Kalvingrad, Post Tenebras Lux

Dans une minisérie documentaire, la structure audiovisuelle indépendante SICK! PROD et sa réalisatrice Vanessa Decouvette retracent l’histoire de la culture alternative à Genève. C’est en 2019, à l’occasion des 30 ans de l’Usine, que le film propose de porter un regard sur le temps des squats dans la cité de Calvin et l’héritage culturel qui en découle.

Septembre dernier, j’étais dans le quartier des Grottes, installée sur une chaise transat pour visionner le tout premier projet audiovisuel de SICK! PROD. Dans cette série documentaire, la réalisatrice Vanessa Decouvette creuse au-delà de l’image superficielle dont bénéficie Genève avec ses grandes banques, son luxe et ses organisations internationales. Elle nous plonge au coeur même de la vie alternative de la cité et des lieux emblématiques qui la composent, en mettant en lumière la richesse artistique qui y émerge.

Sa culture foisonnante, Genève la doit à un modèle de société de désobéissance bien répandu entre les années 80 et le début des années 2000. Cette désobéissance, c’est l’occupation de nombreux squats. RHINO, Ilôt 13 ou encore Artamis : au milieu des années 90, la ville en compte plus de 160. À l’origine, ces mobilisations revendiquaient la baisse des loyers. Puis, dans chaque lieu sont établies une énergie et des activités singulières qui donnent naissance à une liberté artistique et un bouillonnement culturel dans tous les coins de rue. De nombreuses initiatives voient le jour et la cité de Calvin vibre au son des concerts, des expositions et des rassemblements organisés par des jeunes engagé·e·s. En marge de la culture institutionnelle, la jeunesse se mobilise pour prôner une culture indépendante et un nouveau mode de vie. D’un point de vue social, tous les publics se mélangent et de nouvelles idées politiques, sociétales et urbaines naissent entre ces murs.

Site Artamis en 2003 © Jean-Jacques Kissling

À la fin des années 80, l’association Etat d’urgence réussit à obtenir l’autorisation de la ville pour occuper un lieu emblématique de la nuit genevoise : l’Usine. La réalisatrice met en avant dans son documentaire les nombreuses initiatives et centres d’art qui y prennent vie, ainsi que le modèle utopique d’autogestion horizontale qui s’y installe. Ce dernier est d’ailleurs encore utilisé aujourd’hui dans certaines associations de l’Usine, comme l’Animalerie qui s’occupe de la salle du Zoo.

Vanessa Decouvette invite dans sa série plusieurs acteurices de la région et ancien·ne·s habitant·e·s des squats à témoigner et à raconter la Genève d’avant. On y aperçoit entre autres Greta Gratos, Gabriel Alvarez, co-directeur du théâtre Le Galpon, Quentin Aebi, membre du Corner25, ou encore des musiciens du célèbre groupe de punk-rock Marechal.

Depuis peu, il est possible de découvrir la minisérie documentaire depuis chez soi, au travers de cinq épisodes publiés sur la chaine YouTube de SICK! PROD.

KALVINGRAD épisode 1 – T’cheu c’t’occup’

KALVINGRAD épisode 2 – La clé de la cave

KALVINGRAD épisode 3 – Grands Théâtres

KALVINGRAD épisode 4 – Genève, c’était mieux avant

KALVINGRAD épisode 5 – Post Tenebras Lux

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