Songe d’une folle nuit d’été à l’Orangerie

© Théâtre de l'Orangerie

Depuis le 12 septembre, la compagnie Llum Teatre se réapproprie Le Songe d’une nuit d’étépièce incontournable de l’œuvre de Shakespeare, pour en proposer une version innovante et décalée. Plongée dans la féérie d’une nuit de fin d’été au sein du bel écrin qu’est le Théâtre de l’Orangerie.

Que vous soyez prévenu dès le début de la pièce : il vous faut oublier tous vos a priori sur le théâtre de Shakespeare et les innombrables adaptations de ce Songe d’une nuit d’été quadricentenaire. Oui, ce que vous allez voir ce soir dépasse ce que vous auriez pu imaginer. Transporté dans la moiteur d’une nuit estivale quelque part durant l’Antiquité, on découvre une histoire faite d’imbroglios rocambolesques, où se bousculent des dieux jaloux, des fées farceuses, des mortels habités par leur passion. On est enivré par cette intrigue composée de filtres magiques, d’amours rompues puis retrouvées, de querelles entre immortels. Au fur et à mesure que la pièce avance, on s’enfonce toujours davantage dans une forêt enchantée et enchanteresse, où l’étrangeté et le surnaturel règnent et fascinent.

Shakespeare n’a jamais semblé aussi intemporel qu’au moment où ses vers sont clamés dans les profondeurs de la forêt de l’Orangerie. Un souffle de vie, de gaieté et de modernité traverse le texte du maître, avec une place de choix pour l’humour et le loufoque. Ce n’est pas exagéré de le dire : les dialogues de Shakespeare peuvent être incroyablement drôles, même aujourd’hui. D’autant que ce n’est pas le fruit du hasard si les échanges entre les personnages font mouche : leur drôlerie est à mettre au crédit des comédiens, dont le talent et l’énergie font briller la nuit shakespearienne de toutes ses étoiles. Impeccables dans une mise en abîme très maîtrisée – en même temps qu’ils jouent certaines scènes du Songe, ils abandonnent parfois leur personnage pour redevenir de simples artistes s’écharpant sur la création d’une pièce –, les comédiens entretiennent à merveille l’ambiguïté de leur rôle. De ce fait, le public, confronté à un spectacle imprévisible, s’interroge constamment et se rit d’autant plus des situations improbables et jubilatoires qu’amène le théâtre dans le théâtre.

Ce Songe fait partie de ces pièces vraiment vivantes : le spectacle commence ainsi à l’extérieur, avant que le public ne soit amené à gagner la salle, dans laquelle se déploie un décor épuré et minimaliste au possible. Les personnages, prisonniers d’un rêve doux-amer, se meuvent sur un tas de terre disposé au centre de la scène : sans aucun arbre dans le dispositif scénique, cet amas sans forme est la seule évocation de la forêt, en dehors d’un jeu de lumières colorées somptueux, évoquant à merveille les bois et les esprits qui les habitent. En remplacement des traditionnels rideaux, on assiste également à un admirable jeu de voiles, qui, tel un ballet silencieux, participe à la dimension onirique de la pièce. Dans le tumulte de cette nuit d’été, la poésie s’impose par petites touches et avec élégance.

Le metteur en scène Joan Mompart et sa troupe proposent une version pleine de modernité, d’humour et de vie de ce texte classique, dépoussiérant l’œuvre du grand Shakespeare avec panache. Ce Songe d’une nuit d’été constitue un moment suspendu, placé hors du temps, et titille notre envie de découvrir davantage le théâtre contemporain, qui éclaire magnifiquement les textes des grands maîtres passés, niant l’épreuve du temps. Il ne fait aucun doute : la meilleure manière de clore l’été est de se rendre au Théâtre de l’Orangerie jusqu’au 29 septembre pour y assister à ce Songe enchanté.

Toutes les infos : Théâtre de l’Orangerie

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