Los Duendes, voyage entre folklore, jazz et classique

Marino Palma, pianiste et compositeur © Arthur Wollenweber

Los Duendes est un ensemble de neuf musiciens, un projet hybride, protéiforme, qui mélange les cultures et les genres musicaux. Cela s’entend dès le nom : Los Duendes ce sont d’un côté des lutins, des farfadets du folklore sud-américain. De l’autre, ça renvoie, en Espagne, à l’état de grâce qu’on tend à atteindre dans le théâtre ou le flamenco. Le vernissage du premier album de cette formation atypique aura lieu jeudi 31 octobre, à l’Abri. C’était une bonne occasion pour s’entretenir avec Marino Palma, pianiste, compositeur et porteur du projet.

Marino est franco-colombien, issu d’une famille de musiciens. Il commence le piano très jeune et se forme au classique à Paris, avant de se tourner vers le jazz et d’entrer à l’HEMU, la Haute École de Musique de Lausanne. Los Duendes est le premier projet dont il est le leader, mais vous l’avez déjà entendu avec Gaspard Sommer ou encore Erkalium. Marino avait justement envie de délaisser un temps ses synthétiseurs et de revenir aux sources, à la musique acoustique: « J’ai été très frappé, petit, par les symphonies de Mahler, et le courant impressionniste avec Ravel, par exemple. Mais j’ai aussi grandi en écoutant du folklore latin ! »

Il commence par réarranger une composition de son grand-père paternel dans le cadre de son travail de bachelor et se prend au jeu. « Avec ce projet, je me suis rendu compte que j’étais plus compositeur que pianiste », constate-t-il. Il se réjouit particulièrement de pouvoir écrire pour des musiciens dont il connaît les capacités et les singularités. « La sensibilité et la psychologie sont très importantes en composition. »

Anna Egholm et Léa Al-Saghir, violons
Axelle Bellone, alto

Le premier album de la formation est composé de cinq pièces originales, pensées comme une suite classique. Il a été enregistré en une seule journée au Jazz Campus de Bâle. Marino rêvait de ce lieu depuis qu’il y avait enregistré avec Gaspard Sommer. « On est tous partis de Lausanne en train le matin, avec les instruments. On était en studio de midi à 21h, donc c’était très sportif et fort en adrénaline. » Le challenge a été relevé avec brio. Autoproduit pour ne pas perdre de temps, Los Duendes sortira en CD ainsi qu’en format numérique. La pochette de l’album est signée Camille Bernard, une peintre « rencontrée par hasard en soirée à Paris » et dont l’art a tout de suite parlé à Marino. Il lui a demandé de donner son interprétation visuelle de l’album, ce qui a donné lieu à deux toiles originales. Elles sortiront en même temps que le disque, tirées chacune à vingt exemplaires – encore un exemple de dialogue et de mélange.

Musicalement, Los Duendes est donc un mélange de musiques folkloriques latino-américaines, de classique et de jazz, un métissage, et surtout l’occasion de rendre hommage à la musique traditionnelle colombienne, assez peu connue par ici à l’exception de la cumbia. Tout s’organise autour d’un quatuor à cordes (Anna Egholm, Léa Al-Saghir, Axelle Bellone et Anna Borkenhagen), auquel s’ajoutent un piano (Marino Palma), deux flutes (Thibault Martinet et Arthur Tanguy), une contrebasse (Matyas Szandai) et une guitare (Edwin Correia). A l’instar des compositions qu’ils interprètent, les neufs musiciens forment un ensemble hétéroclite ; ils ont entre 19 et 40 ans, parlent français, hongrois, danois, allemand, anglais, arabe, espagnol, portugais et russe, viennent autant du jazz que du classique. La formation est également paritaire, un fait suffisamment rare pour être souligné. « Les musiciennes m’ont dit qu’elles n’avaient pas l’impression que ça change quoi que ce soit, mais je pense que la dynamique de l’ensemble en bénéficie », glisse Marino, « car c’est encore trop peu courant dans le jazz ».

Thibault Martinet et Arthur Tanguy, flûtes
Anna Borkenhagen, violoncelle

Le vernissage du premier album éponyme de Los Duendes aura lieu ce jeudi 31 octobre, à l’Abri. En plus de ce premier opus, deux compositions inédites de Marino et une d’Edwin, le guitariste, au parcours similaire puisqu’il est franco-brésilien, seront jouées. « L’idée, c’est de danser ! » appuie Marino. Pour ce faire, la soirée continuera en musique, plus particulièrement en salsa colombienne, et il a invité Kelly Mota, qui donnera un workshop pour apprendre les pas de base à tout le monde. Et comme il aime particulièrement décloisonner, Marino a réalisé grâce à l’Abri où il était résident l’année passée une série de vidéos de présentation du projet et des musiciens en s’inspirant du format Konbini. « La communication autour de la musique classique ne peut toucher que les personnes qui en écoutent déjà. Il faut en sortir ! » Sortons des carcans et allons explorer de nouveaux horizons musicaux alors !

lien Facebook de l’événement

teaser du projet

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