Helvetia 2050 : la Suisse d’après avec Impro Impact

À quoi ressemblera la Suisse dans 30 ans ? Où en serons-nous en ce qui concerne le climat, l’eau ou la biodiversité ? Et surtout, quelles solutions peuvent être mises en place ? Autant de questions qui seront abordées par le collectif Impro Impact à travers leur spectacle immersif Helvetia 2050.

Derrière Impro Impact, il y a Lygia Pavitt, Damian Veiga, Léo Moreno et une immense passion pour l’improvisation théâtrale. Seulement voilà, l’impro est loin d’être leur seul centre d’intérêt. Lygia Pavitt, qui vient de terminer un master en psychologie, s’intéresse à tout ce qui touche aux questions de genre et de sexisme tandis que Damian Veiga est particulièrement sensible aux thématiques des sciences de l’environnement, discipline dans laquelle il est d’ailleurs diplômé. Tous les deux se demandaient comment lier l’improvisation à ces problématiques afin de sensibiliser le public de manière originale et efficace. Associé·e·s à Léo Moreno pour ce qui est de la direction artistique, ils ont alors imaginé leur premier spectacle, Helvetia 2050. EPIC s’est entretenu avec Lygia et Damian afin d’en savoir plus sur cet évènement interactif, qui sera diffusé en ligne du 4 au 6 mars.

Origines

Comment est née l’idée d’Helvetia 2050 ?

Lygia : Damian et moi adorons tous les deux l’impro, aussi bien comme joueur·euse que comme coachs. Et depuis un an et demi, nous nous demandions comment mêler l’improvisation à nos passions de tous les jours. Nous avons donc décidé de créer des spectacles de sensibilisation sur des sujets qui nous tenaient à cœur. Nous en étions à réfléchir aux structures de représentation possibles quand nous avons vu passer le concours de développement durable lancé par l’Université de Genève, auquel nous avons décidé de participer. À partir de ce moment-là, nous nous sommes focalisé·e·s sur l’écriture d’Helvetia 2050. Nous avons remporté le concours, ce qui nous a permis d’obtenir des fonds de financement qui nous ont vraiment aidés à monter ce spectacle.

Damian : L’idée était de créer un spectacle inspiré du théâtre forum, une méthode qui a été créée au Brésil et qui vise à impliquer des personnes minorisées pour les rendre actives et les faire participer à des débats et des situations. En parallèle, nous voulions créer une structure qui permette d’avoir un impact réel et de le mesurer, notamment grâce à des outils issus de travaux de psychologie. Donc le mode de fonctionnement que nous avons eu a vraiment été de réfléchir d’abord à quelle forme pouvait prendre Helvetia 2050, puis nous nous sommes appuyé·e·s sur l’opportunité offerte par l’Unige pour créer réellement le spectacle. Par la suite nous espérons le pérenniser à travers notre association, Impro Impact, pour pouvoir le diffuser dans des écoles, des entreprises, des festivals, etc. 

Les 11 comédien·ne·s d’Helvetia 2050 sont issu·e·s de la FIG (Fédération d’Improvisation Genevoise) et de la LAITUGE (Ligue d’Improvisation Théâtrale de l’Université de Genève). Crédit photo : Alexa Flavin.

Concept

Concrètement, quel est le concept d’Helvetia 2050 ?

Lygia : Le spectacle est bâti en trois temps : impro, intervention du public, et nouvelle impro. Nous nous sommes basé·e·s sur une théorie de psychologie appliquée qui dit que pour avoir un impact à long terme il faut générer une crainte et ensuite trouver ensemble une solution, afin d’augmenter l’implication du public. L’idée c’est de montrer que oui, la situation est problématique mais que l’on peut trouver des solutions. Pour la première impro, nous nous sommes basé·e·s sur des scénarios scientifiques qui prévoient ce à quoi va ressembler la Suisse en 2050, avec tous les problèmes liés à l’eau, au climat et à la biodiversité. Nous avons « tiré les traits », c’est-à-dire que seuls les scénarios pessimistes ont été conservés, afin de montrer de manière concrète les changements provoqués par les problèmes environnementaux. Nous jouerons donc une impro pessimiste, l’histoire sera 100% improvisée mais située dans cet univers-cadre, plausible scientifiquement parlant. Pour la deuxième partie du spectacle, le public sera divisé en petits groupes, encadrés par des joueur·euse·s, pour discuter de solutions possibles et applicables à notre époque afin d’éviter la situation que l’on aura initialement prévue. Enfin, la dernière partie sera une reprise de la première mais en intégrant les solutions proposées par le public, pour voir ce que ces solutions auront changé à la situation.

