Du 15 au 19 mars, le Mondial de Catch Impro se déroule au Casino Théâtre à Genève. Durant cette semaine de joutes verbales, les meilleurs improvisateurs de Suisse, Belgique, France et du Québec s’affronteront à coup de verbes, de mots bien placés et d’expressions survoltées. Ce spectacle est organisé par la Compagnie lesArts, dont le directeur Tony Romaniello et la responsable communication et presse Gwendoline Defrance ont répondu aux questions d’EPIC.
Parlons un peu du Mondial de Catch Impro. Comment le présentez-vous à une personne qui n’a jamais entendu parler du concept ?
Tony Romaniello : À la base, les matches d’impro, sur le thème du hockey sur glace, voient s’affronter deux équipes de six joueurs dans un décorum de patinoire. La mise en scène du catch impro, initiée par les Strasbourgeois de l’Inédit théâtre, s’en inspire : un ring fermé et deux équipes de deux improvisateurs s’affrontent. Le Catch Impro s’imprègne donc des aspects des « matches d’improvisation » traditionnels en épurant les aspects trop répétitifs de ce concept et donnant ainsi du rythme et de l’énergie.
Gwendoline Defrance : Pour ce Mondial 2017, on assistera de mercredi à samedi à des matches entre les quatre équipes – Suisse, Belgique, France et Québec – puis dimanche à la petite et la grande finale. Les improvisateurs n’ont pas de temps de réflexion et c’est le public qui décide l’équipe vainqueur de la manche. À la fin, les deux équipes ayant recueilli le plus de points s’affrontent en finale pour le titre de champion du monde de catch impro !
À présent pouvez-vous nous parler de la Compagnie lesArts, dont on appréciera le subtil jeu de mot.
TR : Au départ, nous étions quatre amis qui avaient pour hobby de faire de l’impro. Il y avait Christian Baumann, Fausto Borghini, Françoise Préfumo et moi-même. Lorsque la Compagnie lesArts a été fondée, on proposait quelques spectacles et deux cours d’impro. Quelques années après, nous avons eu la chance de pouvoir récupérer le Théâtre du Caveau. On en est maintenant à faire une centaine de représentations chaque année et on a entre 200 et 250 élèves qui fréquentent nos différents cours. Chaque saison, nous proposons environ une dizaine de spectacles différents, improvisation et théâtre confondu.
Tony, tu es le Directeur de la Compagnie lesArts, mais comment en es-tu arrivé là ?
TR : Tout comme les trois autres membres fondateurs, je n’ai pas une formation dans le monde du théâtre. J’ai fait de l’impro quand j’étais jeune, mais j’ai rapidement préféré m’occuper du backstage. Après ça je me suis mis à organiser des championnats d’impro, et de fil en aiguille je suis devenu président de la F¡G (Fédération d’Improvisation Genevoise) Puis Christian et moi avons créer la Ligue XP (ligue expérimentale / test de concept d’impro), prémices de la future Compagnie lesArts que nous avons fondé en 2003.
Et donc après ta première scène où tu as fait de l’impro, tu n’as jamais réessayé ?
TR : Non, par contre à défaut de faire de l’impro, je fais de la mise en scène. Après deux ou trois saisons au Caveau, on a voulu profiter du théâtre pour faire des pièces. On aime bien se lancer des challenges, donc on a joué la pièce « Thé à la menthe ou t’es citron ». À la base on devait la jouer pendant trois semaines, mais cela a été un carton, au point qu’on a fait neuf semaines de prolongations.
En parlant de théâtre, vous jouez vos spectacles au Caveau, est-ce cela signifie que la place de l’impro se trouve dans les théâtres ?
TR : Effectivement, nous pensons qu’il ne faut pas dissocier théâtre et impro, c’est d’ailleurs pour ça que tous nos spectacles ont lieu dans des théâtres. D’ailleurs, nous ne sommes pas les seuls à penser cela, par exemple en 2014 lors du Mondial amateurs d’improvisation théâtrale de la FIG, la finale s’est jouée au Théâtre du Léman et le Mondial de catch impro se déroulera au Casino Théâtre.
Gwendoline, comment as-tu atterris dans la Compagnie lesArts ?
GD : J’avais déjà vu plusieurs spectacles d’impro comme le Mondial amateur j’ai toujours été très intéressée par la vie culturelle genevoise. C’est donc après avoir rencontré Tony, Fausto et Christian que j’ai pu intégrer la Compagnie comme responsable communication. La prochaine étape pour moi consiste à participer à un stage « découverte » proposé par la Compagnie !
