Mythologie et tatouage avec El Churros

EPIC est parti à la rencontre du tatoueur El Churros, actuellement résident à Bruxelles. Le genevois se confie sur son parcours, ses inspirations et sur le monde du tatouage à Genève

Comment est-ce que tu as commencé le tatouage ?

J’ai un parcours assez chaotique à cause de ma hantise de l’école, mais pour faire simple j’ai fini par faire un CFC de graphiste Typo/Com au CFPAA à Genève. J’ai commencé le tattoo en mars/avril 2016 si je me souviens bien. Alors que j’avais fini mes études et pris une année sabbatique pour faire des expos et des projets personnels, un pote m’a vendu une vieille machine toute pourrie et j’ai de suite kiffé : j’en dormais plus la nuit tellement j’étais à fond ! Ensuite j’ai essayé de me trouver un apprentissage mais pas facile à trouver. J’ai finalement atterri au salon le 33 Tours ou je me suis fait mes armes sous la supervision de mes collègues, qui sont devenus des amis par la suite.

Avant le tattoo il y avait bien entendu l’illustration. Je dessine depuis tout petit (quasiment tous les jours) et j’ai eu la chance de prendre 2-3 cours avec Scott Rosema (illustrateur Marvel et DC comics). Je me suis par la suite perfectionné avec des tutos Youtube notamment ceux d’Alphonso Dunn. Le tattoo est venu bien plus tard et a totalement changé ma manière de dessiner et d’aborder un dessin dû aux contraintes de vieillissement et de cicatrisation entre autres.

Qu’est ce qui t’inspire pour créer tes tatouages ?

Énormément de choses m’inspirent : ça peut aller de l’univers de la bande dessinée à la peinture/sculpture, en passant par la musique. Cette dernière joue un grand rôle dans mon inspiration je crois. J’ai tendance à écouter des trucs assez calmes voire carrément tristes, va savoir pourquoi… et ça fini assez souvent par se refléter dans mon travail.

Une autre grande inspiration est la mythologie, je suis fasciné par la Mythologie grecque et égyptienne, mais je m’efforce de ne pas faire du copier-coller afin de créer une sorte d’univers mythologique inconnu dans lequel je peux faire un peu ce que je veux.

Comment est-ce que tu décrirais ton univers ?

Je suis totalement incapable de décrire mon univers hormis le fait qu’il y ait une petite part de mythologie dedans, je me met en mode automatique quand je dessine ou quand je peins et j’analyse très peu ce que je fais. Je laisse ça aux autres.

On a récemment qualifié mon travail de Surréalisme Romantique. Je crois que j’aime bien cette définition même si ça sonne un peu péteux

Plutôt flash, ou projets personnels ?

Ah, la question à mille piastres

J’aime faire mes flashs puisqu’ils représentent vraiment ce que j’ai en tête et la direction dans laquelle j’aimerai amener mon travail, mais les projets et les idées de mes clients me permettent de sortir de ma zone de confort et de pousser le truc toujours plus loin. Impossible donc de départager les deux puisqu’ils s’entre-nourrissent, mais c’est quand même un peu plus cool de piquer des flashs pour être honnête, je connais vraiment mon design et peut du coup me permettre de dévier un peu du motif pour qu’il intègre bien la compo de la personne que je pique.

Tes dessins représentent souvent des être vivants. Est-ce que ce sont des sujets qui te parlent plus ?

Oui ce sont des sujets qui me parlent beaucoup, bien plus que de simples objets, même si j’en fais de temps en temps. J’ai l’impression qu’à travers les personnages féminins, mais aussi avec les paysages ou natures mortes il est facile de véhiculer une émotion ou un ressenti qui peut toucher n’importe qui. Une grosse partie de mon travail est de faire en sorte que les gens trouvent une émotion à travers mes designs, peu importe laquelle, tant que ça les touche.

Pour parler des représentations féminines, j’aime tout ce que cela peut représenter, il suffit d’une pose de main, d’un regard, ou d’une posture pour pouvoir véhiculer la tristesse, la force, la mélancolie, l’épanouissement etc.. en gros les motifs de femmes que je tatoue m’aident à représenter figurativement des notions abstraites de la vie. Il y a aussi un côté mythologique associé à la femme que j’aime beaucoup, il en va de même pour les animaux.

En ce qui concerne les animaux il n’y a pas de raisons particulières, j’aime les animaux, surtout les félins. J’ai une véritable admiration pour eux.

J’aime aussi dessiner des squelettes et essayer de démystifier ce motif qui a souvent une connotation négative. La mort est ce qui nous rends vivant dans un sens, il y a donc aussi du bon là-dedans je pense.

Pourquoi être parti de Genève pour aller à Bruxelles ?

Je voulais sortir de ma zone de confort et voyager plus, j’ai un grand désir de découvrir ce qui se fait ailleurs dans le monde et Bruxelles étant au milieu de l’Europe il est très facile de se déplacer n’importe où. J’ai cette crainte de ne pas profiter de la vie si je ne voyage pas, si je ne découvre pas d’autres paysage, d’autres villes et d’autres cultures. Je voulais aussi m’installer avec ma copine, mais Genève était totalement inaccessible. Bruxelles nous a permis ça avec une incroyable facilité

On a l’impression de voir de plus en plus de salon de tatouage à Genève, ou même de tatoueurs.euses, qu’en penses-tu ?

Les choses commencent à sérieusement bouger à Genève et c’est une bonne chose. De plus en plus d’artistes d’univers tous plus différents les uns que les autres émergent et proposent des choses innovantes dans le monde du tattoo. Certains ragent en voyant pleins de petits nouveaux, mais cela créé une bonne dynamique à mon sens. Il faut savoir se renouveler et ne pas se reposer sur ses lauriers. Personnellement, tout cela me donne envie d’aller toujours plus loin dans mes solutions graphiques ainsi que dans les techniques du tattoo.

Pour découvrir le travail d’El Churros :

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