Damian : C’est vraiment un jeu d’équilibriste, puisque c’est un format semi-structuré, on connaît l’univers, on le renseigne avec des scénarios scientifiques qu’on a étudiés au préalable et qu’on a essayé d’inculquer et d’incorporer à nos joueur·euse·s et en même temps c’est de l’impro, donc chaque soir les spectacles que les gens vont voir seront différents. En termes d’interactions avec le public on va quand même demander quelques petites choses, comme le lieu, les relations entre les personnages et aussi les grandes thématiques, parce que l’environnement c’est très vaste, l’assistance aura donc à choisir des thèmes plus précis comme l’eau, la biodiversité, les villes ou le climat. Et pour revenir sur le côté psychologie, l’un des points fondamentaux pour nous c’est vraiment la sensibilisation du public. Nous savons que pour des enjeux tels que l’environnement, nous sommes toutes et tous bombardé·e·s par les informations, nous entendons des chiffres, des données mais nous ne les ressentons pas, les gens ne se sentent pas ou peu investis dans quelque chose de tangible. Le but, avec Helvetia 2050, c’est de concrétiser émotionnellement ces thématiques-là.

Lygia : J’ai également travaillé avec une chercheuse en psychologie de l’environnement qui a créé des questionnaires que nous enverrons au public après le spectacle. Nous aimerions vérifier si nos représentations ont l’impact escompté et si elles ne l’ont pas, voir ce que nous pourrions modifier pour atteindre notre objectif de faire de la sensibilisation fun.

Comment les comédien·ne·s se sont préparé·e·s pour le spectacle ?

Lygia : La particularité d’Helvetia 2050 c’est que l’on doit énormément travailler la théorie, puisque tout est basé sur des scénarios scientifiques réels, il faut donc que les comédien·ne·s maîtrisent le sujet, surtout que l’on s’attend à ce qu’il y ait des spécialistes dans l’assistance ! Notre critère quand on a constitué notre pool de comédien·ne·s étaient de trouver des personnes douées en impro mais également très motivées car nous savions que la formation théorique prendrait beaucoup de temps.

Adaptation virtuelle

Comment avez-vous adapté Helvetia 2050 aux mesures sanitaires ?

Lygia : Nous nous entraînons depuis un an, quand nous avons commencé nous avions prévu de jouer le spectacle en présentiel, sur cinq soirs. Mais nous avons dû nous adapter, notamment réduire le nombre de dates à trois afin de pouvoir financer tout le côté technique exigé par le passage au distanciel. Nous avons également dû revoir nos modalités de répétitions pour être dans les règles.

Damian : On a toutes les raisons d’être un peu stressé·e·s, parce qu’en plus de faire un format que nous n’avons jamais tenté, nous devons en plus tout passer en ligne. Nous avons prévu trois cameramen, une personne à la régie s’occupera des plans, et un responsable du Zoom parce qu’en plus il faut gérer le côté interactif, séparer les groupes, faire des sondages, etc., tout au long du spectacle. La concertation étant au centre du concept, il a vraiment fallu tout repenser.

Les autres projets d’Impro Impact

Quels sont les autres spectacles que vous envisagez de créer avec Impro Impact ?

Lygia : Nous sommes parti·e·s sur l’idée de spectacles engagés, c’est vraiment ce que l’on a envie de faire. Notre prochain projet, Un genre de spectacle, est en cours d’écriture. Ce sera destiné aux enfants et tournera autour de l’inégalité des genres et du sexisme. Le but est vraiment de sensibiliser par l’impro qui est un outil extraordinaire et que l’on maîtrise.

Damian : Pour la suite nous aimerions monter un spectacle portant sur la vulgarisation scientifique, Sciences en scène. Mais ce projet se fera plus tard car nous aimerions pouvoir être sûr·e·s de le jouer en live. Après Helvetia 2050, qui visait un public plutôt universitaire, Un genre de spectacle qui s’adresse aux enfants, Sciences en scène sera plutôt tourné vers le monde de la recherche.

Helvetia 2050, spectacle d’Impro Impact, soutenu par l’Université de Genève, sera diffusé les 4, 5 et 6 mars 2021 via Zoom. Inscriptions ici.

Pour en savoir plus sur le collectif : Impro Impact. Et pour d’autres informations sur Helvetia 2050, rendez-vous sur leur page Instagram ou Facebook .

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