La seconde édition du festival Au Parfum a investi la Parfumerie depuis le 8 septembre. Une manifestation pluridisciplinaire, avec une offre riche et une affiche composée de compagnies théâtrales émergentes. Rencontre avec Mia Mohr, Leo Mohr et Naïma Arlaud, trois organisateur·trice·s du festival.
Des Cabarets interstellaires, une création autour de la pudeur, des Rencontres sorcières ou encore un stage de clown. Voilà une partie des propositions amenées par Au Parfum. Un festival centré sur les arts visuels et vivants, prenant place sur près d’un mois et demi.
La première édition ouvrait ses portes il y a deux ans. Elle était organisée par Les Parfumeurs, c’est-à-dire les trois compagnies (le Théâtre Spirale, 100% Acrylique et le Théâtre des Intrigants ndlr) qui dirigent la parfumerie. L’envie originelle était d’ouvrir le théâtre du chemin de la Gravière aux troupes émergentes, préalablement passées par les ateliers des compagnies résidentes du lieu. La première édition était donc plus focalisée sur le théâtre et les talents de la Parfumerie, le tout principalement supervisé par Evelyne Castellino.
Deux ans plus tard, c’est un tout nouveau Au Parfum qui voit le jour. Initié par Patrick Mohr, le metteur en scène décide de reprendre le flambeau avec une nouvelle édition dirigée par Mia Mohr, Leo Mohr, Naïma Arlaud et Jeanne Pasquier. « On a décidé de sortir un peu de la Parfumerie en invitant des copains ou des personnes qui nous ont marqués dans notre parcours, explique Leo Mohr. On a réfléchi ensemble à une programmation regroupant des gens avec qui on aime travailler et avec qui on a déjà des affinités. » C’est la première fois que ces artistes collaborent dans le même espace. Une ambiance de travail presque familiale, qui leur permet de retrouver du lien et d’avoir des « échanges facilités » note Mia Mohr : « Pouvoir travailler en parallèle dans un même lieu, de manger et de faire des échauffements ensemble, c’est un cadeau. Je pense que le public ressent cette énergie positive. »
Des compagnies jeunes, émergentes et souvent locales
Pendant plus d’un mois, une dizaine de manifestations sont proposées. Performance, stage, théâtre, cabaret… Au Parfum est riche et foisonnant, en offrant en plus une place de choix aux troupes émergentes et (presque entièrement) de la région. « C’était vraiment une des envies au début du projet. Une compagnie est émergente lorsqu’elle a créé moins de cinq pièces, ce qui est le cas (et de loin !) de tous les artistes présents », précise Leo Mohr.
Le public pourra retrouver des pièces précédemment jouées comme le très attendu SORS ta CIERE, mis en scène par Naïma Arlaud et Mia Mohr. Les 25, 26 et 27 septembre se dérouleront aussi les Rencontres Sorcières, un évènement transdisciplinaire avec des conférences, performances et un pôle plus participatif avec des ateliers. Considérées comme le « cœur du festival », ces rencontres souhaitent amener un espace où imaginer des pratiques sorcières. « Ça peut englober beaucoup de choses et c’est vraiment vaste. On est par exemple allé cueillir des algues au Rhône pour construire une installation », note Mia Mohr.
Moment de poésie aussi avec Dans sa Peau, une histoire tirée de la nouvelle L’Incroyable et Triste Histoire de la Candide Erendira et de sa grand-mère diabolique, de Gabriel García Marquez. On y parle dépendance, relations étranges et rapport au corps avec sensibilité et philosophie. Pour les afficionados d’humour et de folie douce, Le Cabaret International et Interstellaire des Amis Savoureux revient lors de trois soirées festives. Une dizaine d’invités présentent des sketchs courts avec des interventions toujours acides des trois présentateur·ice·s Leo Mohr, Raphaël Archinard et Nathaly Leduc.
Un autre moment fort de cette nouvelle édition se déroulera le week-end du 10 octobre. Au Parfum propose aux jeunes talents des ateliers de la Parfumerie d’investir la scène avec une carte blanche imaginée totalement par eux. Douze performances seront jouées durant ce week-end. A ne pas manquer !
Deux créations sont en plus au programme : la performance Animsime domestique libéré et la pièce Pudeur, à découvrir du 6 au 18 octobre. « On souhaitait se réapproprier le terme de Pudeur qui peut paraître parfois un peu réactionnaire ou désuet. J’avais envie d’amener une réflexion autour de ce mot avec une pièce assez ludique », précise la metteuse en scène, Naïma Arlaud. Toutes ces propositions permettent en plus de mélanger les publics et d’attiser la curiosité de toutes et tous.
Un retour sur scène attendu
A presque mi-parcours, les organisateur·trice·s se disent satisfaits des retours des spectateur·trice·s. « Le public est vraiment reconnaissant et heureux d’aller au théâtre. Alors oui l’expérience est différente, mais on a eu que des retours super positifs pour le moment. En tant qu’artiste, ça nous pousse à nous renouveler et à expérimenter de nouvelles formes scéniques », précise Mia Mohr.
Toutes les pièces sont à prix libre. Un pari supplémentaire pour l’équipe, qui dépend presque entièrement des recettes de la billetterie. La créatrice de SORS ta CIERE, Mia Mohr, explique : « On a pu observer par exemple au Théâtre du Galpon que les soirées affichées Prix Libre ne changeaient pas grand-chose par rapport à une billetterie habituelle. Ça fait un moment maintenant que le prix libre se pratique, donc les gens ont assez conscience de ce que ça représente. On a envie que les personnes qui ne pourraient pas payer un montant plus conventionnel puisse venir et on fait confiance à celles et ceux qui peuvent mettre un peu plus de le faire. »
Au Parfum ramène donc de la vie au bord de L’Arve avec des pièces audacieuses et hétéroclites. Pour en savoir plus, rendez-vous sur leur page Facebook, Instagram ou sur le site de le Parfumerie. Toutes les mesures sanitaires sont respectées avec une jauge réduite, le port du masque obligatoire lors des déplacements et aussi un système de traçabilité. Réservation fortement recommandée.
