Quatre ans après avoir réalisé Mercuriales, Virgil Vernier, cinéaste de 42 ans revient cette année avec son nouveau long métrage Sophia Antipolis, sorti en août dernier lors de la 71e édition du Festival International du film de Locarno. EPIC-Magazine le rencontre lors de la première projection en salle en Suisse romande au Spoutnik à Genève.
Synopsis : Sophia-Antipolis, c’est le nom de ce territoire étrange entre la mer Méditerranée, la forêt et les montagnes. Sous un soleil aveuglant, des hommes et des femmes sont à la recherche d’un sens, d’un lien social, d’une communauté. Ils vont croiser le destin d’une jeune fille disparue.
Tournée en pellicule, cette œuvre cinématographique est une belle surprise car c’est le genre de film que nous avons peu l’habitude de voir. C’est en trois parties assez distinctes, mais qui néanmoins communiquent et semblent se compléter, que le réalisateur structure et bâtit ce drame sous forme de documentaire ou de science-fiction. Il affiche un regard lucide, empreint de nostalgie et joue constamment sur le rapport entre fiction et réalité de sorte que ce qui a l’air vrai ne l’est pas forcement et inversement.
Sophia Antipolis est un film apocalyptique, un rêve éveillé, un tableau vivant dont les images tournées en 16mm sont d’une beauté étrange, à la fois poétiques et fortes. Elles traduisent pourtant la fragilité d’un monde, d’une époque, d’une ville déserte au bord du chaos et c’est ce qui le rend particulièrement fascinant. “La pellicule permet de sublimer les choses, de les rendre sacrée d’une certaine façon. Et puis je voulais que le soleil, qui est un leitmotiv dans le film, finisse par tellement impressionner la pellicule qu’il la brûle quasiment”, nous explique le réalisateur.
Au-delà des images, Virgil Vernier met en scène des acteurs amateurs troublants dont la solitude va mener à la rencontre, à la quête d’un sens, d’une vérité, d’une appartenance dans un nouveau monde. C’est avec beaucoup d’authenticité [et de maladresse] qu’il filme ces personnages mythiques, à priori détestables, qui renferment pourtant quelque chose d’intriguant, de captivant, voire de magique.
J’ai envie que chacun de mes films soit un territoire vierge, où on invente un monde, où on ne reconnait personne, où on débarque sans a priori.
Sophia Antipolis, c’est aussi un film symbolique car il est le reflet d’une génération qui est la notre. Entre solitude et avancées technologiques, ces hommes et ces femmes désenchantés vivent sous ce soleil emblématique qui ébloui, ce soleil permanent représenté ici comme une menace puisqu’il ne cesse de brûler. “C’est une sorte de malédiction, comme si les astres nous punissaient”, nous confie Virgil Vernier, “la solitude de quelqu’un amène à la solitude d’un autre.”
Le résultat est un film hors norme, troublant, tragique, énigmatique qui laisse place à l’imagination du spectateur.
Il continue son voyage en Suisse romande et sera projeté en salle en présence du réalisateur :
Le jeudi 6 décembre à 20h45 : Cinéma Bellevaux, Lausanne
Le vendredi 7 décembre à 18h : Cinéma La Grange, Delémont
Le vendredi 7 décembre à 20h15 : Cinéma Minimum, Neuchâtel
Le samedi 8 décembre à 17h30 : Cinéma ABC, La Chaux-de-Fonds
Distribution : Sister Distribution | Voir la bande d’annonce