MAXINE YOLANDA OU LORSQUE CHAOS ET HARMONIE SE RETROUVENT ENFIN

Nous pénétrons dans l’antre kaléidoscopique et fauviste de Maxine Yolanda. L’éclectisme de son environnement reflète avant tout ses multiples inspirations qui ont toutes pour point cardinal principal l’art auquel elle se dévoue, la musique. Ce qui a avant tout attiré l’attention d’EPIC, c’est le genre unique qu’elle cultive, « une musique pour voix et électronique » qu’on peut aussi catégoriser d’ambiante, immersive et expérimentale. Ensemble nous avons échangé sur son parcours, le développement de son style et l’esthétique qui anime son univers.

Maxine apparait au milieu d’une famille de musiciens. Une musicologue, un compositeur et une cantatrice émigrée des États-Unis – l’histoire remonte à ses grands-parents. « Mes deux parents sont vraiment nés et ont baigné dans un monde musical avec une rigueur pour certains et d’autres un peu moins. Ils m’ont ensuite transmis leurs goûts musicaux. Mon père a pris beaucoup de temps à m’apprendre le rythme, me faire écouter des choses compliquées et me faire découvrir des choses chouettes. Ma mère a toujours fait du piano dans le salon lorsque j’étais plus jeune, elle jouait du Beethoven. On m’a mise aux cours de solfège, ma grand-mère venait me donner des cours de musique théorique toutes les semaines jusqu’à mes 14 ans, j’ai fait de la clarinette et du piano. J’ai aussi eu des petits groupes de rock à l’école, où on me proposait de chanter. C’est vraiment ma vie. »

Tout prend une nouvelle tournure lorsqu’à 15 ans Maxine découvre le line 6, un looper qui appartenait à son père, bassiste et ingénieur du son. En enregistrant des nappes de sa voix, qui se superposent en harmonie ou dissonance, elle explore une nouvelle dimension du chant et observe l’espace qu’il crée. « Je suis très timide en général. Utiliser ce looper c’était utiliser ma voix, mais pas seulement. C’était comme s’il y avait plusieurs personnes qui chantaient et qui se répétaient ensemble. C’est ça aussi que j’appréciais, c’était de m’effacer même si c’était moi qui produisait ça. Qu’il y ait aussi beaucoup de coïncidences parce que je ne savais jamais comment la boucle allait réagir. C’était toujours une surprise. Et le mot que tout cela m’évoquait était simplement : agréable. » L’expérience devient sensorielle tout autant que sonore et devant son public, Maxine se rend compte que cette musique a le pouvoir de bercer, de nous perdre et de nous faire entrer dans un état méditatif.

Maxine travaille dans la multidisciplinarité. Elle termine un CFC en Photographie au CEPV de Vevey et l’utilise ensuite pour enrichir son art. Touche-à-tout qui mêle vidéographie, photographie et arts du digital, elle développe sa propre esthétique inspirée du visuel des années 90. Ceux qui ont grandi lors de cette décennie se souviennent des images couleurs vives et saturées qu’on rencontrait sur les écrans. Marquée inconsciemment par cette frénésie et les bruits blancs de la TV, Maxine associe naturellement la musique qu’elle produit à ces images. « J’adore cette idée d’absurde, que ça n’a pas besoin d’avoir un sens. C’est juste un univers parallèle à celui dans lequel on vit. »

À l’image de l’ère industrielle telle que décrite dans le film Brazil, des villes au rythme immodéré auquel l’être humain se heurte, inlassablement épuisé et en quête de sens, Maxine crée un environnement de collisions. Il mêle esthétisme chaotique aux couleurs extrêmes à des sonorités douces et harmoniques. « J’aime utiliser ces images, tout en sachant que les spectateurs vont être dans un contexte calme. L’état peace of mind est confronté à tous ces débris et ensemble forment un tout. C’est ce contraste entre le chaos visuel et la musique ambiante et méditative que je recherche ».

Inspirée par les impressionnistes français comme Claude Debussy et Maurice Ravel, par des musiciens électroniques actuels, de jazz mais aussi des artistes comme Grizzly Bear, Hiatus Kaiyote, D’Angelo, Cal Tjader, Terry Riley et Björk, Maxine multiplie ses influences et enrichi son répertoire. À la fois, elle développe une musique nouvelle qu’elle découvre elle-même lors de sa création, « mais en même temps, tout ce que ça a donné n’était qu’une suite de tout ce que j’avais écouté et qui me touchais. Quand j’y pense, tout ce qui m’avais touché dans mon enfance, peut se retrouver dans certaines choses que je fais actuellement. » Maxine est une artiste à suivre, qui cherche continuellement à se renouveler, à aller plus loin et à explorer de nouvelles disciplines.

Informations supplémentaires : Soundcloud, Youtube
Albums : collaboration avec Juan Waters sur son dernier album Introduction Juan Pablo dans Letter II et Crazy Funny
Événements prochains : 5 juillet à la Scène des Fiertés et Rue Lissignol

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