L’atelier Impulsio a été créé par deux musiciens genevois polyvalents, Michael Borcard et Théo Kummer. Ce cours consacré à l’exploration musicale autour de l’improvisation a ouvert en automne 2014. Il est, actuellement, composé de deux sessions qui ont lieu le mercredi : une première de 16h30 à 18h30 et une deuxième de 18h30 à 20h30. Il s’adresse à tous musiciens, de tous niveaux, âges, sexes, instruments… Leur rêve ? Que tous les styles de musique puissent être représentés au sein de l’atelier.
Et si l’on n’est pas musicien et que l’on veut les soutenir, il est possible de devenir membre de l’association.
Plus d’informations sur leur site internet ou leur page facebook.
Michael : saxophoniste, présent aussi bien sur scène que dans les studios. Il a touché à de nombreux genres musicaux ; rock, ska, funk, reggae, metal, noise, musiques contemporaines, jazz etc.
Théo : musicien, guitariste depuis 10 ans. Il a fait ses études de musique en Angleterre. Comme Michael, il touche un peu à tout et donne également des cours.
Ensemble, ils ont un groupe de musique Penfield.
Quelles sont les origines du projet Impulsio ?
Michael (M): J’avais la volonté de réunir des musiciens de tous niveaux, de tous sexes, tous âges autour d’un atelier basé sur la pratique musicale, l’idée étant de jouer, d’échanger sur le sujet de l’improvisation. Le projet d’un atelier s’est concrétisé avec la rencontre de Théo.
Théo (T) : La base de cet atelier est construite autour d’un partage musical. C’est rencontrer des gens, se faire plaisir. On ne s’assied pas devant un élève pour lui dire ce qu’il faut faire.
M : C’est un atelier qui traite de différentes étapes de la musique. Un musicien classique, qui a une très bonne technique, une bonne connaissance de la théorie, n’aura pas forcément l’aisance de l’improvisation ou l’idée de créer de la musique à partir de rien. En revanche, on pourra parler de choses techniques et théoriques, cela ne lui fera pas peur. Mais ce sera peut-être plus difficile pour lui de sortir quelque chose de personnel…
T : D’autres, au contraire, ont appris la musique à l’oreille, sans aucune théorie. Avec eux, c’est facile de lancer une jam. Mais ils seront plus bloqués dès le moment où on parlera de gammes et de grilles d’accords. On aura un autre type d’approche avec eux. C’est pour ça que c’est ouvert à tout le monde, parce qu’on a une approche ouverte. On explique les bases et on y va graduellement.
M : L’atelier s’adresse aussi à des personnes qui ont un bon niveau de musique mais qui n’ont pas le temps de se consacrer à des groupes. L’idée c’est alors de leur donner la possibilité de partager leur musique avec des gens.
T : Il y a toujours pleins de contraintes qui empêchent les gens de jouer de leur instrument. L’atelier offre alors un espace aux personnes qui ont envie de pratiquer mais qui n’arrivent pas à trouver le temps pour s’investir dans le projet d’un groupe.
Quelles sont les bases de l’atelier ?
M : Nos valeurs sont vraiment le respect, la patience, la tolérance et l’ouverture d’esprit. Avec tout ça, il y a moyen de faire de bons musiciens, de bons improvisateurs et surtout de se faire plaisir tout de suite.
T : C’est un cours, dans le sens où on apprend des choses mais on n’a pas vraiment le sentiment d’être dans un cours parce qu’on est tout de suite dans l’action. Il n’y a pas de longs moments de théorie et d’exercices techniques.
M : Ce n’est pas non plus élitiste. On ne réserve pas l’atelier à des musiciens de haut niveau. Au contraire, on essaie de démystifier l’impro et de la rendre accessible à tous.
T : Souvent les gens pensent aussi que l’impro c’est exclusivement du jazz alors que pas du tout. On traite pleins de styles différents. Finalement, le plus important c’est : s’adapter aux autres et à son environnement.
M : Il faut apprendre les uns des autres, changer ses habitudes, savoir s’imposer mais aussi savoir laisser sa place à l’autre.
Comment vous êtes-vous formés à l’improvisation ?
M : Je me suis formé un peu partout et tout seul en jouant dans pleins de groupes différents. J’étais obligé de m’adapter à des styles très variés. Je suis aussi beaucoup allé aux jams du Chat Noir, organisées par Ernie Odoom. C’était un vrai rendez-vous mensuel, où tous les grands musiciens de la région venaient pour « taper la jam » avec cet esprit un peu new-yorkais. Il n’y avait pas d’esprit de compétition mais la volonté de faire un vrai show. Mais il y avait aussi de la place pour des musiciens moins avancés. Bien après, je me suis formé au jazz. En résumé, l’impro c’est venu du jeu.
T : J’ai commencé dans un groupe de blues. Donc par beaucoup d’improvisation. Ensuite, j’ai joué dans de nombreux groupes aux styles très différents (reggae, rock…). J’ai ensuite fait un bachelor en musique mais qui était aussi de la musique actuelle donc j’ai pu faire autant de la neo soul que de l’acoustique. Et maintenant je fais du rock progressif, j’ai touché au jazz, à la fusion ! Cette variété de genres m’a beaucoup aidé. Finalement, l’improvisation c’est ça, c’est pouvoir se débrouiller dans tous les styles de musique.
Comment se déroule un atelier Impulsio ?
T : On a fait un programme par trimestre. On suit les styles de musique par décennies. On commence par les années 2000 et en remontant le temps 90, 80, 70, 60 et on finit l’année par les fifties.
M : On s’inspire des styles qui ont marqué ces époques, on les analyse et on essaie ensuite de les illustrer.
T : Comme c’est un atelier, on essaie de ne pas aller trop en profondeur dans les styles. Le but est de jouer mais pas de s’attarder sur un seul genre.
M : L’atelier dure 2h, mais il faut qu’il y ait 80% du temps où l’on joue.
Pourquoi l’impro ?
M : C’est la réponse à toutes les envies, toutes mes envies dans la musique. Je peux jouer avec qui je veux et ce que je veux à l’improviste. Ce que j’aime dans l’impro, c’est la spontanéité.
T : Pour moi, c’est une question de partage. C’est comme apprendre plusieurs langues. Les barrières s’abattent. Ça permet de rencontrer des gens, de s’ouvrir à beaucoup de choses auxquelles on n’aurait pas eu idée avant. Finalement, l’improvisation c’est la même chose. C’est ne pas avoir de barrières.
Par exemple, même si auparavant je n’ai pas forcément fait du métal, il y aura toujours un lieu sur lequel on peut se retrouver, sur lequel on va pouvoir jouer. Et c’est ça qui m’a toujours intéressé : ne pas être fermé, ne pas avoir de barrière. Et, le seul moyen pour y arriver c’est d’improviser.