Depuis le 19 février, le POCHE /GVE est habité par une forêt inquiétante et mystérieuse… Bois Impériaux de Pauline Peyrade est à l’affiche : entre thriller, conte contemporain et réflexion sociologique, cette nouvelle pièce joue sur les genres, les temporalités et les spatialités. Rencontre avec Céleste Germe de Das Plateau, metteuse en scène de ce spectacle.
Mettre du suspens au théâtre : c’est le défi que s’est lancé le collectif français Das Plateau avec Bois Impériaux. Une atmosphère atypique au théâtre, rendue possible grâce à un dispositif scénographique particulier mais aussi par l’écriture très brève, tranchante de Pauline Peyrade, amenant un rythme qui tient le spectateur en haleine. « Bois Impériaux, c’est aussi un thriller » nous dit Céleste. Mais comment instaurer du suspens au théâtre, lieu relativement éloigné du genre, plus souvent abordé au cinéma ? « Le texte est tendu, haletant et on a travaillé sur la musique, la lumière, la scénographie avec un système de filtre, de miroir… C’est la manière dont on a mis en relation les dispositifs scéniques qui permet de travailler sur le temps, le contracter, le dilater… et ainsi de créer une ambiance très particulière. » explique la metteuse en scène « Un road movie au théâtre pose des questions car on avait envie que les gens ressentent des émotions intenses : de la peur, de l’inquiétude, de l’attente… C’était vraiment un challenge. » explique Céleste Germe.
Le résumé ? « C’est l’histoire d’un frère, Johannes joué par Maxime Gorbatchevsky et une sœur, Irina interprétée par Maëlys Ricordeau, roulant de nuit à travers la forêt. » résume Céleste « Une sorte de Road Movie, où l’on comprend, dans un dialogue très elliptique et peu explicatif, que le frère est malade et ce que sa sœur l’emmène dans une institution. Mais le chemin à travers cette forêt est interrompu un certain nombre de fois par des scènes dans une station-service…». Un Hansel et Gretel contemporain, involontaire au début, abordant (entre autres !) les thèmes de la folie, de la jeunesse, et de la solitude.
Une production par le quatuor Das Plateau, dont la présence au POCHE /GVE est une première « Bois Impériaux est une commande du Théâtre du Poche. C’est donc une création faite en premier lieu pour ce théâtre et qui partira ensuite en tournée. On s’est vraiment dit qu’on voulait travailler sur l’enfermement, l’étroitesse, qui est à la fois celle de l’habitacle de la voiture et celle du Poche. Mais on voulait que cette étroitesse entre en relation avec un espace infini, la forêt, qui est tout autant une représentation de l’hostilité de notre monde qui abandonne ses enfants perdus, qu’une représentation de la psyché sinueuse et tourmentée de Johannes ” explique Céleste Germe.
Bois Impériaux n’est donc pas une comédie, encore moins du théâtre de boulevard mais du tragique contemporain, comme le nomme Céleste. « C’est pour ça que je fais du théâtre : pour parler et montrer ce qui est douloureux dans notre monde. Je n’ai pas envie de contourner ces choses-là, c’est une réalité et c’est celle qui nous entoure. Mais j’espère que c’est une pièce qui permet de penser, de s’interroger, de partager ses propres histoires”.
Une pièce qui fait réfléchir, qui pose de véritables questions sur le rôle ou plutôt l’absence de la société pour les personnes fragiles, sensibles et en détresse. Une pièce qui vaut largement le coup de braver la neige et le froid, afin de découvrir si les gens sont vraiment plus sympathiques, la nuit. À découvrir jusqu’au 11 mars
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