la photo et de faire quelque chose d’extrêmement épuré, voire basique. Et c’est notamment à travers le noir et blanc que j’ai pu faire passer cette idée.
Il y a également beaucoup de formes géométriques représentées. Cela fait partie de cette idée du simple, de l’épuré ?
Exactement. J’ai essayé d’aller à l’essence de toutes les formes qui nous entourent, en ayant comme idée que tout peut se résumer par une ligne, une courbe, un cercle, etc. Cela avec comme idée de synthétiser la nature, parce que je la trouve extrêmement absente dans ce qui nous entoure. Dans les grandes villes bien sûr, mais pas seulement. De manière générale, on est très déconnecté de cette nature. J’essaye de la trouver dans l’architecture, par exemple. La géométrie, même si on ne la voit pas directement dans la nature, en est fortement inspirée. Tout découle de la nature.
On te voit souvent dans tes photos, c’est une volonté de te mettre en scène ?
L’autoportrait pour moi a commencé pour des raisons pratiques. J’étais toujours à disposition et je savais exactement ce que je voulais en étant des deux côtés de l’appareil. Mais l’autoportrait a aussi un côté thérapeutique. Je peux me transformer dans mes photos, me rendre méconnaissable. Ainsi, à travers la photo, je peux faire disparaître le malaise qu’il m’arrive de ressentir.
Sur ton site internet, il y a beaucoup de photos de tes voyages. Est-ce qu’ils ont influencé cette série ?
Cette série a été faite à Berlin. J’ai vécu dans une résidence artistique où, en tant que photographe, j’étais la seule artiste visuelle. Tous les autres résidents étaient danseurs. En fait, même s’il y a de l’autoportrait dans cette série, il y a aussi beaucoup de danseurs avec lesquels j’ai énormément collaboré, notamment sur mes recherches par rapport au corps et au mouvement. Évidemment, le simple fait d’être dans cet environnement artistique et très productif de cette résidence berlinoise m’a beaucoup aidé. Par ailleurs, juste avant de commencer cette série, j’ai fait un voyage d’un mois et demi au Népal. Je pense que quelque part, notamment par rapport à la thématique de la nature, de ces montagnes gigantesques de l’Himalaya par exemple, j’ai été très inspirée pour ces photos. Cela a peut-être également contribué à amener quelque chose de plus positif dans la série, dans la mesure où quand j’ai commencé à travailler dessus, il y avait un côté plus sombre, plus négatif. J’ai été tellement inspirée par les gens là-bas que j’ai voulu donner plus d’humanité à mes photos. Mes inspirations ont donc été la nature, avec son côté simple et épuré, et l’humain, en me plaçant dans mes photos.
Tu finis le collège cette année. Quels sont tes projets d’études à l’avenir ?
Je souhaiterais intégrer une école d’art pour pouvoir continuer dans la photographie. J’hésite actuellement entre La Cambre à Bruxelles, la Gerrit Rietveld Academie à Amsterdam et la Glasgow School of Art en Écosse.
Vous pouvez voir certaines photos des séries Body in space et Space in body jusqu’à fin février au café Gavroche (Boulevard James-Fazy 4, Genève) ainsi que les autres séries de photos d’Ella Campbell sur son site.