Vous parlez de cours ou stage, de quels types de cours s’agit-il exactement ?
TR : Pour les cours, nous avons créé l’unité impro.ch, qui propose des cours, stages et des animations pour les particuliers et les entreprises. Les cours sont ouverts à tous – seniors, enfants, adultes, ados – quel que soit l’âge ou le niveau. À titre d’exemple, nos élèves les plus jeunes ont 7 ans et la personne la plus âgée en a 88. Il y a des cours pour apprendre à prendre la parole, de confiance en soi, de team-building. Souvent l’offre que nous proposons aux entreprises est sur mesure.
Improvisation et entreprise ne sont pas vraiment à première vue deux concepts qu’on associerait, mais la réalité tend à prouver le contraire c’est bien juste ?
TR : Effectivement, de plus en plus les entreprises se rendent compte que proposer des cours d’impro à leurs employés est bénéfique pour l’ambiance générale des équipes et sur la production de l’entreprise. Les valeurs de l’impro sont l’acceptation, l’écoute, la confiance et le fait d’aller dans le même sens. Toutes ces valeurs se retrouvent dans les équipes d’employés au sein des entreprises. Concrètement, cela peut se traduire par un simple cours sur la prise de parole. Grâce à l’impro, les gens apprennent à s’écouter, à se parler et à avoir confiance en eux, et en plus, c’est quelque chose qui reste après le cours au sein de l’équipe et qui ne s’évapore pas une fois que la journée est terminée.
GD : Dans la société actuelle nous avons besoin de réapprendre les rapports humains, être en équipe et pouvoir se sentir bien au sein de celle-ci. L’écoute, l’engagement, le respect, la collaboration avec l’autre, toutes ces valeurs-là sont vraiment importantes aujourd’hui. Et les techniques proposées par l’improvisation théâtrale semblent améliorer la communication et les relations interpersonnelles en entreprise.
Est-ce qu’on peut dire alors que l’impro a un pouvoir sous-estimé ?
TR : Tout à fait, même largement sous-estimé ! L’impro est un outil d’ouverture, qui permet d’augmenter la confiance en soi, elle ne comporte que des avantages ! Faire de l’impro te demande d’être ouvert à tout ce qui est autour de toi et te permets de faire face aux challenges quotidiens.
GD : Ce qui est plaisant dans l’impro, c’est l’esprit de bienveillance qui touche tous les participants à l’improvisation. Il y a un véritable échange interculturel et intergénérationnel lors des cours. Le fait d’improviser avec des inconnus est bénéfique pour soi-même, mais aussi pour apprendre à connaître l’autre.
Concernant vos projets futurs, je suppose qu’il faut innover pour toucher toujours plus de monde…
TR : Pas forcément, d’un côté on a un public fidèle, qui est là à chaque fois que l’on donne des spectacles avec une formule « classique ». Par contre, lors de la création d’un nouveau concept, il faut plusieurs représentations pour conquérir le public, et celui-ci devient vite, à son tour, un « classique ».
Ce qu’on cherche à faire dans la Compagnie lesArts, c’est de changer le contenu ou la façon de faire de l’impro, et pas seulement modifier la forme du spectacle. En 10 ans, on a imaginé 13 créations dont nous sommes particulièrement fiers. Concernant les cours, nous observons qu’en dix ans, nous sommes passés de deux cours par semaine à une vingtaine N’étant plus la seule compagnie dans le domaine on peut estimer qu’à Genève, on est passé de 20 élèves qui pratiquent l’impro à près de 1’000, et la demande est toujours là. Il y a 20 ans, lorsque je disais « je suis dans l’impro », je devais expliquer ce que c’était. Maintenant beaucoup plus de gens sont au courant de ce qu’est l’impro et s’intéressent à elle.
GD : Au cœur de cette discipline, c’est la promotion de la culture mais aussi le renforcement de synergies avec l’économie locale. Des projets nous en avons plein ! Mais nous allons lentement et sûrement. Le but étant de faire de notre structure un vecteur de connexion humaine…
Propos recueillis par Clément.
Contact :
Du 15 au 19 mars 2017. Du mercredi au samedi à 20h et dimanche à 18h.
Lieu : Casino Théâtre – 42, rue de Carouge, 1205 Genève
Prix : étudiant 20.- (tarif plein 30.-)
Plus d’information sur la page de l’événement www.catchimpro.ch
Plus d’information sur la Compagnie lesArts : https://www.lesarts.ch/site/index.php