Sophie Le Meillour, plasticienne touche-à-tout affirmée

crédit : Juliette Gaultier

Artiste plasticienne et visuelle française établie depuis 12 ans à Genève, Sophie Le Meillour ouvre toujours un peu plus ses horizons de création entre vjing, mapping et peintures murales, mais la liste est encore longue ! En ce moment, elle s’apprête à inaugurer l’évènement CityColor du 10 au 12 septembre, 3 soirées de projections dont elle gère la direction artistique.

Lorsque l’on arrive dans son atelier d’artiste niché dans le bâtiment du Sentier des Saules, on découvre Sophie concentrée sur ses oeuvres. Là, elle travaille par exemple sur des impressions texturées de tâches de couleurs, issues de sa collaboration avec le Campus Biotech à Genève. Elle les dispose au sol, les replace, afin de modéliser son exposition à venir. Elle a pensé à tout, en multipliant les formats : des petites cartes postales aux grandes affiches brillantes, chacun.e peut y trouver son compte. À travers ce travail, on décèle un intérêt pour la science, l’univers et les corps célestes, qui lui servent d’inspiration. « J’aime aussi beaucoup jouer avec les échelles, c’est-à-dire l’illusion entre l’infiniment grand et le petit, voire microscopique », précise l’autodidacte.

crédit: Juliette Gaultier

En apercevant les divers médiums qui l’entoure, on comprend vite que l’artiste aime mêler l’analogique au digital. Elle utilise les outils technologiques, à l’instar de son écran moniteur et de son ordinateur portable, mais fait aussi travailler ses mains comme en témoignent ses sculptures en poterie ou ses foulards en soie qu’elle va réaliser à l’automne prochain à Istanbul. « J’aime travailler la matière, les textures, arriver à les toucher et les transformer à ma guise », nous explique Sophie, pleine d’élan. Quand elle n’a pas de la matière à investir, Sophie utilise ses compétences de plasticienne pour concevoir des décors, des spectacles ou autres évènements. En septembre, elle collabore avec trois illustratrices genevoises, Alice Izzo, Popy Matigot et Isabelle Von Marlon, pour projeter des fresques lumineuses sur la place des Grottes, le mur des réformateurs, et le BFM. « J’adore travailler avec des personnes d’horizons divers et confronter les disciplines, pour arriver à un projet complet », explique l’indépendante.

Il lui arrive même de collaborer avec son frère, Maxime, lui aussi artiste et motion designer qui l’accompagne et l’épaule sur de nombreux projets, en déployant son univers en 2D et 3ème dimension.

Le vjing comme pierre angulaire

Sophie se rappelle ses études à la HEAD qui l’ont amenée jusqu’à Genève, et lui ont appris à développer la photographie, la vidéo et le dessin. « J’ai été baignée dans la culture alternative, notamment à l’Usine où j’ai commencé à projeter des images sur de la musique », se rappelle la trentenaire. C’est alors par le vjing, qui consiste à mixer des images en temps réel sur une musique club, qu’elle se familiarise avec l’effervescence culturelle de Genève. Cette dernière lui permettra d’ailleurs de s’exporter dans des festivals sur plusieurs continents comme au Knockdown Center à New York, à la WV Arena à Istanbul ou à l’Urban Spree à Berlin pour proposer des « live visuels », toujours avec son appareil photo en bandoulière pour capturer les lumières et ambiances. Elle couple alors son amour pour les formes abstraites et géométriques à la dimension musicale qu’elle apprécie : techno, dub ou hip-hop, l’artiste apprend à adapter ses projections aux genres propres à chaque soirées.

Dans la même continuité mais en s’écartant de l’univers club et musical, Sophie devient aficionada du mapping, qui consiste à projeter des images sur des structures en reliefs, comme par exemple des monuments. « Je souhaite capturer la réalité, la transformer en la rendant abstraite et poétique ! », décrit Sophie lorsqu’elle parle de sa démarche créative. À force d’expériences et de connexions, Sophie intègre depuis cette année l’équipe organisatrice du Mapping Festival, pionnier en la matière.

Puisqu’elle affectionne aussi le tangible, Sophie choisit de pousser son travail immersif au-delà des écrans, notamment en participant à des installations 360°, comme celle qu’elle a réalisé avec le muraliste berlinois Robin Kowalewsky entre Berlin, Bruxelles et Genève, et avec lequel elle a fondé le Collectif ATRAP qui mêle la peinture à l’art du mapping.

Multiplier les arts et transmettre les techniques

Quand Sophie n’est pas en train de cogiter sur une nouvelle idée ou collaborer avec des amis, comme elle l’a fait tout récemment à La Petite Reine où elle a renouvelé les peintures murales, l’hyperactive anime aussi des workshops entre Paris et Genève, au Bureau Culturel pour apprendre à manier les logiciels de mapping comme Modul8 et Madmapper. Sophie propose aussi des ateliers pour les plus jeunes afin de manier la matière et de s’amuser tout en créant. Elle se nourrit de l’aspect pédagogique pour profiter de certaines pauses artistiques et créatives. 

Pour la suite de l’année 2020, Sophie ré-organise ses projets qui ont été pour certains repoussés. C’est le cas du spectacle Voyage Astral en collaboration avec la danseuse, chorégraphe et thérapeute Alessia Sacco Casadei, avec laquelle elle présentera une toute nouvelle performance audiovisuelle lors de la prochaine édition Lancy Lumière Festival. Une thématique qui l’intéresse tout particulièrement à la fois par la danse, mais aussi par celle du statut de la femme dans la société et dans le monde artistique, qui tient tout particulièrement à coeur à Sophie. 

En attendant de s’y plonger, on peut explorer son site Internet et se retrouver à City Color du 10 au 12 septembre prochain.

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