Quand le Dancehall entre en fusion, entretien avec Bony Fly

© Lorenzo Milelli

C’est à la fin de l’été au Café du Lys qu’EPIC part à la rencontre du jeune producteur genevois Bony Fly. Entre Reggae, Dub, Dancehall et Reggaetón, l’artiste sera à la Gravière ce vendredi pour une Dancehall Fusion, dont il en est l’initiateur.

Voilà plus de dix ans que le monde de la musique est entré dans la vie de Bony Fly. Un passionné de musique ayant commencé dans un groupe reggae ska à ses treize ans, puis qui s’est tourné vers la production depuis 2011. A ses débuts comme producteur, le genevois a une prédilection pour la musique reggae dub, puis changement de cap avec le dancehall et le reggaetón depuis trois ans : « j’avais envie de sortir du reggae dub, je trouvais ça un peu mou et je me suis dit qu’il fallait essayer de combiner, sans oublier mes racines musicales et d’où je viens. » explique Bony Fly « je produis en utilisant des vieilles techniques de musique jamaïcaine des années 70. Le dancehall vient du reggae roots, du coup je mixe en prenant soin de garder son grain si particulier.» Un grain particulier, plus organique, qui lui évite de tomber dans les productions « trop lisse » où « tout est parfait » et qui lui permettent de jouer avec sa table de mixage comme avec un véritable instrument donnant à chaque mixe « une direction différente et un rendu unique ».

Ses origines influencent aussi directement sa manière de voir la musique : avec des parents allemands et guatémaltèques, et de nombreux voyages, le producteur s’est découvert une curiosité pour le monde qui l’entourait. Ses études en sociologie lui ont permis de se sensibiliser à la question de l’appropriation culturelle, de l’hybridation et de mélange culturels très présents dans le monde de la musique. Après plusieurs années de digging, c’est suite à ses expériences de studio et ses voyages que Bony Fly décide de se consacrer presque exclusivement à la production et aux remix « j’ai un pote qui m’a lancé dans la production et avec qui je travaille beaucoup qui s’appelle Androo. Il a un Sound Sytem de reggae dub qui s’appelle NS Crew et on a un label, Sparring Partners, sur lequel on a sorti deux vinyles avec nos productions. »

Alors quand on lui dit que les musiques latines sont, pour certaines, sexistes et machistes Bony Fly nous répond « il faut les jouer de manière consciente c’est-à-dire en se rendant compte de ses côtés négatifs et les détourner. C’est ce qu’on essaye de faire avec nos soirées Dancehall Fusion qu’on organise à la Gravière avec Wasulu : on souhaite amener un coté contemporain, en fusionnant des styles. Le reggaetón est une musique tellement dansante, mais il faut le proposer différemment. » Les Dancehall Fusion visent à introduire le dancehall de manière alternative en le fusionnant avec d’autres musiques urbaines axées soundsystem, comme la bass music, le dub, le hip-hop, le reggaeton et le reggae. Depuis plus d’une année, ce format prend place à la Gravière de manière régulière, remportant toujours un certain succès, avec des artistes invités, tant locaux, qu’internationaux.

Après des dates un peu partout à Genève (à l’Usine, au Motel Campo, au Terreau et bien sûr à la Gravière), le producteur part en tournée avec Taiwan MC de Chinese Man Records. Une tournée qui lui a, entre autres, permis de jouer à New York, au Canada, au Mexique et en Colombie entre février et mars 2018. Entre juillet et août de la même année, Bony Fly retourne à Bogotá, Medellín et New York pour quelques dates et enregistre une grande partie de son nouvel album. Voyager, créer des contacts et créer du lien : trois éléments essentiels dans la vision de la musique par Bony Fly, qui sortira son premier album en 2019. Enregistré entre la Colombie, la Jamaïque, Genève et New York, l’album de Bony Fly souhaite être un crossover entre Dancehall et musiques urbaines latines. Ces enregistrements lui ont aussi montrés la discipline de fer et l’entraide absolue des producteurs latino-américains, « on passait en moyenne douze heures en studio, et tant que ce n’était pas parfait, tu t’arrêtes pas. » raconte le genevois « on était parfois une vingtaine dans le studio et tout le monde voulait aider, donner des conseils : c’était très différent de ce dont j’avais l’habitude. »

Le passionné de musique était donc relativement peu à Genève ces derniers temps, quel est son avis sur la cité de Calvin ? « J’ai l’impression que mon projet ne sera pas forcément bien reçu ici, mais dans d’autres villes oui. Après, quand j’enregistre des morceaux, y a toujours Genève qui est citée, c’est une ville qui m’a construit, qui m’a formé, mais je pense que ma musique sera plus appréciée ailleurs. » L’envie de Bony Fly ? Proposer un hybride entre le monde commercial et l’underground. Mixer ce qui ne semble pas aller de soi et apporter quelque chose qui dérange, mais qui séduit les animaux nocturnes. Une musique que l’on entend peu à Genève, mais qui envoûte et qui fascine. Une invitation à danser, à se laisser emporter par les sonorités latines, à explorer vendredi 26 octobre à la Gravière!

Pour en savoir plus sur Bony Fly : Page Facebook, Soundcloud

Pour en savoir plus sur la soirée du 26 octobre à la Gravière : Evénement Facebook 

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