Portrait sauvage

Un jeune cerf (Crédits : Florian Devaud)

Amoureux de la nature, des cerfs et de la photo, Florian Devaud parcourt depuis tout petit les forêts, parfois à la recherche de champignons, souvent sur les traces d’animaux, mais avant tout en quête de quiétude et d’instants captivants. Portrait d’un jeune photographe de nature réservé qui n’hésite pas, dès qu’il a une seconde pour lui, à s’isoler pour aller observer cerfs, sangliers, et autres chevreuils.

Comment en es-tu venu à la photo ?

À la base, mes parents avaient une maison dans le Jura, du coup j’ai passé toute mon enfance au contact de la nature. Mon père m’emmenait avec lui lors de ses ballades. Ensemble on allait pêcher, ramasser des champignons et voir des animaux. En grandissant, je me suis rendu compte que j’avais de la chance de voir autant de belles choses dans la nature, et que j’aimerais bien les montrer aux autres. Vers l’âge de 10 ans, j’ai demandé à mes parents et ai reçu mon premier appareil photo jetable. Mais c’est surtout lorsque j’ai reçu un appareil numérique que ça a commencé. Je commençais à lire des magazines sur le sujet et à me rendre seul dans la forêt pour prendre des photos de paysage et d’animaux. Ensuite, grâce à mes jobs d’été, j’ai économisé et acheté un appareil modèle Bridge, puis en 2010 mon premier Reflex avec un bel objectif. Et au fil des ballades et des rencontres, je me suis perfectionné.

Pourquoi partager tes photos ?

C’est venu assez naturellement je dirais. Déjà petit, je voulais montrer la beauté de la nature aux autres. De manière générale, j’ai l’impression que les gens ne remarquent plus la nature… Je suis là pour leur faire prendre conscience de la splendeur de celle-ci. Et puis, quand j’ai commencé à poster mes photos sur mon profil Facebook, les gens ont apprécié, donc ça m’a donné envie de partager plus. J’ai donc lancé ma propre page photo.

(Crédits : Florian Devaud)

Quels sont tes lieux préférés pour prendre des photos ?

Je vais dans les coins où mon père m’emmenait, la plus part d’entre eux sont dans la campagne genevoise. Avec le permis voiture, j’ai pu explorer d’autres endroits aussi. Depuis maintenant quelques années, je vais souvent au Jura pour observer notamment les cerfs. J’essaie d’y aller tous les weekends. Là-bas, j’ai même eu la chance de filmer des lynx avec mon piège photo. En général mes lieux préférés sont les endroits où il y a le plus de tranquillité.

Tu croises souvent des chasseurs lors de tes visites en forêt ?

(Crédits : Florian Devaud)

Je les côtoie pas plus que ça non. J’en vois parfois mais je ne vais pas trop vers eux. Ce qui me gêne, c’est qu’ils ont souvent l’impression que la forêt leur appartient en oubliant que d’autres personnes aiment y passer du temps. Je n’ai pas de problème avec les chasseurs, depuis le temps que je vais dans le Jura, je vois toujours autant de cerfs… Mais, pour avoir vu comment cela se passait lorsque, petit, j’accompagnais mon oncle et mon cousin à la chasse, je n’arrive pas à comprendre comment on peut retirer du plaisir en tuant un animal. Après, chacun ses passions et je respecte quand même la leur lorsque cela se fait dans le respect de l’animal.

Que recherches-tu à travers la pratique de la photographie ? 

D’un point de vue personnel, j’ai besoin de solitude et être dans la nature me repose et me fait du bien. Je me sens mieux quand je suis coupé du monde, j’ai par exemple cette impression quand je suis dans le jura. Je suis quelqu’un de solitaire, qui ne parle pas beaucoup et je me sens simplement bien dans cet environnement. Cela ne m’embête pas de faire des journées seul dans la forêt, j’ai cette âme un peu sauvage… La photographie m’apporte cette petite excitation au moment de la rencontre avec l’animal, et le côté challenge me motive énormément, toujours essayer de faire des photos plus belles. J’aime beaucoup les ambiances de la nature, notamment durant l’automne où les couleurs sont incroyables.

