Une playlist regroupant les meilleurs artistes suisses urbains est mise en ligne sur Spotify ce 12 juin. Il s’agit d’une occasion en or pour faire rayonner le talentueux rap helvétique, plus prometteur que jamais ! L’initiative a été lancée par trois managers et producteurs confirmés de la scène hip-hop suisse romande, qui ont préféré oeuvrer dans le secret pour garder une forme de neutralité et d’impartialité.
« Le blocage des frontières nous a empêchés de poursuivre nos projets en cours. On a donc réfléchi à miser sur le streaming et développer le côté business qui façonne le rap aujourd’hui », explique l’un des trois instigateurs du projet. Si cette pause forcée a réveillé les envies de s’exprimer et de partager ce qui se passe derrière les montagnes suisses, le travail acharné de promotion du rap local n’en est pourtant pas à ses débuts. « On se demande pourquoi la Suisse ne pourrait pas devenir une référence en termes de rap ? La Belgique qui a la même taille que la Suisse et les mêmes barrières culturelles et linguistiques s’est imposée ces dernières années dans la sphère francophone ».
La playlist Cream : La Cream de la Cream mise en ligne le 12 juin sera renouvelée chaque mois, ce qui permettra également à l’équipe de rester à jour dans les découvertes florissant ci et là sur internet. Elle propose actuellement des artistes comme KT Gorique, Jar Pacino ou Moms, mais aussi de nouvelles pépites qui viennent de débarquer dans le rap game. Cette sélection se donne pour objectif de refléter de manière authentique ce qui se passe dans le tissu musical local, et pourrait révéler au sein, mais aussi au-delà des frontières, l’immensité du potentiel des artistes urbains en Suisse dans tout son éclectisme. D’ailleurs, les provenances des musiciens s’étendent aussi bien en Romandie qu’au Tessin, sans oublier la région alémanique. « On souhaite proposer des têtes différentes que d’habitude, et surtout miser sur la qualité comme seul critère », précise le curateur. On pourra alors étendre son oreille à travers divers styles de la musique urbaine, allant de la trap au r’n’b. « On reste quand même dans la mode, dans l’ère du temps. De nos jours on propose du rap qui bouge bien, c’est moins introspectif ».
« Il faut prendre ses responsabilités, maintenant »
L’appel à la professionnalisation des artistes est alors en marche, du moins c’est ce qu’espère l’équipe managériale. Cette playlist sert de première impulsion afin de motiver les jeunes rappeurs et rappeuses à y croire : car, selon les managers, la Suisse a un train de retard. « L’approche business est tout aussi importante que la création musicale. L’amateurisme doit cesser », précise-t-il.
Pour booster l’effervescence et professionnaliser le travail, le label a profité de ses contacts en France pour faire appel à des piliers de l’industrie musicale en guise de soutien. Le visuel de la pochette de la playlist a été notamment réalisé par Adonis, un graphiste indépendant travaillant avec le prestigieux collectif français 92i-7Corp Universal. En suivant cette démarche, les managers espèrent une avancée dans le monde du rap national, en élargissant de manière conséquente l’audience et en cassant les clichés d’une Suisse timide et enclavée dans son confort.
La Cream porte également un combat qui lui tient à cœur concernant l’inclusion des artistes d’origine afro. « De manière sournoise, on est confronté aux discriminations dans le monde de la musique en tant que personne noire ou métisse, c’est un fait ». Pour tenter de visibiliser les artistes qui se heurtent à la difficulté encore plus brute de la réussite, cette playlist met en avant de manière majoritaire les artistes issus des minorités. Et quant aux femmes, les curateurs souhaitent également les valoriser le plus possible, et encore plus lorsqu’elles sont non-blanches.
Ce projet est alors plein de promesses. En attendant de voir si la crème prendra et donnera l’élan tant espéré au rap suisse, la playlist est prête à être streamée sur Spotify !
