Carré Rond ou la quête de soi

Les 22, 23 et 24 mars, la Salle du Terreau sera aménagée en théâtre pour accueillir le spectacle Carré Rond, mis en scène par Lou Ciszewski. En neuf scènes, la pièce nous offre une réflexion sur une question qui nous a tous et toutes affecté à au moins une reprise : suis-je à ma place ? Interview avec la jeune metteure en scène.

Est-ce la première pièce que tu écris et mets en scène ?

Non, j’en ai déjà écrit et mis en scène une et demi. La première c’était pour mon travail de maturité. La pièce s’appelait « Le Code Blanc », c’était une fiction historique sur la liberté. Je l’avais écrite à la fin du collège et mis en scène avec des amis une année plus tard, en 2015. J’ai aussi co-écrit et co-mis en scène avec Elsa Anzules une performance pour l’Association Stop Suicide. C’était dans le cadre d’une campagne de prévention menée à Genève, Lausanne et Neuchâtel. C’était un format plus court, c’est pour ça que je dis « et demi » !

Présente-nous ton spectacle « Carré Rond » en quelques mots.

C’est un spectacle pluridisciplinaire, qui allie théâtre, danse et musique live, il y aura six jeunes comédien.ne.s et trois musiciens sur scène. Le thème est la quête pour « trouver sa place » et je pense que cela peut parler à tout le monde.

Qu’entends-tu par « trouver sa place » ?

« Suis-je à ma place ? » est une question que tout le monde s’est déjà posé une fois. Elle englobe différents contextes à la fois : est-ce que je suis à ma place dans mon travail, dans ma famille, dans mon couple ?, etc. Carré Rond est composé de neuf scènes, qui comporte chacune des aspects qui vont toucher le public. Donc je pense que la pièce va parler aux gens.

Carré Rond a donc pour sujet le questionnement personnel pour trouver sa place dans le monde actuel. Pourquoi as-tu choisi d’approfondir ce sujet en particulier ?

D’un point de vue personnel, je me suis retrouvée face à cette question à la fin de mon Bachelor, l’été dernier. J’en parlais avec mes amis et on était/est pour la plupart passé à un moment ou à un autre par la question : « et maintenant ? ». J’avais donc besoin de faire quelque chose de ce questionnement, sachant en plus que cela touchait pas mal de monde. C’est là que m’est venue l’idée d’écrire sur ce questionnement et de le mettre en scène. La pièce a ensuite été créée en équipe, avec la Compagnie 404.

D’où vient le titre Carré Rond ?

« Carré Rond » est utilisé dans le domaine de la métaphysique et de la philosophie pour exprimer quelque chose d’impossible. La quête pour trouver sa place est complexe et peut parfois même sembler impossible. Dans le monde actuel, on nous force à faire une formation précise, pour un métier précis. La trajectoire est linéaire. Or, cela ne se passe plus comme ça dans la réalité et les gens sentent qu’il y a quelque chose de paradoxal. Il faut au contraire vivre plusieurs fragments d’expériences différentes pour trouver sa voie. Je pense que mélanger les arts, à l’image de ce qui se passe dans la pièce, peut permettre de trouver quelque chose qui colle plus à la réalité.

Parle-nous de tes comédien.ne.s.

Toutes les personnes qui travaillent sur ce projet sont très différentes, que cela soit dans leur personnalité ou dans leur formation. Eliot a un talent pour la danse, Victor a une aisance et une superbe diction grâce à ses expériences dans le rap et le théâtre amateur, Léon fait beaucoup d’impro et a beaucoup d’humour, Laia a une grande expérience en matière de performance, Kenza et Paca ont un parcours similaire : elles sont toutes deux au Conservatoire et ont déjà monté une pièce mais en plus Kenza écrit beaucoup et Paca est une super musicienne. Au final, tout le monde apporte quelque chose de différent au projet !

Cela a été facile de trouver des gens pour la pièce ?

Non, c’était plutôt compliqué de trouver une équipe, car les gens sont soit encore en études, soit entre les études et le travail et il n’est pas facile de s’engager de manière bénévole sur le long terme. Cela dépendait donc en partie du contexte des personnes. Dans un premier temps, on a répété trois heures par semaine. Dans un second temps, on fait deux fois trois heures par semaine, avec parfois quelques heures supplémentaires en solo.

Comment se déroulaient les répétitions ?

J’apportais mes textes et on discutait tous ensemble des enjeux, du pourquoi et du comment. Le plus souvent, on a gardé les enjeux et le pourquoi, mais on a beaucoup modifié le comment. De plus, chaque semaine j’invitais les comédien.ne.s. à amener des textes ou des images personnels sur la question « Comment trouver sa place ? », de sorte à ce qu’ils et elles puissent s’exprimer et amener leurs idées sur le texte et la mise en scène. Mon rôle ensuite a été de restructurer le tout et de mettre un peu d’ordre dans les idées. L’idée de laisser chacun et chacune amener une partie de réponse colle bien avec le thème : la pièce ne présente pas mon avis et ma réponse personnelle à la question, mais souligne bien qu’il existe plusieurs réponses possibles.

Dans ton spectacle, tu combines théâtre, danse et musique. Pourquoi ce choix ?

Je pense que ce choix provient en partie du Collectif Som Squad, dont je fais partie. Ce collectif est composé de musiciens, de graphistes, d’un photographe et d’une metteure en scène. Il a pour but de créer des événements pluridisciplinaires et de montrer la richesse et la qualité des styles – musicaux, théâtral, etc. – qui existent à Genève. Les trois musiciens qui ont créé la bande originale du spectacle font également partie de Som Squad. Mélanger les formes d’art est une manière de donner différentes réponses au questionnement pour trouver sa place. Car trouver sa place, ce n’est pas seulement sa place dans la société, mais aussi trouver sa place physiquement. De ce point de vue, recourir à la danse dans le spectacle s’est assez vite présenté comme une évidence. Je tiens à mentionner ici l’aide d’Eliot Sidler, qui a pris en charge la chorégraphie et fait le coaching pour les comédien.ne.s.

Pour revenir à la quête qui fait l’objet de ta pièce, est-ce à ton avis correct de dire que cette quête restera perpétuelle et infinie ?

C’est bien ça ! Aujourd’hui, on donne des éléments de réponse, mais dans mon contexte de « La Compagnie 404 en mars 2018 ». Si ça se trouve, une semaine après j’aurai peut-être encore une réponse différente à ce questionnement !

 

Carré Rond, une création originale de la Compagnie 404, mise en scène par Lou Ciszewski, avec le soutien du Collectif Som Squad,

Assistanat en collaboration avec et Thibault Besse.

Jeu : Léon Boesch, Kenza Dahlab, Victor Delétraz, Françoise Gautier, Laia Gonzalez Ribalda, Eliot Sidler.

Les représentations auront lieu le jeudi 22, vendredi 23 et samedi 24 mars à la Salle du Terreau.

L’événement Facebook : https://www.facebook.com/events/210862256133836/

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