La culture d’après ?

crédit : N.Martinez

Nul n’a pu ignorer « A bout de souffle », l’appel des protagonistes du monde de la nuit qui souhaitent attirer l’attention sur l’absence de dialogue entre les autorités cantonales et les acteur·trice·s des nuits genevoises. Comment continuer à exercer lorsque tout semble bloqué ? Face à ce constat alarmant et profondément anxiogène, EPIC-Magazine a décidé de prendre du recul en questionnant plusieurs acteur·trice·s culturel·le·s. Comment ces derniers·ères envisageraient la culture dans un monde utopique ?

Depuis le début de cette pandémie, le « monde d’après » est régulièrement convoqué dans les médias. Cette expression dont les contours sont encore à déterminer semble apporter un regain d’espoir dans la situation actuelle. Qu’en est-il concrètement ? Illusion ou vraie remise en question ? Tour d’horizon à La Bâtie avec Neil Galuba, programmateur musical, et Cyril, Jonas, Mosi, Mathieu et Karim, acrobates de la compagnie Galaktik Ensemble. Cette dernière se produit sur scène pour trois représentations d’Optraken, une performance d’acrobatie de situation où le rapport à un environnement accidenté est questionné.

La culture face à la crise

Neil Galuba commence notre entretien en réagissant, avec ironie, à l’actualité suisse : « Peut-être autant d’argent pour la culture en Suisse que pour les avions de chasse à 7 milliards ? ». Il n’en oublie pas pour autant la situation genevoise qui lui tient à cœur : « J’aimerais que le Conseil d’État se positionne fortement pour un soutien à la culture et propose de vraies solutions, qu’il fasse au moins semblant de comprendre l’importance de notre milieu. » Un souhait qui semble avoir été entendu, en partie, puisque les députés ont voté – au niveau national – en faveur d’un soutien financier au secteur de l’évènementiel. Toutefois, cette aide pourra être octroyée à condition que les cantons où l’entreprise a son siège apporte également un appui financier.

Pour le programmateur musical, la culture doit revenir au cœur des préoccupations du public comme des politiciens. De plus, les démarches doivent se voir facilitées : « les supports financiers aux artistes, aux clubs, aux salles, aux festivals, aux théâtres, aux cinémas devraient être plus faciles à avoir et moins bureaucratiques, politisés ou hiérarchisés. » Un point de vue partagé par Cyril et Jonas, pour qui « le monde de la culture souffre d’un manque de volonté des institutions pour faire face à nos réalités. »

La société d’après

L’utopie culturelle s’accompagne de changements sociétaux profonds. Jonas envisage un renouveau écologique et environnemental pour les compagnies : « Il serait intéressant que les structures s’accordent pour qu’il y ait une certaine cohérence dans les tournées, que le train ou le vélo soient privilégiés comme moyen de transports quand cela est possible. La prise de conscience est lente, on a du mal à changer même si tous les signaux nous disent de passer à l’action. » Pour Mosi, la culture devrait évoluer et être accessible à tou·te·s. Mathieu, quant à lui, regrette un appauvrissement des diversités culturelles au profit d’hégémonies écrasantes.  

Des lendemains qui chantent

En imaginant un futur libre de toutes restrictions, Mosi souhaiterait un espace de création beaucoup plus fluide car « les restrictions à la liberté d’expression seraient abolies dans le monde entier et nous serions libres de créer à une échelle immensurable. Alors cela donnera un niveau de conscience et d’empathie entre les gens et le monde naturel qui nous permettra de vivre dans le respect de tou·te·s. » Pour Mathieu, cette liberté permettrait une diversité totale dans les formes d’expressions que cela soit dans l’art mais aussi au travers de toutes sortes de marqueurs identitaires.

Si justement on ne se laisse pas uniquement gagner par le pessimisme, rapprochons-nous d’un monde utopique.

Notre entretien se termine. Si le sujet de l’utopie culturelle semble infini, Cyril nuance : « Pour moi, les idées proposées dans une œuvre germent d’une actualité où peu de choses se passent bien. Comme l’optimisme n’existe pas sans le pessimisme, l’espoir sans d’obscurs desseins, j’ai le sentiment que l’on enseigne, transmet, invente pour répondre à quelque chose en déclin. » Jonas tempère : « On est encore bien loin d’un monde utopique. La prise de conscience est lente, on a du mal à changer même si tous les signaux nous disent de passer à l’action. Si justement on ne se laisse pas uniquement gagner par le pessimisme, rapprochons-nous d’un monde utopique. »

La Bâtie se poursuit jusqu’à dimanche. L’article sur nos coups de cœur est disponible ici.

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