SPIELACT FESTIVAL : L’ART EST UN JEU

©Charline Tuma de Blow Your Mind Design

En l’honneur de la première édition du festival Spielact qui se tiendra jusqu’au 9 juin, EPIC rencontre Amira El May Lakhoua, fondatrice et directrice artistique, qui nous confie l’histoire et l’identité de son œuvre. Avec Amira, nous parlons du Jeu, notion mais aussi outil central des performances, installations, workshops, concerts, soirées et happenings présentés. Les chiffres ? 80 artistes, 16 lieux et 10 jours pour aborder trois thématiques d’actualité : le genre et la sexualité, la cité du futur et l’humain augmenté. Spielact a pour ambition de nous éveiller à ces enjeux à travers l’immersion et la participation, mais surtout, par un véritable retour à nos racines d’Homo Ludens, l’Homme qui joue.

Tout a commencé il y a plus de trois ans. Amira commence à travailler sur la notion de jeu. De là nait une passion pour ce concept « riche, qui offre énormément de possibilités, que ce soit dans la médiation culturelle ou dans le fait de faire passer un message complexe de façon plus simple ». Amira se lance alors dans la conception de jeux en collaboration avec des designer.euse.s et des artistes. Elle fonde ainsi DesGensBien, un studio de création d’objets et d’environnements ludiques basé en Suisse.

Elle travaille dans l’évènementiel culturel, notamment pour le festival Mapping, et développe un réseau d’artistes et de curateur.trice.s dont elle admire le travail. Amira ajoute ainsi une à une les cordes à son arc et en 2018, elle décide de se lancer dans un projet nouveau, un festival engagé sous forme de « laboratoire ludique » qui mêle les arts et utilise le jeu comme outil d’apprentissage actif. C’est la naissance de Spielact.

Une programmation expérimentale

Une fois le concept du festival établi, commence le travail de programmation. « Nous avons la chance à Genève d’avoir énormément d’artistes de qualité. C’est grâce à cela que j’ai pu faire ce festival. Quand je dis artistes, je parle de designer.euse.s, architectes, plasticien.ne.s, musicien.ne.s, danseur.se.s… Mais chacun reste dans son milieu : les architectes ne connaissent pas les plasticien.ne.s, les designers – les musicien.ne.s. »

La conception des œuvres devait elle aussi passer par l’imaginaire et le jeu. Après avoir regroupé une liste d’environ 80 artistes, Amira les a rencontrés individuellement pour leur offrir deux possibilités : travailler seul.e.s ou en collaboration avec un.e artiste inconnu.e pour créer une installation ludique tout en intégrant l’une des trois thématiques. « Je leur ai donné un lieu, une date et une heure à laquelle ils devaient se présenter. Le premier arrivé devait poser une feuille blanche. Ils ne savaient pas du tout qui ils allaient rencontrer. La seule chose que je leur ai dite c’est que ce sera quelqu’un qui n’est pas dans leur domaine. »

Le choix des rencontres était intuitif : « je me disais que ces personnes iraient bien ensemble ou alors que ces personnes sont totalement opposées – à voir ce que ça peut donner ! ».

Alea jacta est, des artistes de tous horizons entreprennent des travaux multidisciplinaires et, un an plus tard, nous présentent leurs créations exclusives qui n’attendent que le public pour prendre vie. C’est le cas des spectacles immersifs comme Storm Distraction 2440 ou encore des installations, telles que Cobalt-Rich Crusts qui projette les participant.e.s dans un futur où l’épuisement des ressources contraint à explorer les fonds marins. Les participant.e.s seront invité.e.s à composer les plaines abyssales et terminer l’installation lors du vernissage le 31 Mai au Pavillon Bleu.  Entre performance et installation, la Cité du Futur est un kaléidoscope géant lumineux situé à la Maison Tavel. Les spectateurs pourront s’introduire dans ce dôme et découvrir le danseur qui l’animera.

Oeuvre similaire à la Cité du Futur qui sera exposée à la Maison Tavel ©garageCube

Des thématiques actuelles et engagées

Jouer c’est entrer en contact avec l’œuvre, avec l’artiste et aborder un sujet complexe de manière légère. « Le public est souvent réticent face à l’art contemporain, qui peut paraitre abstrait. Le jeu permet de briser cette barrière et d’interagir avec l’œuvre. L’art est de toute façon ludique. L’art est un jeu. » 

Cette première édition se consacre à trois thématiques qui, d’après Amira, feront partie de l’identité de Spielact tant que notre société aura besoin de les aborder. « Le jeu nous permet d’imaginer d’autres possibilités, proposer des solutions, des alternatives. Tout ce qui existe part de l’imagination, part d’une idée. Le but est d’imaginer des possibilités futures et d’éveiller une discussion. »

Tout ce qui existe part de l’imagination, part d’une idée.

Certains artistes, comme Victoria Marechal qui sera exposée à Andata/Ritorno, ont fait de leur travail des créations politiquement engagées. Son travail intitulé Chère Lady construit le portrait de Ladyzunga, une trans originaire de Colombie décédée dans des circonstances encore inconnues. « Elle s’est battue toute sa vie contre la binarité sexuelle dans laquelle on vit. Victoria Maréchal a créé une pièce qui fait revivre cette femme par des témoignages de personnes qui la connaissent et qui dialoguent avec elle. » 

La question des genres, de notre identité en tant qu’Humain et de notre futur en termes écologiques – voici le terrain de jeu auquel Spielact nous propose de participer. Dix jours de concerts, soirées, workshops, performances et installations se réunissent au cœur d’un seul slogan : Jouer – Penser.

Pour plus d’informations, vous pouvez consulter le site internet du festival, ainsi que les réseaux sociaux : Instagram et Facebook.

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