[EPIC OPUS N°12] Bailoteo Feminista par Awka

© Andrés Giraldo

Quarantaine ou pas, EPIC-Magazine continue à mettre en avant les dj.ettes de la région. Pour ce douzième mix, place à Awka et à sa sélection tropicale, féministe et dansante, exactement ce qu’il te faut pour te déhancher chez toi en attendant la fin du confinement. Bailoteo Feminista est le fruit de plusieurs mois de travail pour créer un set mettant les artistes femmes et trans à l’honneur. Donc mets play, monte le son et profite de ces perles!

Quand et comment est-ce que tu as commencé à mixer ?

C’était il y a pile trois ans, au festival Genre et Égalité, le FUGE, organisé à l’époque par des amis. Je leur avais dit que s’ils faisaient une soirée cumbia, il fallait faire attention aux paroles des chansons, pour pas que ce soit en contradiction avec ce qu’ils voulaient défendre. Je leur avais proposé une playlist et ils m’ont finalement demandé d’aller mixer pour la soirée de clôture.

Et tu ne t’es plus arrêtée ?

Après, les mecs de Tropical Blue Master Clash m’ont contactée, et je me suis lancée. Je leur ai dit que je ne connaissais rien, et ils m’ont dit qu’ils étaient tous autodidactes, qu’on s’entraiderait entre nous, et que ce serait trop cool d’avoir une fille dans le collectif. Je suis la seule du crew. Ils m’ont prise sous leurs ailes et m’ont appris à mixer. Je me suis dit qu’Awka devait être différente des autres DJ et Djettes, donc pour me démarquer, j’ai commencé à explorer les musiques féministes, et à faire attention aux paroles.

Tu es plutôt prod ou mix?

Plutôt mix, selecta. Je profite de la quarantaine pour essayer d’apprendre à produire. On a quelques projets avec Selim – Taguán – et on aimerait bien lancer quelque chose tout bientôt.

Comment construis-tu tes sets ?

C’est très rare que j’arrive à une soirée avec un set déjà fait. En général, j’improvise sur le tas. J’ai plein de playlists et je puise dedans. En amont, je digue beaucoup, énormément de sons, parce que j’ai envie que les artistes femmes et trans prédominent dans mes sets. Je suis assez pointilleuse pour les paroles, et je demande parfois conseil à des amis qui sont plus engagés, qui s’y connaissent un peu mieux que moi, pour savoir ce qu’ils pensent des sons… Il y a des chansons qui sont limites, mais qui sonnent super bien et qui mettent l’ambiance, du coup je suis toujours divisée, et suivant les contextes, je me permets de petits dérapages.

D’où viennent les artistes que tu mixes ?

C’est très underground, urbain, militant. Amérique du Sud surtout, Argentine, Chili, Colombie,… La plupart des artistes que je trouve et qui viennent de là-bas sont très engagées, et limite des figures de la lutte féministe dans leur pays. Ana Tijoux ou Sara Hebe, par exemple… Dans ce set, il y a aussi beaucoup d’artistes espagnoles. J’ai commencé dans un style tropical, parce que c’est le style que je domine le mieux, mais il y a évidemment aussi beaucoup d’artistes d’ici, ou françaises, anglaises, des États-Unis, qui sont très engagées.

Tu aimerais qu’il y ait plus de femmes DJ?

Clairement. Je motive trop mes potes. Quand elles me disent qu’elles ont essayé mais qu’elles n’ont pas le truc, je leur dis qu’il faut y aller, faut persévérer, parce que c’est trop bien ! Ça devient de plus en plus ouvert aux femmes, donc il faut d’autant plus les encourager. Moi je prends trop mon pied quand je mixe, c’est trop cool !

Ça a été difficile pour toi, au début ?

Oui. Quand je débarquais avec trois types de Tropical Blue Master Clash, on me prenait pour la copine qui vient regarder, ou leur assistante, des trucs comme ça… Maintenant ça va, je me suis fait ma place.

Tu as un coup de cœur dans ces 30 minutes déjà très courtes?

Ana Tijoux, c’est clairement mon artiste préférée. Elle est venue à Genève, au Rez, en février, et j’ai eu la chance de mixer après son concert. Pour moi, c’est le summum de ma carrière de DJ, je pense. Je ne peux pas espérer plus là pour l’instant !

Soundcloud et Instagram de Awka, Souncloud de Tropical Blue Master Clash

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