Pearl d’Elsa Amiel, ou la dualité d’une femme

À l’occasion de la journée de la femme le 8 mars, le Cinélux projette le film d’Elsa Amiel, Pearl. La production franco-suisse a été remarquée aux Journées de Soleure. La rédaction d’EPIC-Magazine vous fait part de sa critique…

Une affiche de film attire le regard: elle est bling-bling. On y voit du phare à paupière d’un bleu scintillant sur les yeux fermées d’une femme. Le film s’appelle Pearl. C’est une production franco-suisse assurée par Bande à Part et la RTS. Le rôle principal est joué par la bodybuildeuse suisse Julia Föry. L’intrigue oscille entre un paradoxe et une évidence: une ode au bodybuilding féminin, mais aussi et surtout l’exploration de la féminité dans toute sa complexité.

Le bodybuilding et la chute

Cette féminité, c’est celle qui est tabou, qui fait peur et qui bouleverse les stéréotypes. Avec son corps masculinisé, le personnage principal nous plonge dans son quotidien, celui d’une sportive pas comme les autres. Les dialogues sont épurés et captivants par leur côté brut. On y saisit la dimension touchante du film et de l’enjeu d’une réunification d’une famille: celle d’une mère ayant quitté son compagnon et son fils pour vivre son parcours de bodybuildeuse, incompatible avec celui de mère, et peut-être même avec celui de femme.

Les rôles s’inversent le temps du film: la femme est forte, elle incarne le « super héros » dont rêve son fils. C’est la mère qui abandonne le père seul avec son fils. C’est le père qui élève le fils et qui part à la recherche de la mère. C’est le fils qui rejette l’idée d’avoir une mère, car elle ne lui a pas donné l’amour que chaque enfant recherche. S’en vient alors la remise en question, le conflit sentimental entre le corps et l’esprit, et surtout le coeur. Un enfant qui surgit dans la vie de sa mère qui prend conscience de son instinct maternel impossible à refouler.

Un drame lo-fi venu de Suisse

Le jeu d’acteur de l’actrice principale, une sportive avant d’être une actrice, fait ressortir l’aspect réel de l’histoire. Une intrigue non linéaire, retraçant les quelques jours précédant une grosse compétition: l’espace temps est déconstruit. On vit les dernières heures avant la grande compétition, mais on rattrape aussi les 4 ans de séparation d’un fils et de sa mère. Pearl, c’est aussi une sorte de The Wrestler décliné en femme. Sa casquette de sportive prend le dessus sur celle de mère et de femme. Sa dualité de « femme virile » et à la fois « femme sexy » se conjugue, tant bien que mal.

L’histoire est mise en scène à coup de lumière néon-tamisée qui rappelle l’ambiance feutrée de Drive. Un côté brut des couleurs et des choses, de l’humain, aussi. Le bleu, couleur fétiche du personnage principal, reflété par un phare à paupière qui rappelle la nécessité de l’apparence. Sans oublier le désir de protection, « de couver » telle une louve, avec un instinct primitif animal d’une mère.

Pearl c’est alors l’histoire d’une rencontre, de retrouvailles, de remise en question. C’est à voir.

Le film sera projeté en séance spéciale au Cinélux en présence de la réalisatrice Elsa Amiel. Rendez-vous le vendredi 8 mars à 20h30.

Prix: Normal – 16,50 francs

Réduit: 13 francs

Cinépass: 10 francs

Etudiant: 12 francs

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