Après, je photographie des animaux car je veux les mettre en valeur. J’ai beaucoup de respect pour eux. Parfois, je me sens même plus attaché aux animaux qu’aux humains, car trop souvent, les gens ne font pas attention et ne respectent pas les animaux et je trouve ça dommage. Grâce à la photographie, je peux jouer en quelque sorte le rôle d’intermédiaire entre eux et les humains, afin de les sublimer dans leur environnement.

Quels sont tes conseils pour réussir une photo animalière ?

(Crédits : Florian Devaud)

Avant tout, il faut passer du temps sur le terrain, marcher dans les traces, analyser les écorces d’arbres frottées, repérer les excréments des animaux. Cela prend du temps de connaître les habitudes des animaux, moi j’y vais toute l’année et donc je commence à bien connaître leurs habitudes saisonnières. Cela m’aide par exemple pour poser mes « piège-photo », ces boîtes qu’on dépose sur des arbres et qui s’enclenchent automatiquement lorsqu’un il y a du mouvement sous ses capteurs. Je les mets proche des points d’eau, là où il y a des passages ou encore proche des zone d’herbe où les animaux viennent manger. Ils me permettent de repérer des animaux en semaine quand je ne suis pas sur le terrain.

Au niveau de la composition de l’image, je cherche toujours à mettre l’animal dans son environnement, pas de prendre juste la bête mais montrer la vie qu’il mène. Je cherche à la mettre dans le cadre et à restituer une ambiance.

Dans la nature, animal ou pas animal, l’élément essentiel pour moi est la lumière. Tu peux avoir le même animal au même endroit plusieurs jours de suite, un changement de lumière peut tout changer. Pour ça, l’automne est la meilleure saison. L’été est pratique pour ses longues journées. J’ai un peu plus de peine avec l’hiver, car les couleurs sont fades, froides et l’ambiance est plus terne. Par contre quand la neige arrive, l’inspiration revient.

Dernier élément pour qu’une photo soit réussie : il faut une part de chance. Des fois t’attends des heures sans rien voir et parfois en juste dix minutes t’as une bête qui se montre.

Est-ce que tu retouches tes photos ou tu gardes le côté brut ?

Le moins possible, je n’aime pas modifier mes photos. Si je fais des retouches, elles sont mineures et c’est juste un ajustement de l’éclaircissement ou du contraste.

Si tu pouvais voyager dans n’importe quel lieu sur terre, où irais-tu ?

J’aimerai beaucoup aller au Canada photographier des élans, mais aussi dans le Parc national de Yellowstone pour observer la faune. Et sinon l’Islande pour ses aurores boréales ! En général, les pays nordiques m’attirent beaucoup.

Est-ce que tu te vois vivre de cette passion ?

Si je pouvais vivre de la photo, ce serait cool, mais en réalité c’est compliqué. Souvent, si tu es à ton compte, tu es obligé de faire des trucs qui marchent, comme des portraits ou des photos de mariage, et ce n’est pas du tout mon style, donc je préfère garder ça en passion. Après il y en a qui y arrivent et ils ont bien de la chance, mais ce n’est pas un but non plus pour moi, je suis très heureux dans mon mode de vie actuelle.

As-tu une exposition de prévu ?

Pour le moment non. J’ai fait ma première exposition dans une galerie à Carouge en avril dernier. J’avais un mois de libre entre deux jobs lors de mon service civil et je me suis lancé. Au final, j’étais content du résultat et j’ai reçu des critiques positives. Mais monter une expo, cela demande un grand investissement… Dans ma situation actuelle, c’est compliqué : je n’ai pas encore de métier fixe, pas de vacances quand je veux et pas un grand salaire. Je suis motivé, mais sans un vrai réseau développé, c’est pas facile à trouver un lieu abordable.

Par contre, l’année dernière j’ai fait un calendrier avec mes photos. Je recommence cette année et pour les gens intéressé, il suffit de m’envoyer un email.

 

Pour suivre Florian, rendez-vous sur sa page Facebook

Pour commander son calendrier, envoyer un mail à l’adresse : flodev@hotmail.ch

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