Une passion pour la nuit

EPIC ouvre les portes de sa rédaction cet été ! Des jeunes plumes, des jeunes journalistes nous ont envoyé leur article. Découvrez ce premier papier, écrit par Sonia Imseng.

Cinq personnes travaillant dans cinq clubs romands ont accepté de se dévoiler sur leur métier et leur passion pour les nuits romandes.

Durant une année, les portes des clubs se sont retrouvées fermées, une situation difficile qui a touché durement ce milieu. La pandémie a mis en avant le manque de visibilité des personnes travaillant dans le monde de la nuit, et les nombreux préjugés qui entourent cet univers.

Dans ce contexte, j’ai rencontré cinq personnes passionnées par la vie nocturne, travaillant en tant que DJ, programmatrice, technicien, gérant ou encore serveur. Ils·elles m’ont dévoilé leur vision du clubbing et ouvert les portes de leur club.

Sean, technicien/logisticien au D! Club, Lausanne

Photo prise en mai 2021 ©Sonia Imseng

« Ce que j’aime dans le métier de technicien, c’est le moment où la soirée commence, et que tout fonctionne comme prévu – le son, la lumière, le matériel – et que la foule commence à danser. Je ressens que j’ai une grande responsabilité, car la soirée doit avoir lieu, quoi qu’il se passe.

C’est un métier de l’ombre, le public va profiter de sa soirée sans savoir tout ce qu’il y a derrière, qu’on s’occupe du son, de faire les lumières en direct, ce genre de choses. Mais ce n’est pas quelque chose qui me dérange, on doit rester humble et ça me correspond bien. En plus, cela me donne l’occasion de faire découvrir mon métier, de partager ma passion. Quand je gère les lumières, on m’a déjà pris pour le DJ, du coup c’est l’occasion d’échanger avec le public pour expliquer ce que je fais.

Dans les clubs, on va vraiment retrouver une ambiance de fête, j’adore ça. S’amuser, décompresser, c’est un besoin essentiel dans notre société. Durant la pandémie je ne pouvais plus sentir l’énergie de la foule, de la fête, et ça m’a vraiment manqué. »

Le D! Club     
Photo prise en mai 2021 © Sonia Imseng

 
Le D! Club fête ses 25 ans cette année. Ce club iconique lausannois est un ancien théâtre, qui a été reconverti en cinéma, avant de voir le jour en tant que boîte de nuit en 1996. Son grand dancefloor peut accueillir jusqu’à 900 personnes au Flon, en plein centre-ville de Lausanne. Durant la pandémie, tout le câblage du club a été réorganisé.

Garance, DJ résidente à l’Audio, Genève

Photo prise en mai 2021 © Sonia Imseng

« Les clubs fermés pendant de longs mois, je pense que c’est grave et douloureux, oui. Pas seulement pour les propriétaires, les gérant·e·s, les équipes, les technicien·ne·s, les artistes. Mais aussi pour tous les oiseaux de nuit qui ne sortent pas la journée, pour qui le monde de la nuit et les sonorités électroniques représentent leur bouffée d’oxygène, du lien social, de l’inclusivité, du partage, de l’amour, et sont source de joie, d’épanouissement.

Je me souviens de l’importance des clubs et des squats, de la nuit, à l’époque de mes 20 ans, alors que je me découvrais gay, pouvoir danser sur de la musique que je kiffais grave, et en même temps rencontrer des mêmes affinités, me sentir acceptée et libre, ça a été absolument fondamental !

Donc je me réjouis de pouvoir me reconnecter, physiquement, émotionnellement, à tous ces êtres bouillonnants, vibrants, généreux que sont les clubbers, revoir toutes ces personnes que je ne rencontre que la nuit tombée et qui m’ont manqué ! »

L’Audio
Photo prise en mai 2021 ©Sonia Imseng

L’Audio a ouvert ses portes en 2017. Ce club est composé d’une grande salle, qui accueille 800 personnes, et une plus petite, où peuvent danser 300 fêtard·e·s. Des légendes de la techno et la house comme des locaux romands font vibrer ses murs, situés dans un ancien atelier de sérigraphie dans le quartier des Acacias.

TT, aka Thierry, co-créateur/gérant au Folklor, Lausanne

Photo prise en mai 2021 © Sonia Imseng

« Je trouve que les clubs vont permettre de fédérer le public, au-delà de la passion pour la musique. Il y a un côté social important, je me sens même sur-socialisé dans le monde la nuit. Tu te retrouves à danser avec des inconnu·e·s. Tu ne dois pas être fermé d’esprit, être ouvert à toutes et tous. Les liens que tu crées en boîtes sont vraiment uniques, et il y a une mixité sociale assez incroyable.

