Interview de Kreæm à l’occasion de son nouvel album “Fragments & Colors”

Nous nous déportons jusqu’à Nyon pour rencontre le jeune Kreæm, grand gagnant du Beatmaker Contest lors du festival Groove’n’Move l’année passée. Il nous parle de sa production musicale riche en contenu comme en émotions, et surtout, de son dernier projet sorti le 12 janvier: Fragments & Colors…

La musique, ça a toujours été en toi ?

Ça fait longtemps que j’écoute de la musique, j’ai toujours été entouré de musiciens, mon père est un passionné de musique… Il écoutait surtout du hip-hop comme Busta Rhymes, ou encore de la soul… Il m’a acheté une console pour mixer quand j’avais 13 ans, en étant DJ lui-même il m’a transmit ce truc. J’ai commencé par enregistrer mes amis, faire des remix, c’est grâce à ça que j’ai découvert d’autres artistes qui faisaient du hip-hop instrumental. En décomposant et en cherchant à comprendre comment faire j’ai plus ou moins essayé de produire moi aussi. Je suis inspiré autant par la soul, le hip-hop, la trap, le jazz fusion… Même des gars comme Mac deMarco, j’adore leur univers et leur attitude. En ce moment je suis inspiré par Colors Berlin: Masego, FKJ, GoldLink… Ce sont des artistes qui ne sont pas cadrés dans un style propre. Il y a aussi Ta-Ku qui m’a beaucoup inspiré dans ce que je fais.

Que penses-tu de cette ère du digital omniprésente dans l’industrie de la musique ?

Il ne faut pas forcément cracher sur des plateformes comme Spotify ou autre car il y a énormément d’artistes talentueux qui arrivent à se faire connaitre via ces formes. Ça crée une concurrence importante mais c’est aussi une bonne manière de découvrir un morceau incroyable à 200 écoutes sur SoundCloud. En ce qui concerne Spotify, j’ai découvert très récemment, je ne connaissais pas vraiment. J’aime bien aller digger des vinyles à 2 francs pour chercher des samples mais j’utilise aussi beaucoup internet. C’est important de se ré approprier un patrimoine pour le re moderniser, mais il faut aussi utiliser les moyens d’aujourd’hui pour produire et partager sa musique. Ça fait maintenant 5 ans que j’utilise SoundCloud, au début ça me suffisait d’avoir seulement quelques écoutes de manière un peu underground. L’été passé j’ai sorti un album plus abouti et pas mal de morceaux on été repris et utilisés par des bloggeurs, ça a été un push énorme. Mais dès le moment où j’ai commencé à plus structurer ma démarche et à produire plus sérieusement ça s’est fait un peut tout seul, je ne suis pas du genre à envoyer des mails à des pages ou forcer la démarche…

On peut facilement identifier ta musique à ce qu’on retrouve dans les playlist chill du dimanche, cette étiquette te convient-elle ?

Pas vraiment, souvent ces playlist ou chaînes YouTube qui proposent ce genre de musique sont très nostalgiques, parfois même un peu répétitives… Retrouver ma musique dans ce chill ce n’est pas vraiment moi. Mon projet s’appelle « Fragments & Colors » c’est plein de choses, plein de couleurs, avec des ambiances différentes. Il y a des tracks dansantes et joyeuses, tout comme certaines sont explicitement tristes. C’est représentatif du quotidien. Je cherche surtout à provoquer des émotions ! Ma musique est universelle, en quelques sortes.

Que raconte ton album ?

Il n’y a pas vraiment d’histoire dans ce projet, la première track datait d’il y a environ 6 mois. J’étais prêt à sortir le projet il y a 3 mois mais un de mes meilleurs amis est décédé. C’était une phase affreuse, j’étais trop occupé par cet évènement pour finaliser la sortie de mon projet. Une pause forcée s’est donc imposée. Après cela j’ai du reprendre le processus, j’ai supprimé certains morceaux, j’en ai créé de nouveaux. C’est une sorte de reflet de cette période, mais incorporé à l’avant et à l’après. Je tire le positif de cette expérience. Il y a un morceau qui est spécifiquement en hommage pour lui, la track en featuring avec Rico TK. Le texte est un poème français réinterprété, que j’ai réécrit. C’est un message optimiste malgré la tristesse. C’est un morceau simple mais qui m’a pris beaucoup de temps à arranger. J’ai contacté Rico parce que j’aime beaucoup le timbre de sa voix et son côté très cinématographique dans sa manière de parler.

L’aspect visuel est très important dans ta musique ?

J’essaye d’incorporer du visuel à mes set ainsi qu’à mes live, l’idée c’est de créer un show en plus des artistes qui m’accompagnent sur scène. En ce qui concerne mes clips, c’est moi qui les écris puis je collabore avec des réalisateurs. Pour mon clip Flowers c’est Adrien Wagner qui m’a aidé à sortir ce projet. J’aime bien quand même toucher à tout et être autant derrière mes clips que mes productions. Je cherche à me créer un univers autant visuel que musical.

Parle-nous des gens de la région qui t’inspirent…

J’aime énormément Rico TK, Tschani (idle) du label EICA Records, Gaspard Sommer, Fabregue, KDN…  Je délire également pas mal sur la musique des gars de la nébuleuse car je trouve un univers commun avec le mien. Ils sont actifs non seulement musicalement mais aussi dans l’élaboration de leurs personnages, qu’ils défendent fidèlement autant dans les clips que sur scène. Ça taff sérieusement en gardant un second degré. On sent que c’est fait de manière naturelle, sans véritable prétention ou volonté de se prendre trop au sérieux et je me retrouve pas mal dans cette manière de taffer. Après ace n’est pas vraiment la Suisse qui m’inspire le plus, j’aime beaucoup les artistes qui viennent des États-Unis, mais pas forcément ceux qui sont connus. Il y a aussi des artistes venus d’Angleterre comme Cosmo Pyke, c’est un artiste que j’aime bien en ce moment.

Merci à Alexandre Kaspar.

L’album de Kreæm est disponible sur:

Bandcamp: https://goo.gl/aKdyN9
Spotify: https://goo.gl/Tw1qvj
Apple Music: https://goo.gl/YptDKD
Itunes: https://goo.gl/hLkjy1
Amazon: http://amzn.to/2D4dczp

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