Ce mois-ci, la carte blanche littéraire d’EPIC-Magazine a été confiée aux éditions Zoé et à leur trois auteur·es Bruno Pellegrino, Aude Seigne et Daniel Vuataz. Ensemble, ils présentent Stand-by, la série à la rencontre des livres et des écrans, pour la sortie de sa deuxième saison.
Qui êtes-vous et qu’est-ce que « Stand-by » ?
Nous sommes trois auteur·es de Suisse romande, trentenaires, membres du collectif AJAR. Plus ou moins lecteurs ou lectrices, plus ou moins parents ou célibataires, employé·es ou indépendant·es, plus ou moins souvent en voyage ou en ligne. Et aussi, friand·es de séries TV – c’est le point de départ de Stand-by. En 2016, à l’initiative des éditions Zoé, nous avons commencé à réfléchir au moyen de reproduire, dans des livres, ce qui fonctionne dans les séries : pitch, pilote et cliffhangers, écriture visuelle, arcs narratifs, etc. Ça a donné Stand-by. Une première saison de 4 épisodes a paru tout au long de l’année 2018. La 2e saison est sortie cet automne.
Comment écrivez-vous à six mains ? Où se situent les différences entre une écriture en solitaire et une écriture collective ?
Toute la phase de conception – de scénarisation – se fait à trois, en mode brainstormings épiques autour d’une petite théière fumante ou de grandes blanches fraîches. On imagine l’intrigue, les personnages, l’agencement des scènes. Puis on se répartit le travail d’écriture – de réalisation, en quelque sorte. Toi tu fais ceci, moi cela. C’est le seul moment où on bosse individuellement. Ce qu’on obtient, à ce stade, c’est une version zéro de toutes les scènes, une matière première qui passe ensuite de main en main, reprise, retravaillée, réécrite par les deux autres. Vient enfin une phase de montage, l’une des plus importantes. Au bout du processus, impossible, même pour nous, de savoir qui a ajouté quoi, d’où vient telle phrase ou telle idée. (Et on ne travaille pas différemment pour répondre à ces questions, d’ailleurs.)
Selon vous, la réception d’un texte écrit et d’un texte entendu est-elle la même ? Comment gérez-vous cette différence lors de vos performances ?
C’est une question rhétorique, non ? On ne s’accroche pas aux mêmes choses lors de l’écoute ou lors de la lecture. Un texte entendu impose le rythme et la voix de celui ou celle qui le lit. Un texte écrit se présente par une certaine disposition sur la page, un certain papier, des blancs, des retraits. L’effet est forcément différent. Quand nous concevons une performance, que ce soit autour de Stand-by ou pour l’AJAR, on fait attention aux changements de rythme, d’ambiances, on joue sur les possibilités de la voix, aussi, et on introduit souvent de la musique. C’est presque comme réinventer le texte.
Y a-t-il des lectures genevoises ou romandes qui ont inspiré vos écrits ?
On se creuse la tête pour répondre, mais en fait, non, pas tellement. Pour écrire Stand-by, on s’est surtout basés sur ce qu’on connaissait en séries TV, mais sans se soucier de leur provenance – on puise aussi bien dans les grosses machines que dans de petites productions, américaines ou européennes.
Votre EPIC OMOT il raconte quoi ?
Il raconte comment on travaille. Mais – autre point commun entre nous trois –, la limite entre le travail et la vie privée n’est pas si claire. C’est peut-être un truc de génération. En tout cas, comme on est aussi ami·es, c’est souvent de nos conversations à bâtons rompus que naissent les idées. Ça s’entend un peu. Donc ça parle de nos journées, de nos enfances, de nos manies et de nos désirs, et de comment ça devient l’enfance, la manie ou le désir d’un personnage, comment ça donne corps à une scène. C’est ça que ça raconte, ça et deux-trois autres choses, mais on ne va pas tout vous spoiler.
Vous pouvez retrouver Stand-by dans toutes librairies mais aussi sur les réseaux avec leurs pages Facebook et Instagram ou directement sur le site internet.