Road trip nerveux et intense au Poche

crédit: Samuel Rubio

Depuis le 4 février, le POCHE /GVE propose la pièce La Chute des comètes et des cosmonautes de Marina Skalova, sur une mise en scène de Nathalie Cuenet. Découverte d’un texte fort et absolument actuel, porté par un duo de comédiens percutant.

Berlin. Un père et sa fille, à la relation étriquée et tendue, s’engagent sur la route direction Moscou, où Anna a rendez-vous pour son doctorat en astrophysique. En réalité, ce voyage va prendre la forme d’un retour vers le passé, d’un cheminement en sens inverse pour un homme qui a dû quitter l’Union soviétique de sa jeunesse pour s’installer en France en compagnie de sa femme et de son enfant, laquelle n’a jamais connu cette époque où la vie était si différente. Cette errance prend donc une dimension fortement symbolique, tant pour une jeune fille perdue en plein chagrin d’amour que pour un père en quête de sens dans son existence déracinée.

Cette pièce nous conte aussi bien l’histoire de deux chutes personnelles que le récit d’une chute historique, l’effondrement du bloc de l’Est et du système communiste, qui conditionne profondément le destin de deux êtres sans repères. Ce sont donc deux monologues qui s’entrechoquent, s’entremêlent et se répondent pendant cette heure intense de spectacle. Ce père et cette fille, entre lesquels l’incompréhension règne, se provoquent, cherchent à se connaître, s’affrontent, pour parvenir à s’accepter et s’aimer pleinement. Cette relation haute en couleur est admirablement interprétée par les comédiens Christina Antonarakis et Fred Jacot-Guillarmod, dont le talent est mis en valeur par un texte regorgeant d’humour absurde. On notera également l’importance centrale de la musique et des jeux de lumière dans la mise en scène ainsi que la présence à-propos d’images projetées contre les murs, rappelant le rattachement de la pièce au théâtre contemporain.

Cette Chute des comètes et des cosmonautes est donc un formidable moment de poésie, traitant de thèmes terriblement actuels, tels que l’individualisme exacerbé, l’amour sacrifié sur l’autel du consumérisme, la perte d’idéal commun et une volonté insatiable et souvent déçue de trouver sa place dans notre cruelle société d’aujourd’hui. Si le leitmotiv du spectacle demeure “Vous n’auriez pas une autre planète ?“, ce n’est toutefois pas une pièce dénuée d’espoir, au contraire. Elle nous pousse à nous regrouper, à éveiller le sentiment de fraternité qui sommeille en nous, à accepter la réalité telle qu’elle, dans un monde où tout change si vite. Un spectacle à découvrir sans modération jusqu’au 17 mars au POCHE /GVE.

Toutes les infos : POCHE /GVE

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