Elles sont trois Femmes, Simone Aubert, Aurélie Carrier et Claire Mayet, et au sein de leur projet artistique commun, elles se disent Fauchées. Passées par le cabaret et par des mises en scène dans des clips vidéos déjantés, elles proposent aussi depuis bientôt 13 ans des dj set cassettes. À l’occasion du vernissage du nouvel album d’Hyperculte, elles proposeront leur sélection. EPIC-Magazine les a rencontrées…
C’est au Phare, rue Lissignol, que nous rencontrons les Femmes Fauchées. D’abord Simone, membre des groupes Hyperculte et Massicot, cigarette à la main. Puis Claire, contente d’être là, surprise aussi que l’on veuille évoquer pour la première fois en treize ans, le projet des Femmes Fauchées dans un article de presse. Aurélie, nous rejoint peu après, « c’est un peu la course, avec le boulot ». Elles expliquent qu’elles se retrouvent de manière sporadique, car toutes bien occupées dans des projets aussi bien professionnels que personnels. « C’est peut-être le secret de longévité du projet, le fait que l’on ne mixe pas très souvent ensemble », explique Simone.
Un projet loufoque
Tout débute en 2007, Simone, Claire et Aurélie sont toutes trois étudiantes et traînent au Clos Voltaire, dans une Genève baignant encore dans la culture squat. Inspirées par le projet des « femmes friquées », une sorte d’hégémonie à l’hyper sexy dérangeante, elles décident de prendre le contre-pied de la démarche pour en faire une parodie. S’en vient le nom des « femmes fauchées ». Le principe est le même que leurs homologues avec l’envie de tout faire à l’envers et surtout, « de faire l’éloge de la récupération » ajoute Simone. Tout cela n’est alors qu’une plaisanterie, « un délire » comme explique Claire. Pourtant, les femmes fauchées se mettent vite à pousser le projet plus loin, avec une vision totalement décalée de la femme, « sans partir dans des théories féministes intellectuelles », continue Simone. Le projet s’envole: les évènements se succèdent, d’abord avec des cabarets et des concepts de soirées agrémentées de performances absurdes. C’est là que les déguisements deviennent partie intégrante du projet. Vient alors le temps de faire un dj set entièrement avec des cassettes, et là, c’est la révélation.
La K7 comme terrain d’expérimentation
Pour lancer leurs sets, Les Femmes Fauchées commencent à chercher dans leurs collections de cassettes « pourries », et s’équipent du matériel de bord: « on n’avait pas de bons lecteurs », se remémore Claire. Malgré la qualité du son très Do It Yourself et la ribambelle de sons kitsch des années 90, les soirées semblent fonctionner. « C’est un projet où l’on se permettait de faire n’importe quoi, et ça plaisait », explique Simone. Les Femmes Fauchées expérimentent le lâcher prise total, et improvisent lorsque les K7 se rembobinent mal et que les chansons sont difficiles à passer. « Le public nous soutenaient dans le parti-pris de la cassette, ils se sont intéressés, se sont approchés pour voir comment on mixe avec des cassettes », explique Aurélie.
En effet, les 3 DJettes offrent plus que de la musique, elles proposent une performance artistique totalement immersive. Outre les soirées qu’elles animent telles des divas, les Femmes Fauchées sortent aussi des clips vidéos, où elles se mettent en scène dans des lieux désaffectés, « pourris », comme le Motel de Founex. Elles reprennent alors l’esthétique de leur projet récup’, présentant une ambiance « strip tease » et des looks anti-sexy, agrémentées d’actions loufoques. Une exploration du lo-fi sur un fond de musique électronique composée sur Fruity Loops par Simone, « le logiciel de la honte », ajoute-t-elle en riant.
les femmes fauchées au motel de founex from saimoone on Vimeo.
Un état d’esprit libérateur
En somme, les Femmes Fauchées représentent « le fait de vivre intensément sa vie », explique Simone. « À l’époque, il était simple d’avoir des lieux et d’organiser ce que l’on voulait, sans penser à l’argent », poursuit Aurélie. À l’ère de Myspace et Tumblr, les trois jeunes femmes incarnent la possibilité de faire tout et n’importe quoi, sans limite de l’absurde.
13 ans après, les Femmes Fauchées ont pourtant changé. Elles ne se déguisent plus, leurs cassettes sont meilleures et leur matériel est de bonne qualité. Elles ont également laissé de côté les clips vidéos. Le déguisement anti-sexy ne faisant plus trop sens, les soirées DJ set continuent mais sont axées plus que jamais sur la performance K7. « La K7 c’est la base du projet, une marque de fabrique », explique Aurélie. Les Femmes racontent aussi la préciosité de l’objet qui s’est développé pour elles, et l’affection qu’elles portent aux cassettes. « Elles comptent beaucoup, on s’en offre entre nous, et on en ramène beaucoup de nos voyages », raconte Simone.
Ce vendredi 3 mai, Les Femmes Fauchées proposeront leur dj set à Kalvingrad à l’occasion du vernissage du nouvel album d’Hyperculte. Il faudra se laisser étonner par une représentation originale 100% K7, ainsi que par les intérêts musicaux de chacune des djettes qui se feront ressentir, des styles les plus pointus aux grands succès des années 90 !