C’était difficile durant la pandémie de se retrouver sans tous ces contacts, je ressentais un manque d’énergie, de motivation. Il y avait vraiment des hauts et des bas, et c’était pesant de ne pas avoir de perspective pour l’avenir.

Les clubs permettent de faire des rencontres dans des lieux de qualité, c’est vraiment une scène primordiale selon moi. Mais en Suisse elle reste encore trop fermée, il faudrait penser différemment les horaires et arrêter d’ouvrir uniquement la nuit et le week-end. Cela permettrait au public de venir quand il veut, sans devoir forcément terminer à 5 heures du mat’ le dimanche. »

Le Folklor
Photo prise en mai 2021 ©Sonia Imseng

Le Folklor est l’un des derniers clubs lausannois à avoir ouvert, en 2016. Situé dans les sous-sols de la Riponne, le club remplace une ancienne salle de musique de la Ville. L’ambiance est intimiste, avec une capacité de 300 personnes. Et aucune photo/vidéo n’est autorisée à l’intérieur.

Nast, programmatrice à La Gravière, Genève

Photo prise en mai 2021 © Sonia Imseng

« Dans les clubs, il y a beaucoup de personne qui travaillent dans l’ombre. Je pense que pour certain·e·s, cela semble super facile d’organiser et gérer une soirée en boîte, et pourtant cela demande de nombreuses compétences et connaissances. Il existe un manque de reconnaissance des métiers du monde de la nuit et du milieu culturel.

La réalité du terrain est méconnue, on a pu le constater avec le discours des autorités durant la pandémie. J’ai vraiment ressenti que la scène culturelle suisse avait été abîmée, et c’est vraiment dommage car c’est une richesse pour notre pays.  J’ai aussi beaucoup entendu que je devais me reconvertir, faire un autre métier, et je trouve que c’est vraiment irrespectueux comme discours.

Cela fait sept ans que j’évolue dans ce milieu, en tant que DJ surtout, mais j’ai toujours été attirée par la programmation. J’ai commencé à travailler durant la pandémie et je me réjouis vraiment de pouvoir faire pleinement mon travail de programmatrice. Après une si longue période de fermeture, l’énergie du public va être folle. »

La Gravière
Photo prise en mai 2021 © Sonia Imseng

La Gravière a ouvert ses portes en 2012 sur les bords de l’Arve à Genève, dans un ancien magasin de pétrochimie des usines Firmenich, sur les bords de l’Arve. Avec ses deux salles, le club peut accueillir jusqu’à 500 personnes. Là-bas, on encourage une culture indépendante, accessible à toutes et tous.

Maël, responsable bar au Zoo, Genève

Photo prise en mai 2021 © Sonia Imseng

« Le monde de la nuit est un milieu qui vit à travers le contact social, c’est un espace d’échange. Ce que j’aime dans mon métier de serveur, c’est la connexion que l’on crée avec les gens. Avant, je sortais la nuit pour faire la fête et, en passant de l’autre côté du bar, cela m’a permis de faire autre chose. Devenir serveur en club m’a également permis de sortir de ma timidité, car par mon métier je devais parler aux gens, et quand on propose des boissons c’est plus simple de débuter une conversation avec des inconnus.

Le clubbing joue plusieurs rôles important dans la société. C’est vraiment une pouponnière d’activités différentes. Il y a vraiment plusieurs talents qui se rejoignent dans le milieu, cela demande de nombreuses compétences.

Pour moi c’est également un lieu où l’on souhaite faire passer un message de respect, proposer un espace de sécurité pour tout un chacun, pour toutes les cultures différentes et apprendre les uns des autres. »

Le Zoo
Photo prise en mai 2021 © Sonia Imseng

Le Zoo fait partie de l’Usine, un centre culturel alternatif genevois que l’on ne présente plus. Situé à l’étage, le club propose une expérience augmentée pour son public, avec des décors changeants et du VJING. Le lieu a ouvert en 2002, et accueille jusqu’à 200 personnes. Durant la pandémie, le Zoo s’est transformé en bar pour continuer d’accueillir son public. Pour le moment, la salle reste dans cette configuration jusqu’à nouvel ordre.

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