Folnui, Post Tenebras Lux

Ils·elles animent la nuit avec des projections, du mapping et du vjing. EPIC a posé quelques questions à l’équipe de Folnui, qui amène un vent inédit sur la scène culturelle genevoise.

Vous étiez à la BIG le 17 juillet dernier, et vous vous êtes demandé qui animait la soirée de Nout ? Et bien, c’est l’équipe de Folnui ! Elle a aussi dernièrement investi le Pavillon Bleu pour un week-end acid-tech.

Salut la team, vous pourriez vous présenter ?

De base, on est simplement une bande de potes avec des passions communes. Au total, une quinzaine de personnes gravitent autour de l’association, mais la dream team active est composée de Pablo Felley, président émérite et maître du multimédia, Théo Phildius, prodigieux dessinateur et Vj éclairé, Joël (Vj Doberman), pionnier du Vjing genevois (la légende raconte qu’il peut contrôler les barres leds avec son cerveau), Bilgi Sahin, Dj résident et maître du son, Nathan Blanchard, le fameux secrétaire-bricoleur et unique détenteur du permis de conduire, et enfin les grands Sasha Iatsenia et Paul Mégroz qui nous ont fraîchement rejoints. C’est nous qui organisons, planifions et créons tout ce qui se fait derrière le nom Folnui.

Comment vous est venue l’idée de fonder cette association ?

L’idée nous est venue en mangeant un sandwich, en 2018. `À cette époque, on allait beaucoup en soirée, surtout à l’Usine, et ce presque tous les week-ends. On discutait des scénographies de dingue que présentait le Zoo, et on a commencé à imaginer ce qui serait possible de faire, rien qu’avec les quelques connaissances techniques qu’on avait acquises au CFPArts, en animation ou lors de notre cours de Vjing avec Katia Orlandi et Isabelle Pralong. Alors on s’est dit : pourquoi pas tenter ? Pourquoi pas nous ?

Les associations à Genève ont la chance d’avoir accès gratuitement à quelques salles comme le Pavillon Bleu ou le Terreau. On était ultra motivés, alors on s’est lancé dans la rédaction des statuts. Nos premiers événements prenaient place au Pavillon Bleu. Les premières scénographies étaient ultra basiques, simples carrés de toiles suspendus et vjing au trackpad et clavier. On était enchanté de se retrouver dans les coulisses d’un évent. Étant fan des travaux de 1024 Architecture, on a fini par acquérir des barres leds pour ajouter une nouvelle dimension à nos installations.

Ce qu’on aime, c’est vraiment expérimenter avec les matériaux, l’espace, pour créer des univers virtuels, dans le but final de transporter notre public. Comme pour Unagi, un de nos projets préférés, où on avait construit une anguille géante en leds dans le Pavillon Bleu, recouvert les murs de tissus noirs et le sol de couvertures de survie pour donner l’impression d’une vision abyssale à travers les vitres qui donnaient sur la rue. Ainsi, on a transformé le Pavillon en aquarium et ce pendant deux semaines. Unagi nous a donné une sorte de déclic : à cause du Covid, on ne pouvait plus organiser de soirées, et Pré En Bulle (la maison de quartier des Grottes) nous a proposé de collaborer avec le Pavillon Bleu afin de réfléchir à une installation qui s’étendrait sur quinze jours. Là, plus de mesures de sécurité nous limitant dans notre occupation de l’espace. Ça nous a clairement motivés à nous intéresser davantage à la partie scénographie qu’à celle de l’organisation et à la mise en place de soirées, motivation d’autant plus amplifiée par le bouillonnement d’idées et de projets que nous commencions d’esquisser.

L’association est à but non lucratif, aucun des membres ne touche de l’argent. Ce principe fait du sens, étant donné qu’on le fait tous par passion. Cela permet aussi d’investir les bénéfices dans du matériel, ce qui nous permet de, on l’espère, nous renouveler à chaque événement. Ça nous permet également d’avoir une approche chill du travail. Personne ne compte ses heures, on bosse des nuits et des journées entières juste parce que ça nous fait plaisir de le faire et qu’on passe un bon moment.

Event à la BIG

Ce nom, vous nous en dites plus ?

Ce nom, on l’a trouvé en brainstorming pendant un cours d’allemand au CFPArts (oui, on aurait pu s’appeler « Verrücktenacht »…). On en avait noté des dizaines, l’idée était de vraiment appliquer un processus de recherche d’identité avant de fonder l’asso. Au début on était tous mitigés : pas assez « badass », mais finalement on s’y est carrément attaché. C’est drôle, un peu inattendu, donc les gens s’en souviennent ! Vu qu’on était presque tous étudiants en communication visuelle, on avait organisé un petit concours entre nous pour proposer une affiche, un logo et une ligne graphique générale. Toutes les propositions étaient trop bien, et on a fini par choisir le carré proposé par Pablo, le retravailler tous ensemble pour arriver à un résultat qui fonctionnait le mieux !

Vjing, structures leds et projections, pourquoi vous être spécialisé·e·x·s dans ce domaine ?

Déjà, il y a énormément d’associations, collectifs de DJs, de passionnés qui organisent des concerts et soirées, mais en proportion très peu de collectifs qui se concentrent sur les scénographies. Avoir une partie de cette exclusivité nous permet d’avoir de nombreuses propositions de collaborations. Ensuite, c’est surtout parce qu’il y a un aspect très bricolage et expérimental au vjing/mapping et aux leds. Ce n’est pas simplement un ordinateur à allumer, c’est principalement chercher des solutions et tester de nouveaux trucs, de nouveaux matériaux. Pendant notre dernière installation, on a passé la moitié de la nuit à préparer un mapping sur les palettes qui composaient la scénographie.

