Pascal Viscardi, trois ans après

Nous avions rencontré Pascal Viscardi en 2016 sur la terrasse de la Petite Reine. Il nous y contait les débuts de son parcours de DJ au sein d’un studio à Artamis, ses premières soirées clubs à Lausanne, et l’héritage qu’il transporte aujourd’hui à Genève dans une effervescence toujours plus intense de la musique électronique. Le producteur revient aujourd’hui se livrer, cette fois au Central Station autour d’une bière, pour nous faire part de ce qui s’est passé dans la vie d’un compositeur et collectionneur compulsif de disques, en presque trois ans.

Pascal Viscardi nous laissait dans sa première interview pour EPIC-Magazine avec un avant-goût de ses projets futurs. Il nous parlait de sa collaboration avec La Chinerie, ayant pris forme en hiver 2017 alors que le label lyonnais prenait une nouvelle direction. Pascal Viscardi sortait alors son vinyle Chabha Dassin Hakku, avec une track, « La Hess » aux influences afro-baléaro-expérimentales. Reprise en club par Pablo Valentino, Motor City Drum Ensemble ou encore Laurent Garnier, ce titre est devenu l’une des productions fortes du DJ genevois qui l’a encore un peu plus confirmé dans la scène house internationale. 

Composer pour exister

En parallèle, poursuivant sa phase de production, Pascal se lance dans l’écriture d’un album ambitieux, au tempo lent et aux machines, mais cela n’avance pas sans péripétie. Le processus n’aboutit pas totalement, « il ne raconte pas assez d’histoires, il ne va pas au fond des choses, ce qui est essentiel », explique Pascal. Alors le DJ part à la recherche d’autres challenges en mettant de côté ce projet conséquent. C’est là que le chapitre Periodica Records débute : Pascal, napolitain d’origine, intègre le label italo-futuriste aux tendances post disco fondé par Dario di Pace, Raffaele Arcella et Enrico Fierro, pour travailler d’autres nouveaux projets. 

Le producteur décide alors de se replonger dans le récent passé pour puiser dans un album plus ancien et inachevé, inspiré par l’Ambient digital de la fin des années 80 et le Japon, pays où Pascal a voyagé et mixé à plusieurs reprises. En sélectionnant quelques tracks essentielles, s’en suit alors une période de travail en studio au West Hill Studio, à Naples. Là-bas, il se sert de son héritage d’instrumentiste et surtout de sa basse et de sa guitare pour arranger ses morceaux, accompagné du trio napolitain de Periodica Records ; « le tout dans un style très post new wave », explique le producteur. Le résultat est alors un surprenant mélange de funk napolitain électronique, résolument downtempo et aux touches acoustiques. Ce bijou, c’est « Nero di Seppia (7inch) ». En 2019, l’équipe remet le couvert, cette fois-ci dans un registre beaucoup plus club, avec le Proto-House « Arcipelago ». Suite à la sortie de ce 33 tours, Pascal signe avec l’agence de booking West Hill Bookings  en compagnie des autres artistes Periodica Records ainsi que du duo Nu Guinea.

Quand plusieurs projets coexistent

Si Pascal se voit être aussi productif aujourd’hui en termes de création, cela résulte d’un travail de maturité en tant que DJ. Lorsqu’on lui demande ce qu’il reste du monde de la nuit chez lui, il explique qu’il a laissé son côté fêtard à Artamis. Les DJ set ont progressivement laissé place aux sessions studio, aux expérimentations et autres dialogues avec l’univers des machines, en prenant inspiration non pas uniquement dans la musique de club, mais aussi dans des univers de la vie quotidienne: « des soundscapes, des voyages ou de simples émotions, partout là où la musique possède une représentation physique ou onirique », ajoute-t-il. 

« Provoquer » alors son public dans une recherche musicale plus mure et plus esthétique, c’est ce qui permet au producteur de créer des images par le son et de se renouveler à chaque disque. En poursuivant la métaphore, Pascal explique comparer la musique au cinéma, en soignant le cadrage, « comme dans un film de Paolo Sorrentino ».

En somme, ces trois dernières années, Pascal Viscardi s’est montré concentré et efficace, tout autant à l’international que sur la scène genevoise. Collaborant avec le DJ local androo sur son nouveau disque à venir sur BORN, incluant également un remix de la DJ chilienne Paula Tape, tout en apportant sa contribution à la compilation inédite Various Artists Geneva. Pascal sera d’ailleurs au RHIZOM FESTIVAL à Zurich le 9 juin prochain, accompagné du talentueux Alano Santo du groupe l’Éclair, aux percussions afro-latines, pour présenter un live composé d’un mélange de nouveautés inédites, de ses dernières sorties comme de celles à venir.

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