EPIC STRIP #5 – Monde d’après ?

C’est déjà le dernier épisode ! Avec EPIC STRIP, on t’a proposé une immersion humoristique et légère dans le thème du confinement. La carte blanche a été donnée aux artistes visuels romand.e.s ! Après creepy little ducks, Panpan Cucul, LaGonz’ et 135 Gazzetta, c’est Elorri Charriton qui conclut ce chapitre d’illustrations ! Parce qu’on l’espère, le confinement sera bientôt fini !

C’est Elorri Charriton qui nous fait l’honneur de clôturer cette rubrique EPIC STRIP en portant un regard sur le futur, aussi incertain qu’intriguant. L’artiste-graphiste-peintre cumule les projets tous plus excitants les uns que les autres, à l’image de la revue Humains qu’elle a co-lancée avec Louis Viladent. Voici son questions-réponses :

Comment as-tu commencé à dessiner ?

J’imagine que je dessinais comme la plupart des enfants, oui je passais du temps à ça et je ne me suis jamais arrêtée ! Je peignais dans ma chambre, sur mon lit, j’ai peint les draps plusieurs fois en débordant… Plus tard j’ai eu beaucoup de chance que mes parents aménagent un petit coin dédié, dans le garage. Le premier dessin dont je me souviens m’a fait passer de la joie à la gêne en deux secondes… Je devais avoir 7 ans, à l’époque je regardais à longueur de temps des documentaires animaliers. Ça m’a beaucoup inspirée le jour où j’ai dessiné deux girafes qui s’accouplaient en couleurs criardes, avec des bulles de dialogues explicites entendus dans des films. Je l’ai montré, super fière de moi, à ma mère, qui a rit jaune sur le coup ! Après la gêne, ma famille a bien ri encore quelques années après.

Tu portes plusieurs casquettes, quelles sont-elles ?

Je fais aussi du graphisme, principalement de l’édition ou pour des supports imprimés (identité visuelle, affiche). C’est une pratique qui nourrit bien la manière d’aborder le dessin : la structure, les grandes lignes qui composent l’illustration ou une fresque murale. Ce premier effet de la forme globale, que l’on perçoit à distance, avant de s’en approcher de près pour lire les détails, c’est la seconde lecture. Et à l’inverse, dès que le projet le permet, j’essaye d’introduire au graphisme ce que je trouve comme ambiance de couleurs ou de texture.


En 2018, j’ai co-lancé avec Louis Viladent, une revue qui s’appelle Humains et qui parle de gros sujets comme la santé dans nos vies, dans un système, des questions d’ordres sociales… Tout ça vu à travers le prisme d’êtres humains et de leurs expériences de terrain. Pour cette revue, je réalise graphisme et illustration. J’ai la possibilité d’expérimenter le strip (drôle) et l’illustration d’articles parfois durs à cuire.

Comment définirais-tu ton style ? Qu’est-ce que tu racontes à travers ton art ?

Ouf difficile de répondre. Je commence par le début, ça va peut être me donner des idées de réponse. Donc au début, je me suis lancée à reprendre au feutre, mélanger des compositions de la peinture italienne comme Giotto, ses couleurs turquoise et rose incroyables ou les portraits de Pisanello. Puis je me suis intéressée à la mythologie égyptienne, à la déesse Nout que j’ai commencé à dessiner de manière fidèle, de profil donc, en petit dans un coin de paysage. Puis, j’ai voulu la faire davantage bouger, tourner. Elle a bien évolué depuis et elle continue. Son visage, ses yeux changent. Les yeux sont même parfois le symbole principal. Ils deviennent des larmes, des vagues. Ça représente un moyen d’expression fort.

Une amie m’a dit un jour : un style sensuel-brut. Ça me va… Je porte aussi une attention particulière aux éléments naturels et à l’eau/l’océan. Du coup ces attentions deviennent vite des symboles qui jouent et composent des récits. J’adore les dessins très imagés, aux ambiances marquées : des tons pastels se fondant dans le ciel ou, au contraire, des lumières acides qui piquent les yeux. Alors ces ambiances aux contours flous peuvent raconter des atmosphères, des figures thérianthropiques, flottantes comme un poisson dans l’eau. Ou bien avec moins de détours, ça raconte des histoires de ce que je lis, vois et écoute “aux infos”. Des choses à pointer que je ne sais dire mais que je préfère dessiner comme manière d’en discuter. Comme le strip que j’ai fait juste au-dessus. Ah d’ailleurs, c’est pendant le premier confinement que j’ai commencé à faire ces strips persos “BD carré”…

Ton illu pour EPIC-Magazine, elle raconte quoi ?

Elle raconte cette grande phrase du “Monde d’après”, dressée en étendard, d’un possible changement radical de notre société – et de notre système lunaire – après la pandémie du Covid. On croit à l’avant et à l’après. Ce monde personnifié par une grosse forme flasque, un ballon de baudruche poilu qui aurait éclaté (voilà ça c’est le plus drôle du dessin). Et bien soit, on comprend que l’on est résilié, à réfléchir et organiser ce monde dans nos maisons de confiné.e.s, tel.le.s de futur.e.s survivalist.e.s, soit on nous “souffle l’idée” de bien le cacher et d’enfermer “ça” dans les maisons. En vrai à Genève ce sont plutôt des apparts, des espaces étroits d’habitation au passage.

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