À la découverte de C’est déjà demain, envers et contre tout

La fête avait tout pour être des plus belles. Le festival de théâtre C’est déjà demain était censé se tenir du 13 au 17 avril conjointement au Loup, au Grütli, à Saint-Gervais et à L’Abri. Satané Covid oblige, les représentations publiques de cette neuvième édition ont dû être annulées, un sort qu’avait déjà connu l’événement l’année passée. Qu’à cela ne tienne : EPIC, partenaire du festival en cette saison particulière, t’emmène découvrir les pièces qui auraient dû se tenir devant tes yeux. Et qui se tiendront bel et bien un jour, on ne peut que l’espérer !

C’est déjà demain – CDD pour les intimes – est un festival d’arts vivants qui se démarque de par son originalité et sa volonté affirmée de promouvoir les jeunes talents. Le leitmotiv de la programmation est clair : faire découvrir au public genevois les créations d’artistes qui présentent premiers et deuxièmes projets, spectacles de fin d’étude et performances inédites. Tout en assumant sa dimension de défricheur, C’est déjà demain propose des créations de grande qualité, qui fourmillent toujours d’idées novatrices et de coups de génie. Cette année, EPIC aurait aimé pouvoir te faire vivre au jour le jour cet événement majeur de l’année théâtrale genevoise. Si la situation sanitaire en a décidé autrement, ton magazine culturel te proposera tout de même jusqu’à mi-avril articles, vidéos et un podcast mettant en avant les artistes de CDD. À noter également que le festival organise un forum en ligne ouvert au public. Il parlera de la diffusion de la jeune création le 17 avril prochain avec certain·e·s des artistes qui auraient dû se produire. Mais aujourd’hui, partons à la découverte d’une sélection de quatre pièces sur les onze que comptait la programmation !

Dio et ANAP, Médicalisation et rituels au Loup

Dio aurait dû se tenir les 13 et 14 avril au Théâtre du Loup.

Dio a tout d’un projet iconoclaste, dont la simple évocation nous plonge dans un univers décalé et fantasmagorique. Cette performance aurait dû se construire autour d’un texte, cru et brut, qui passe pour une réécriture du mythe de Dionysos librement inspirée de la pièce d’Euripide Les Bacchantes. C’est le collectif Anthropie qui se cache derrière ce projet aussi énigmatique qu’intriguant. Dio est une entité suprême arrivée récemment sur Terre et qui, par son énergie, a permis une insurrection cyborg « pour faire buger la réalité, glitcher le molotov et datamosher le soleil ». Ce vocabulaire anglicisé tiré du monde de l’informatique révèle une autre dimension de cette création : parfois montée sur scène, elle peut aussi se transformer en simulation VR. Envoûté·e·s, intrigué·e·s ? Nous le sommes aussi. Puisqu’une découverte de Dio ne pourra se faire en live, on te propose d’acquérir gratuitement le texte de la pièce et, pourquoi pas, de le disperser autour de toi !

ANAP, Médicalisation et rituels devait se jouer les 16 et 17 avril au Théâtre du Loup.

ANAP, Médicalisation et rituels est un projet qui s’inscrit dans la même veine expérimentale que Dio. Porté par la compagnie KavecS, la création est présentée comme « une expérience artistique participative dans les mondes des troubles psychosomatiques et biologico-politiques ». La volonté d’ANAP est, on le comprend aisément, d’amener une réflexion poussée sur le corps de la femme enceinte et son traitement au sein de la médecine. En pleine pandémie mondiale, quoi de plus intéressant que de se pencher sur la gouvernance des corps et la biopolitique qui, à l’heure du néolibéralisme, nous étouffe toujours un peu plus ? ANAP propose un regard inclusif sur la condition des femmes enceintes et sur les pratiques qui entourent la maternité. Un spectacle qu’il aurait évidemment été passionnant de découvrir en direct… D’ici à une prochaine programmation, tu peux en apprendre davantage sur le projet via le site de la compagnie !

On achève bien les oiseaux à Saint-Gervais et Zang Boum Tuut au Grütli

On achève bien les oiseaux était programmé du 13 au 17 avril au Théâtre Saint-Gervais.

On achève bien les chevaux, c’est ce mythique film de 1969 de Sydney Pollack avec Jane Fonda et Michael Sarrazin. Tu as oublié le pitch ou tu ne l’as jamais vu ? L’histoire se déroule pendant la Grande Dépression lors d’un marathon de danse. Gagner un concours de ce genre était le moyen idéal à l’époque pour de jeunes couples de remporter de fortes primes en plein marasme économique. Les comédiennes Sarah Calcine et Pauline Castelli sont parties de ce film pour imaginer leur pièce On achève bien les oiseaux. Les premières images semblaient prometteuses : une création à l’esthétique pop et rétro, décalée et scintillante à souhait, qui comptait dépoussiérer un classique du septième art. Avec, en filigrane, sans doute une habile réflexion sur l’absurdité de la condition humaine. Tout cela annonçait un beau moment de théâtre… que l’on aura, espérons-le, l’occasion de vivre prochainement !

Zang Boum Tuut devait être représenté du 12 au 14 avril au Théâtre du Grütli.

Dernière création de cette sélection, Zang Boum Tuut se laisse difficilement placer dans une catégorie définie. C’est la compagnie LaScam qui a monté cette surprenante pièce entre surréalisme et poésie. L’envie ? Explorer la voix, ses oscillations, ses variations de ton, sa manière bien à elle de distordre, détruire, déstructurer les mots. L’homme se définit par son utilisation du langage, mais également par sa capacité à jouer avec. Zang Boum Tuut nous invite à réexaminer notre perception de cette faculté extraordinaire qu’est l’expression orale. Nul doute que nous serions allé·e·s donner de la voix pour cette création étonnante. Nous sauterons dessus, dès que l’occasion se représentera !

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