Une intrigue policière au cœur du mouvement féministe

Le printemps peine décidément à faire son grand retour, la pluie et le froid sont à nouveau annoncés pour cette fin de semaine. Le temps étant ainsi idéal pour rester chez soi et se glisser sous sa couverture, que diriez-vous d’en profiter pour ouvrir ce bouquin qui prend la poussière dans votre bibliothèque ou d’en acheter un nouveau à la librairie ? EPIC souhaite mettre à l’honneur les auteur·e·x·s romand·e·x·s dans une série consacrée à la littérature noire. Et pour ce premier numéro, nous vous proposons de découvrir le livre de Matteo Salvadore, Larmes de renard.

Fred Vargas, Maxime Chattam, Michel Bussi, Franck Thilliez, Joël Dicker, Bernard Minier, voilà des noms bien connus du polar et du thriller dans la francophonie. Têtes d’affiche de la littérature noire, ces auteur·e·s aux multiples succès inondent les librairies et permettent, il faut bien le dire, à l’industrie du livre de maintenir la tête hors de l’eau. Pas facile ainsi de faire sa place pour les nouveau·elle·x·s auteur·e·x·s au milieu de cette industrie aux rouages bien huilés, dans ce club très sélect où le pass VIP n’est accordé qu’à une poignée d’élu·e·x·s, triée sur le volet sur des critères que personne n’a, à ce jour, été capable de définir. Comment fait-on ainsi quand on est un·e·x écrivain·e·x , suisse qui plus est, pour trouver son lectorat ? 

Ce premier article est consacré au tout jeune auteur Matteo Salvadore, qui vient de publier aux éditions Plaisir de Lire son premier roman Larmes de Renard. Le livre s’ouvre avec la découverte d’un corps, celui d’une femme retrouvée morte en lisière de forêt, la peau complètement brûlée. À quelques dizaines de mètres d’elle, gît la dépouille d’un renard éviscéré, clouée froidement sur une porte d’entrée. C’est l’inspectrice Maude Colomb et ses hommes de la nouvelle brigade veveysane qui sont chargés de l’enquête. Mais par où commencer quand les indices manquent ? Est-ce l’œuvre d’un·e·x détraqué·e·x ? Une victime qui se trouvait au mauvais endroit au mauvais moment ? Très vite, il paraît évident que ce meurtre n’a rien d’un hasard, tout a été soigneusement prémédité. Alors que ces dernières années se sont révélées être des années charnières pour le militantisme féministe, il convient de se rappeler que trente ans auparavant, en 1991, des femmes brandissaient déjà haut le poing pour mettre en lumière les absurdités et les dérives d’un système patriarcal et qu’hier comme aujourd’hui, ces luttes pour l’égalité ne plaisaient pas à tout le monde… 

Un texte engagé et une plume qui prend de l’assurance au fil des pages

Avec son roman, l’auteur réussit le périlleux exercice de concilier divertissement et engagement. Un page turner militant qui met à l’honneur des personnages féminins forts et variés, à l’image de la charismatique inspectrice Maude Colomb, qui mène avec force et dextérité ses hommes dans cette enquête aux multiples rebondissements, mais aussi Camille ou Christiane que je vous laisse découvrir si vous avez la bonne idée de vous procurer ce livre. L’écriture est précise, efficace, et s’il est vrai qu’il m’a fallu quelques dizaines de pages pour entrer pleinement dans l’histoire, l’apparition d’une deuxième temporalité dès le huitième chapitre permet de donner un véritable souffle au récit et d’embarquer pleinement le lecteur. Le roman reprend les grands tropes du polar, les ressorts narratifs propres au genre, mais l’auteur a su les faire siens pour proposer un texte véritablement inédit. Quel plaisir enfin de découvrir des intrigues qui prennent racine dans nos terres helvétiques ! Qui a dit que les régions romandes ne pouvaient pas être le théâtre de meurtres macabres et d’enquêtes aux multiples rebondissements ? Et parce que le dénouement compte beaucoup dans l’appréciation d’un polar, je vous assure, celui-ci est réussi.

Larmes de renard est à retrouver en librairie et sur le site internet de la maison d’édition Plaisir de Lire.

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