À 3h du matin, on s’est posé devant et on s’est dit que c’était nul. En revanche, à l’envers, avec la fumée qui rebondissait sous les pieds du DJ, les faisceaux du projecteur donnaient un aspect incroyable. Et là on s’est rappelé l’installation d’Olafur Eliasson à Zurich, où il projetait des rayons de lumière au plafond, dans la fumée, créant un ciel infini de nuages. Alors on s’est lancé, on a déplacé les projecteurs, ajouté une autre machine à fumée, et le résultat nous a vraiment plu, à découvrir dans notre dernière Aftermovie !

Est-ce que c’est un secteur encore peu développé à Genève ?

Clairement pas ! On a même la chance d’avoir les fondateurs madmapper, modul8 et des barres leds que nous utilisons directement à Genève. Plein de choses absolument hallucinantes se font au Zoo chaque semaine, en ville lors du Mapping Festival ainsi qu’au Geneva Lux, à l’Electron et lors de plein d’autres superbes initiatives. Malgré tout, on pense que plus de boîtes devraient mettre du budget dans les scénographies leds et vjing. C’est vraiment un moyen fou pour poser une ambiance et transporter le public. Donc ça se développe, mais c’est sûr qu’il y a encore plein de pistes à explorer pour amener ces techniques encore plus loin !

Vous avez déjà travaillé sur de nombreux événements, comme la BIG ou plus récemment en investissant le Pavillon Bleu, quelle est la patte de Folnui ?

Je dirais que, déjà, ce qu’on aime c’est s’emparer des lieux et de réfléchir à ce qui serait possible de faire dedans, comment les transformer, les habiller et faire évoluer des structures. Visuellement, on a clairement une approche inspirée par les codes du graphisme suisse… En un peu plus trash, ce qui n’est, avouons-le, pas très compliqué au vu de la sobriété monacale helvète. Le Pavillon Bleu est un laboratoire juste génial pour tenter des choses, comme notre dernière « folweek », une semaine d’expérimentation intense de 15h par jour, pour finir par transporter des dizaines de palettes en VW golf et les truffer de barres leds, sans avoir la moindre idée du rendu final.

Notre patte, c’est aussi nos inspirations. On aime puiser dans d’autres domaines/arts pour alimenter nos idées et nos projets. L’art contemporain, le graphisme, le cinéma sont des domaines qui nous inspirent. Plus largement, l’avantage avec Folnui c’est que, faisant des scénographies, on peut entrer en contact avec absolument tous les milieux du spectacle. Pour l’instant, on a beaucoup travaillé avec le milieu de la techno, mais rien ne nous empêcherait de produire une scéno’ pour des danseurs, pour une compagnie de théâtre, pour un spectacle de cirque, etc. C’est donc aussi par notre ouverture que nous nous démarquons.

À la BIG, on était quand même préparés, on avait échafaudé des plans 3D, beaucoup réfléchi à l’installation. Sur place, c’était dingue, super ambiance, et au final on a fini par passer presque une semaine à bosser sur l’installation pour la modifier, la faire évoluer, installer des capteurs, la rendre réactive au son. C’était une super expérience qui nous a permis de rencontrer plein de gens, comme le collectif NOUT, qui est venu nous proposer d’utiliser notre structure led comme scénographie en l’augmentant du VJ set live pour le concert qu’il organisait le vendredi sur l’île Rousseau. Et là, c’était juste l’explosion. Des centaines de personnes sont venues pour le concert final, en plein milieu de Genève, juste après des mois de restrictions sanitaires.

On aurait dit que l’instal’ était faite pour accueillir des DJs, c’était juste génial ! Voilà ce qui nous motive. Notre patte, c’est qu’on est des champions du bricolage. On ne sait pas tout, on improvise beaucoup, mais on est super enthousiaste. Avec le temps, on remarque qu’on peut faire beaucoup avec très peu, et qu’avec quelques vis et du gaffeur on peut vraiment aller loin et ramener la lumière sur Genève, comme nous le recommande la fameuse devise genevoise : Post Tenebras Lux !

Quels sont vos prochains événements prévus ?

On prévoit une grosse surprise en collaboration avec NOUT et Derestrict d’ici la fin de l’année. Vu qu’on est presque tous en train de finir nos bachelors, on risque de devoir calmer un peu les dates, mais c’est pour se concentrer d’autant plus sur des projets encore plus gros l’été prochain ! On est actuellement en discussion avec le festival Geneva Lux et le festival Balélec pour de futures grosses collaborations. Le rêve, ce serait d’aller explorer d’autres endroits de dingue pour aller les transformer, les habiter de lumière… Pourquoi ne pas profiter de nos montagnes, glaciers et barrages pour tenter un nouveau niveau de folie ? Regardez les projections sur le Cervin… Il y a tellement à faire, tellement de possibilités à exploiter !

Est-ce que la team de Folnui cherche à s’agrandir ?

On cherche toujours des gens motivés pour participer aux installations, nous aider à construire de nouvelles choses. Cela étant, on s’est aperçu qu’on est plus efficaces à cinq ou six motivés qu’à vingt paires de bras ballants qui ne savent pas quoi faire, mais ça nous fait toujours plaisir de rencontrer des DJs et des VJs motivés ! C’est surtout pendant les événements qu’on cherche toujours du monde pour nous aider à bien encadrer la soirée, que ce soit pour le bar, pour la caisse, pour la sécurité, ou participer aux constructions de scènes et faire en sorte que tout se passe bien.

Pour suivre leur travail, rendez-vous sur leur page Instagram !

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