Collectif Particules, un voyage de plastique au cœur de la Fureur

Lecture de "Cœur de plastique" par le collectif Particule à la Grange de Dorigny, @florentdaduron

Depuis quelques années, les collectifs littéraires s’emparent des librairies. À l’occasion de la Fureur de lire ce week-end, le collectif Particules nous a accordé un temps pour parler plastique et écriture.

Les tigres de la Fureur de lire s’attaquent aux rues de Genève depuis quelques semaines pour rassembler, entre ce jeudi et dimanche, une septantaine d’événements littéraires entre lectures, ateliers, rencontres et performances. Du 21 au 24 novembre se rencontreront des auteurs.trices confirmés.es et de jeunes collectifs dans une programmation chapeautée par la MRL (Maison de Rousseau et de la Littérature), le Cercle de la librairie et de l’Édition et les Bibliothèques municipales. Comme lors des éditions précédentes, le festival investit de nombreux lieux pour y faire entrer la littérature sous toutes ses formes. Cette année, c’est autour du Théâtre Pitoëff et du café-librairie Livresse que se déroulera le joyeux marathon littéraire, entre librairies, cafés, bibliothèques, théâtres et lieux inédits.

En se plongeant dans ces lieux inattendus, l’Ecole de danse de Genève a retenu notre attention. Dimanche 24 novembre se succèderont deux lectures à la rencontre de l’espace, la première avec Elisa Shua Dusapin et Marion Etienne entre corps et mots, et la deuxième par le jeune collectif Particules avec un voyage sur leur île composée entièrement de plastiques. EPIC-Magazine a rencontré ces cinq constituants élémentaires pour une discussion entre écriture à dix mains et lecture.

Votre collectif est tout jeune, qu’est-ce qui a motivé sa création ?  

Nous venons tous et toutes de l’Institut littéraire suisse, pas de la même volée, mais il a suffi d’un an pour nous donner envie d’écrire ensemble et de créer Particules en octobre 2018. Et pas seulement dans l’envie de projets littéraires à plusieurs, pour nous un collectif est surtout un groupe d’auteurs.trices se poussant les uns.es les autres dans la création. Nous sommes nos premiers.ères lecteur.trices, nos premiers.ères critiques. L’Institut nous a appris l’exercice des retours et regards critiques par la pratique des ateliers d’écriture, et donc d’une écriture dans l’échange et le dialogue. À la fin de notre cursus, nous avons voulu conserver ce processus de création entre amis.es. Mais ne nous cachons pas derrière tous ces arguments, c’est surtout le plaisir d’être ensemble et de parler bouquins à écrire ou à lire qui nous rassemble.

Vous êtes présents.es à la Fureur de lire pour une lecture, Cœur de plastique, en deux mots il s’agira de quoi ? 

Une île et ses habitants dérivent, c’est une île composée de déchets plastiques et des habitants comme nous ou plus vraiment puisqu’ils y vivent depuis trois générations. Du jour au lendemain, la dérive s’arrête, l’île a heurté un obstacle. On se rassemble, on discute : faut-il reprendre la dérive ou rester ? Vous verrez bien. 

Comme première création vous proposez une lecture mise en espace, pourquoi avoir choisi l’oral et la scène, et non le papier pour débuter ?  

À l’Institut nous écrivons beaucoup en solitaire et sur papier, c’est pourquoi nous étions curieux.euses de nous essayer à un format différent. Et comme deux d’entre nous avaient déjà participé à l’écriture d’une histoire dédiée uniquement à la scène — d’ailleurs cette lecture a été jouée lors de la dernière édition de la Fureur de lire — à cinq nous voulions réitérer l’expérience.

Votre lecture Cœur de plastique s’empare d’un thème très actuel, qu’est-ce qui vous a amené à écrire sur l’écologie et la terre ?

Nous voulions écrire sur un sujet qui nous tenait tous.tes à cœur, et celui de l’écologie s’est imposé tout naturellement. Nous avons des sensibilités différentes, des modes de vie différents, mais réfléchir à comment pourraient vivre des individus sur une île uniquement faite de plastique nous a tout de suite inspiré. C’est aussi à ce moment que certains.es d’entre nous avaient lu La Terre tremblante de Marie-Jeanne Urech, livre dans lequel des enfants habitent un continent en plastique. Le livre ne tourne pas autour de ces enfants, mais ce passage nous a aussi beaucoup parlé.

Nous avons récemment discuté avec les auteurs.trices de Stand-by au sujet de l’écriture collective, comment procédez-vous, avec Cœur de plastique ou d’autres projets ?

Il y a plusieurs étapes. Pour Cœur de Plastique nous avons commencé par construire l’univers, la façon de se répartir l’écriture, beaucoup discuté… Ensuite nous avons composé chacun.e un personnage et recommencé : discuter, réfléchir… On a avancé dans cette dynamique faite de mise en commun et de travail solitaire. Nous avons aussi eu la chance d’être coachés.es (mentorés.es) par Marie-Jeanne Urech, qui nous a aiguillés.es dans la mise en place du récit. Puis tous.tes ensemble, nous avons relu le texte, discutant jusqu’à certaines virgules… C’est aussi cela qui nous plaît : prendre le temps d’aller au cœur du texte, de le disséquer, de peser chaque phrase et d’en débattre en mangeant des spaghettis.

Pour la mise en scène, heureusement que nous avons pu bénéficier d’un regard extérieur : celui de Sarah Eltschinger. Elle a tout de suite compris ce que nous voulions, ce que nous sommes capables de faire.

Alors comment écrire à plusieurs ? Pour nous, avec beaucoup de plaisir, celui de nous retrouver, de refaire le monde et de se lancer des défis ! 

Comme vous l’évoquiez plus tôt, votre collectif n’est qu’à ses débuts puisqu’il n’a qu’un an, avez-vous déjà des envies ou projets pour la suite ? 

Nous aimerions revenir vers le format papier, en écrivant un polar à dix mains — ce projet est d’ailleurs en plein chantier. En parallèle, nous prenons aussi beaucoup de plaisir à relire Cœur de plastique, spectacle que nous aimerions présenter dans d’autres endroits ou festivals en Suisse.

Pour les découvrir avec Cœur de plastique, rendez-vous à 14h à L’imprimerie — école de danse de Genève dimanche 24 novembre. Et pour toutes autres envies de littérature ce week-end, direction la Fureur de lire.

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