La Confession d’un enfant du siècle: monologue théâtral à courir voir de toute urgence

Depuis samedi, et uniquement jusqu’à mardi, Bertrand Farge incarne dans un monologue prenant Octave, le narrateur de La Confession d’un enfant du siècle d’Alfred de Musset. Suite à son succès parisien, la pièce atterrit le temps de (seulement) huit représentations à la salle de Agostini du Conservatoire Populaire. Dans un décor de tapis, d’arbre et de feuilles mortes, de fauteuil et de verres à vin, l’acteur évolue, seul. De temps en temps, le texte est ponctué, rehaussé d’une touche de musique – de cordes ou de voix – composée par Hervé Guérande-Imbert. Nous sommes entraînés dans la vie de l’enfant malade, à tel point qu’on se retrouve soudain un vrai verre de vin à la main, en pleine représentation, et qu’on sort de la salle conquis, avec une envie pressante de (re)lire le roman de Musset.

L’histoire, c’est celle d’Octave, jeune homme auquel est interdite la gloire des faits d’armes, puisque les guerres napoléoniennes ont pris fin. Il cherche le sens de la vie dans la débauche, dans la jouissance à tout prix. A la mort de son père, il quitte brutalement Paris et ses frasques, tombe amoureux de Brigitte Pierson, veuve retirée à la campagne de quelques années son aînée. S’en suit une passion amoureuse douloureuse, qui ne résistera pas à sa tourmente…

Dimanche soir, à la fin de la deuxième représentation de la journée, nous avons rencontré Bertrand Farge, le temps d’une courte interview, dans laquelle il aborde ses représentations dans des appartements parisiens, le vin rouge et les polars suédois.

Depuis quand jouez-vous la pièce ?

Bertrand Farge: Elle a été créée il y a trois ans, à Paris. On a joué au Théâtre du Marais ; on avait un contrat de trois semaines. Et puis on est resté quatre mois. A cette époque, avec cette compagnie-là, on n’avait pas beaucoup de budget de communication, et c’est le bouche à oreille qui nous a fait connaître. Donc ça a été crée il y a trois ans, mais moi, après, j’ai fait autre chose… Mais dès que je peux, je reprends ce monologue. J’ai été invité à le jouer au festival Autour de Madame de Staël au château de Coppet. Là, on a eu un accueil assez incroyable. J’y rejoue d’ailleurs, au mois de juin une pièce, ou une lecture, je ne sais pas encore… Du coup, Antoinette Kissling, une amie d’amis, qui était venue me voir à Paris et qui m’a fait inviter au château de Coppet m’a dit: « Il faut que tu viennes jouer à Genève! ». Moi, quand j’ai vu le théâtre, j’ai trouvé que c’était formidable. L’acoustique est formidable ; quand j’ai entendu ça, je me suis dit: « C’est génial, parce qu’on peut y aller tout doucement ». Même quand on y va fort, ça ne fait pas mal aux oreilles, et quand on n’y va pas fort, on entend jusqu’au dernier rang. Par contre, on souffre vraiment de la non reconnaissance de la salle de Agostini, de la non même connaissance de cet endroit ! Ce soir encore, dix personnes se sont perdues et n’ont pas réussi à venir.

Donc ça fait trois ans que je le joue, mais j’ai joué d’autres choses entre temps. C’est un monologue auquel je tiens, et comme je l’aime, j’ai envie de l’entretenir, et pour l’entretenir, il faut que je le joue, entre deux autre projets. Quand je ne joue pas, au bout de trois mois, je veux m’y remettre, alors je trouve un grand appartement à Paris. Je le fais dans une forme très discrète, avec une violoniste, ou un pianiste, sinon, je perds le texte.

Qui est-ce qui a retravaillé le texte ?

B. F.: C’est Frédéric Vossier, qui est un auteur qui marche très très bien en France, et qui adore ce texte, qui adore Musset, qui adore le romantisme, et qui a choisi, coupé, enlevé. En fait le texte est absolument initial. A part quelques points d’interrogations, c’est rigoureusement celui du roman – seul roman de Musset, autofictionnel comme on dit, puisqu’il l’a écrit juste après la rupture avec Georges Sand. Et puis il faut que ça soit un geste théâtral : il faut que ça m’habite aussi. Frédéric Vossier a su le dynamiser aussi, mettre une séquence plutôt confidentielle avec une séquence vive. On a fait des choix pour que ce soit vivant, pour que ça ne dure pas trop longtemps. Je pense qu’on y est arrivé, c’est ce que nous disent les gens. Mais sans ce travail de montage, je pense qu’on n’aurait pas pu avoir ce type de qualité au niveau de la restitution du texte.

Vous buvez du vin sur scène ?

B. F.: Bah je sais pas, vous avez bu quoi, vous ? Non mais non, impossible : je fais deux représentations, je bois un demi litre. Je serais pété comme un coing ! Par rapport aux mots, aux phrases, à la syntaxe, c’est impossible. Je me permets un dernier verre à la fin, mais sinon, non, je ne peux pas. Ça demande une rigueur incroyable : au bout de deux verres, terminé ! Ça ne marche plus sinon avec cette langue du XIXème : si je veux la raccrocher, si je la perds, c’est trop compliqué. On perd le subjonctif.

Auriez-vous un conseil littéraire ? Un livre à faire absolument découvrir?

B. F.: Un livre, de mon ami Denis Lachaud : Hétéro. C’est une pièce de théâtre aussi, que j’adore. Alors attention : on peut la prendre au premier degré, mais on se trompe. Et J’apprends l’allemand, du même auteur : génialement drôle aussi ! Sinon, je suis un fana d’Enning Mankell, qui vient de mourir, un auteur suédois. Je conseille Les Morts de la Saint-Jean. C’est du polar, mais c’est au-delà du polar.

Il reste donc la possibilité d’aller voir La Confession d’un enfant du siècle lundi 30 novembre ou mardi 1er décembre à 18h ou 20h30. Les réservations se font au 075 423 73 77. Le tarif est de 20 CHF, et le demi tarif de 15 CHF, donc n’hésitez pas: c’est le début du mois, vous n’avez aucune excuse!

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