Noé Tavelli et le Lemanic Jazz Workshop

Le Lemanic Jazz Workshop en action (© Noé Tavelli)

La deuxième édition du Lemanic Jazz Workshop aura lieu à la mi-août, l’occasion pour son fondateur, Noé Tavelli, de nous expliquer la genèse du projet. Il revient en outre sur son parcours personnel et nous parle de la scène jazz locale genevoise.

Quel est l’origine du Lemanic Jazz Workshop ?

NT : L’idée de lancer un tel stage m’est venue à la fin de mon cursus d’étude. Quand on termine ses études de musique, on est quasiment « d’office » amené à travailler dans trois domaines rattachés à la musique : faire de la performance /des concerts, composer et enseigner. Avant la fin de mes études je jouais déjà professionnellement et je composais déjà. Par ailleurs bien que j’aie pu enseigner un peu comme professeur de batterie, je voulais développer quelque chose d’autre au niveau de l’enseignement, quelque chose de plus concret. En septembre 2016, j’en ai discuté avec Théo Duboule, un ami de l’HEMU. Nous avons observé qu’à Genève, il y avait beaucoup d’offres dans l’enseignement de la musique pendant l’année scolaire entre l’AMR, Jaques-Dalcroze, l’EPI, etc. Par contre, s’il y avait bien un moment où l’offre était moins dense, c’était en été. On s’est donc dit qu’on pouvait faire quelque chose à ce moment-là.

On a ensuite réfléchi avec qui on pouvait s’associer pour le projet. J’ai regardé parmi mes collègues, amis, et les gens avec qui j’ai eu l’occasion de grandir musicalement. Le bassiste Manu Hagmann, qui voulait mettre un pied dans l’enseignement musical et le pianiste François Lana qui a grandi et joué dans des stages estivaux de musique en France lorsqu’il était jeune, ont donc rejoint le projet dont la première édition a eu lieu l’été dernier.

Quelles sont les modalités du stage ?

Le stage se déroule durant une semaine, du lundi 13 août au samedi 18 août et coûte 490 CHF. L’enseignement est d’environ six heures par jour entre lundi et vendredi et le samedi deux concerts sont prévus. Cette année, nous avons une collaboration avec la commune de Collonges-Bellerive qui nous fournit une salle au Centre Artistique du Lac.

Nous pouvons accueillir une quinzaine de personnes et les inscriptions sont déjà ouvertes. Le nombre de participant-e-s est certes restreint mais c’est parce que nous tenons à être pertinents dans nos analyses et nos conseils. Et si on doit refuser des gens, ce ne sera pas tant en fonction du niveau personnel, mais plutôt pour une question d’homogénéité du niveau global des participant-e-s. D’ailleurs, tous les instruments sont acceptés et si c’est un instrument qu’aucun des professeurs ne pratique, on fait appel à un intervenant externe pour assurer l’enseignement.

Il n’y a donc que peu de restrictions concernant l’inscription ?

On reste ouvert à tous les âges et tous les niveaux, même si on s’attend à avoir plutôt des jeunes motivés à faire une école pro ou des musiciens amateurs confirmés. La seule véritable restriction est qu’on attend des participant-e-s un minimum de bagage musical avec leur instrument, afin qu’ils puissent jouer en groupe, et surtout une grande motivation ! Et je le redis, on se base surtout sur le niveau global des inscrit-e-s pour sélectionner les participant-e-s, de sorte à ce que personne ne se sente dépassé ou au contraire s’ennuie.

Concrètement, qu’est-ce qui se passe durant cette semaine de stage ?

On met l’accent sur deux points : premièrement, le fait d’apprendre à travailler et jouer en groupe en prenant du plaisir ; et deuxièmement, créer des liens entre les participant-e-s. En plus il y a des cours à thèmes : des jams sessions avec les professeurs, des cours d’harmonie, de théorie musicale, des cours d’écoute et de rythme, etc. Le but est de mettre en pratique ce qu’on apprend en ayant la possibilité de jouer en orchestre ou avec les professeurs en petit comité. Par ailleurs le fil rouge de la semaine est de se produire en concert à la fin du stage pour  pouvoir se confronter à la scène, avec le stress et trac que ça entraîne. On fera un concert sur place, au Centre Artistique du Lac, et un concert à Hermance, dans le cadre du Festival Jazz sur la Plage.

Comment es-tu arrivé dans le monde du jazz ?

Noé Tavelli (© Riccardo Willig)

J’ai commencé à suivre des cours de batterie à 7 ans, après avoir été voir des concerts au Festival de l’AMR aux Cropettes. Vers l’âge de 12 ans j’ai commencé à suivre des ateliers à l’AMR. C’est durant la période de l’adolescence que j’ai commencé à rencontrer des professeurs qui m’ont vraiment motivé. J’ai ensuite étudié au Conservatoire Populaire de Musique de Genève avec Raùl Esmerode pendant trois ans. Puis j’ai été admis à l’HEMU où j’ai suivi l’enseignement de Marcel Papaux. Enfin, j’ai décroché plusieurs bourses et prix pour partir à la Manhattan School à New York où j’ai obtenu mon master en 2017.

 

Tu as des projets en cours en dehors du Lemanic Jazz Workshop ?

J’ai mon groupe Noé Tavelli & The Argonauts Collective, avec lequel nous avons tourné en mai 2017. Nous allons d’ailleurs sortir notre premier album en mai 2019 sur le label allemand Double Moon. Dans ce projet, je suis accompagné par le trompettiste zurichois Matthias Spillmann, le saxophoniste italien Francesco Geminiani et le contrebassiste valaisan Fabien Iannone. Je fais aussi partie de deux autres trios en parallèle à ce projet et j’évolue comme sideman en jouant pour d’autres bandleaders.

Quel regard portes-tu sur la scène jazz genevoise ?

J’observe avec joie la jeune force montante de musicien-ne-s qui participent aux ateliers ou aux jams proposées notamment par l’AMR. Les écoles de musiques à Genève font un super boulot de qualité, sans parler de la HEM. Pour le cas de Genève, j’apprécie en particulier le travail de l’AMR, qui a simultanément plusieurs fonctions avec le club, les salles de répétition et l’école de musique. Mais c’est encore plus que ça : l’AMR est avant tout un lieu de rencontres, c’est un centre communautaire pour les musiciens.

D’un autre côté, là où c’est plus délicat, c’est la taille de la scène genevoise. Mine de rien, il y a assez peu d’endroits où se produire et grâce auxquels on peut gagner sa vie. Il y a bien l’AMR, le One More Time ou encore la Cave Marignac à Lancy, mais ça ne fait pas tant d’endroits. Il serait bien – à mon avis – d’avoir des lieux supplémentaires pour offrir encore un peu plus de diversité. Je pense qu’on peut prendre exemple à certains égards sur nos voisins suisses allemands comme le Gamut Kollektiv, une communauté de jeunes musiciens zurichois qui investit des lieux dans la ville en y organisant des séries de concerts.

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