Rentrée théâtrale à Saint-Gervais

200 Golpes de Jamón Serrano de Marina Otero. Crédit : Andrés Manrique

Comme tous les théâtres à cette époque de l’année, le Théâtre Saint-Gervais s’apprête à débuter sa saison 2020-2021. Une saison théâtrale forcément particulière au vu des conditions sanitaires, mais dont la programmation reste fidèle à la volonté de Sandrine Kuster, directrice générale et artistique, et son équipe : des spectacles empreints de diversité et pluridisciplinaires.

Quelle est la ligne directrice de la programmation pour cette saison ?

La ligne directrice, c’est qu’il n’y a pas de ligne directrice. Notre credo est la pluridisciplinarité. Nous recherchons une diversité dans les formes de spectacles ainsi que dans les formes artistiques. Nous avons programmé des spectacles qui allient texte, son et musique, ou qui associent le théâtre avec d’autres expressions artistiques telles que la danse ou la performance. Enfin, nous souhaitons consacrer une part importante de notre programmation aux artistes de Genève, tout en présentant quelques artistes internationaux. Si tout va bien, nous aurons droit aux spectacles, en espagnol, de trois artistes sud-américains qui viendront à Saint-Gervais.  

Quels sont à votre avis les attentes du public pour la prochaine saison ? Notamment par rapport à la situation sanitaire actuelle ?

De notre côté, nous mettons en place toutes les mesures nécessaires à la sécurité du public, le port du masque sera obligatoire au moment de l’entrée et de la sortie du public, et nous mettrons en œuvre un système de traçabilité du public. 

Désormais, je pense que le public a intégré ces mesures sanitaires. Il est content et a envie de retourner au théâtre. On a besoin de nourriture artistique en ce moment : on vient au théâtre pour y vivre une expérience commune en direct, et c’est ceci qui manque particulièrement en ce moment.

Si vous deviez faire ressortir un ou deux spectacles de la programmation, le(s)quel(s) serai(en)t-ce ?  

Le premier serait Go Go Othello, de Ntando Cele, qui sera joué Chez Jean Luc, en anglais. Sa pièce porte sur le rôle des femmes de couleur dans le domaine du spectacle. Elle explore le cliché de la femme noire qui danse et de la figure féminine dans le monde du spectacle. Ces thèmes font écho à la situation actuelle et à la représentation des genres et des couleurs de peau dans le monde du théâtre, qui est un monde très blanc.

Go Go Othello de Ntando Cele. Crédit : Janosch Abel

Le second serait le spectacle « Demolition Party », d’Olivia Csiky Trnka, qui ouvre la saison. Ce spectacle est à l’image de la saison entière : pluridisciplinaire. Sur scène, on retrouve l’artiste et son texte, mais aussi une peintre, un cinéaste et un musicien. Ce spectacle parle de la nostalgie d’une époque révolue et résonne intensément avec l’actualité : la nostalgie de l’insouciance d’avant le coronavirus.

Parlez-nous de la série « Vous êtes ici » se déroulant dans 12 théâtres genevois tout au long de l’année. Comment s’est déroulée l’organisation d’un tel événement ?

Tout est parti de Julie Gilbert, Michèle Pralong et Dominique Perruchoud. Les trois femmes sont parvenues au constat que depuis 2018 environ, les théâtres genevois ont connu beaucoup de nouvelles directions. Elles se sont alors entretenues avec plusieurs directions de théâtre pour diffuser leur idée de collaboration inter-théâtrale, et les structures ont répondu assez vite par l’affirmative. Ce projet de feuilleton théâtral, qui se joue dans 12 théâtres au cours de l’année, est une première en son genre, c’est une véritable utopie. C’est chouette de pouvoir réunir des structures aussi différentes que le Théâtre de l’Usine ou le Théâtre de Carouge pour un seul et même feuilleton.

À quelques jours de l’ouverture de la saison, dans quel état d’esprit se trouve l’équipe du théâtre Saint-Gervais ?

Disons qu’on a eu le temps d’anticiper, d’échafauder des plans A, des plans B. On a intégré la nouvelle donne. Nous allons tout faire pour maintenir la scène et les artistes qui souffrent, et on ne va pas annuler la saison. En résumé : je peux dire que nous sommes confiant·e·s.

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